Trésors du Mucem

Avril 2018

2017

Janvier 2018  Février 2018 Mars 2018 Avril 2018 Mai 2018 Juin 2018 Juillet 2018 Août 2018 Septembre 2018 Octobre 2018

Chaque mois, un membre de l’équipe de la conservation du Mucem est désigné pour sélectionner et travailler autour d'objets issus des collections présentés tous les dimanches à nos internautes sur la page Facebook du Mucem.

En avril, Camille Faucourt, chargée de mission pour la valorisation des dépôts nous propose sa sélection.


Dimanche 29 avril 2018


Paire de chaussons de danse classique à pointes © Mucem

Paire de chaussons de danse classique à pointes © Mucem

Paire de chaussons de danse classique à pointes
2007.110.1.1-2
chausson de danse. Campagne genre.
Merlet, Limoges
1995/ 2ème moitié du 20e siècle
Satin, cuir, métal, coton
Utilisé à Avignon
l. 7,8 cm ; L. 24,5 cm
Les chaussons de danse nommés « pointes » apparaissent pour la première fois aux pieds des ballerines dans la première moitié du XIXe siècle. Renforcés à leur extrémité, ils protègent les orteils de la danseuse tout en laissant la cheville libre et lui permettent donc d’effectuer les fameuses pointes indissociables des chorégraphies de ballets romantiques créés à partir des années 1830. L’allongement de la silhouette et la grâce toute aérienne conférés par les pointes à la danseuse sont alors particulièrement valorisés. En France, le développement de la technique est plus particulièrement lié aux noms de deux danseuses célèbres : Geneviève Gosselin, qui monte sur les pointes dès 1813 mais décède prématurément en 1818, et Marie Taglioni, qui marque durablement les esprits par son interprétation intégrale sur pointes du ballet « La Sylphide » en 1832.

Les chaussons qui sont alors portés par les ballerines n’ont pas la solidité des pointes modernes. D’abord renforcés par une simple couture à leur extrémité, ils sont ensuite munis de la « boîte » constituée de plusieurs couches de toile épaisse raide collées entre elles et parfois renforcées de carton. La « boîte » est aujourd’hui moulée dans un matériau synthétique, ce qui est le cas de cette paire de chaussons, tandis que des embouts en tissu ou en silicone permettent de protéger les orteils des frottements. L’ensemble de la structure est recouverte de satin rose renforcé en-dessous par une semelle en cuir. Viennent enfin s’y ajouter deux rubans de ganse rose qui permettent un bon maintien du pied et en évitent le déchaussement lors du passage de la demi-pointe.

La formation des jeunes ballerines amatrices introduit le port des chaussons renforcés et la réalisation des pointes à l’adolescence, vers douze ans. Bien que douloureuse, cette pratique est perçue comme un accomplissement pour les jeunes filles qui s’approprient par ce biais la beauté de la ballerine accomplie. L’apparition de tâches de sang sur les chaussons est souvent source de fierté. Cette expérience ambivalente, mêlant plaisir et douleur, renvoie symboliquement à l’entrée dans la puberté. Les chaussons peuvent donc être considérés comme des marqueurs matériels de la construction du genre féminin et du passage de l’enfance à l’adolescence à travers l’apprentissage de la danse. C’est d’ailleurs dans ce cadre qu’ils ont été acquis en 2007 lors de l’enquête-collecte « Mariage en Méditerranée » qui préfigurait l’exposition « Au bazar du genre, Féminin-Masculin en Méditerranée», présentée au Mucem en 2013-2014.

Dimanche 15 avril 2018


Maquette d’architecture, concours pour le Mucem J4 © Mucem

Maquette d’architecture, concours pour le Mucem J4 © Mucem

Maquette d’architecture, concours pour le Mucem J4
2017.42.4.1-2
France, 2002
Tod Williams et Billie Tsien
Bois, carton, plastique, fil électrique, métal, plexiglas, mousse
H. 22,9 cm ; l. 95,2 cm ; L. 114,1 cm
Le 10 novembre 2017, la commission d’acquisition du Mucem a choisi d’inscrire à l’inventaire du musée les huit projets architecturaux retenus dans la dernière phase du concours pour le bâtiment principal du musée, sur l’esplanade du J4. Lancé en 2002 par le Ministère de la Culture et de la Communication et l'Opérateur du Patrimoine et des Projets Immobiliers de la Culture, l’appel à projets avait originellement reçu 116 candidatures. Parmi les différentes équipes internationales finalistes, celle de Tod Williams et Billie Tsien, architectes new-yorkais, a terminé à la 4e place à l’issue des débats du jury en 2004.

La maquette du projet présente un bâtiment à l’emprise au sol rectangulaire, décomposé en volumes complexes à trois niveaux desservis par plusieurs rampes et escaliers. Afin de donner unicité et légèreté à l’ensemble, une résille métallique irrégulière entoure l’ensemble du bâtiment à la manière d’un ruban. Son motif ajouré n’est d’ailleurs pas sans rappeler l’actuelle résille du musée réalisée par Rudy Ricciotti. Sur la droite du bâtiment, une passerelle bordée sur sa gauche par un large parapet à rebord vient relier le bâtiment au fort Saint-Jean où elle repose sur un escalier-terrasse adossé à un bâtiment neuf de forme carrée.

