Présentoir à mets, 1ère moitié 20e siècle, Egypte (Le Caire) ou Syrie. © Mucem

Présentoir à mets, 1ère moitié 20e siècle, Egypte (Le Caire) ou Syrie. © Mucem

Séminaire « Alimentation méditerranéenne » : analyses historiques et questionnement muséologique (2e session)

Colloques/Journées d'études/Formations

Depuis les premières domestications des plantes et des animaux à travers la naissance de l’agriculture et de l’élevage au Néolithique, l’alimentation méditerranéenne s’est enrichie d’apports venus d’autres continents. Ce mode d’alimentation est le produit d’une combinaison de plusieurs facteurs physiques et climatiques associés à de nombreux facteurs humains (guerres, famines, déplacements, etc.). Il s’accompagne d’une culture de consommation collective et ritualisée. 

La diète méditerranéenne a été inscrite au patrimoine immatériel de l’UNESCO en 2010. Aujourd’hui considérée comme un modèle d’alimentation saine en Occident, elle est aussi menacée en Méditerranée par la « malbouffe » : des mouvements issus de la société civile revendiquent ainsi la reprise en main de leur destin alimentaire et proposent des alternatives aux modes de production et de consommation actuels.

Séminaire organisé par Edouard de Laubrie (responsable du pôle Agriculture & Alimentation, chargé de collections et de recherches au Mucem) avec la coopération d’Emmanuelle Hellio (post-doctorante au Mucem, sociologue). En partenariat avec le Fonds Epicurien.

Lundi 19 mars 2018


9h-9h15

Accueil des participants.

9h15-9h30

Objectifs du séminaire pour la préparation de la future exposition semi-permanente du Mucem sur les systèmes alimentaires méditerranéens par Edouard de Laubrie.

9h30-9h45

Recherche de mécénat par Adrien Joly, responsable du service du développement des ressources au Mucem.

9h45-10h

Partenariat avec l’enseignement agricole public de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur par Agnès