Ce projet architectural non retenu constitue désormais un témoignage historique des premières années du Mucem alors en préfiguration. Comme l’ensemble des autres propositions finalistes, il est le fruit d’une réflexion artistique et personnelle d’un d’architecte autour d’un projet muséal inédit liant mer et terre et incarnant l’ouverture de Marseille au monde méditerranéen. Il vient ainsi enrichir les collections du secteur « histoire du musée », régulièrement présentées au public dans les salles du Mucem ou dans des institutions culturelles partenaires.

Dimanche 8 avril 2018


Plateau Algérie, XIXe-XXe siècle Cuivre, fil d'argent, fil de cuivre rouge © Mucem

Plateau Algérie, XIXe-XXe siècle Cuivre, fil d'argent, fil de cuivre rouge © Mucem

Plateau  
2003.15.1
Algérie
19e siècle-1ère moitié du 20e siècle
Cuivre, fil d’argent, fil de cuivre rouge
D. 36 cm
Ce plateau servait originellement à la présentation des mets, du thé ou du café lors de grands repas familiaux organisés à l’occasion de certaines fêtes juives.
Il a été collecté en 2003 en Algérie, à l’occasion de la campagne d’acquisition « Algérie-France » menée par le Mucem en amont de l’exposition « Parlez-moi d’Alger, Marseille-Alger au miroir des mémoires », qui s’est tenue au Fort Saint-Jean entre novembre 2003 et mars 2004.

Les différents motifs et techniques employés dans la réalisation du décor attestent des influences  métissées apportées en Algérie par les artisans étrangers nombreux à s’y installer au fil des siècles. Les apports ornementaux hérités des Maures d’Espagne, des Ottomans et des juifs livournais se retrouvent notamment dans la fine ciselure du cuivre, l’incrustation de fils métalliques colorés et le décor calligraphique et végétal entrelacé recouvrant l’ensemble de l’objet. Cette ornementation élaborée et somptueuse ne pouvait manquer d’impressionner favorablement les convives et contribuait à l’esprit festif du repas.
Ce plateau est présenté aux côtés d’autres objets (sacs pour châles de prière, aspersoirs, lampe, journal) ayant appartenu à des membres de la communauté juive d’Algérie dans la vitrine du Forum du J4, dans le cadre de la saison 2 du cycle « Algérie-France, la voix des objets ».

Dimanche 1er avril 2018


Rameau de pâques, Lituanie © Mucem

Rameau de pâques, Lituanie © Mucem

Rameau de pâques, Lituanie
Bois, éléments végétaux séchés et collés
4ème quart du 20e siècle (acquis en 1993)
H .118 cm ; L. 11 cm
DMH1993.33.1
Cet objet est un rameau de Pâques lituanien composé d’épis céréaliers et de fleurs séchées partiellement teintes et découpées qui ont ensuite été assemblées puis collées sur une tige de bois. Un soin particulier a été apporté à la composition qui joue sur l’alternance des couleurs ocre, rouge et violet et crée un motif de fin damier au centre.

Les matériaux constitutifs de ce rameau le distinguent des exemples français qui privilégient pour leur part le tressage de branches de laurier, de buis, de houx ou de palmiers. Les rameaux lituaniens, appelés verba, sont réalisés par des particuliers ou des artisans qui les vendent ensuite sur les places principales des villes au début du mois de mars, lors de la fête de Saint-Casimir, prince de Pologne et grand-duc de Lituanie au XVe siècle. Le plus important rassemblement d’artisans d’art populaire se tient ainsi tous les ans à Vilnius. Les Lituaniens y achètent les verba, considérés par beaucoup comme les plus beaux du pays, qu’ils emmèneront ensuite faire bénir à l’Eglise lors du dimanche des Rameaux, une semaine avant Pâques. Ensuite offerts aux proches ou exposés au domicile jusqu’à l’année suivante, les verba assurent symboliquement la protection de l’unité familiale.

Qu’ils soient en fleurs, en palmes ou en buis, les rameaux réalisés à travers toute l’Europe rappellent en effet l’entrée de Jésus dans Jérusalem et l’accueil triomphal que lui rendit la population de la ville en étendant manteaux et branches de palmier au sol sur son passage. Cet évènement marque le début de la Passion du Christ, commémorée par la Semaine Sainte dans le calendrier chrétien, et annonce la Résurrection à venir. Dès l’Antiquité classique, la palme est ainsi devenue un symbole de gloire et d’immortalité. Les rameaux de Pâques verdoyants et colorés en sont les incarnations modernes et symbolisent le renouveau de la vie, naturelle et humaine, à la sortie de l’hiver.
Ce rameau a été donné par un particulier au musée de l’Homme, en 1993. Déposé au Mucem en 2005, il est désormais conservé dans les réserves du Centre de Conservation et de Ressources, dans le quartier de la Belle-de-Mai.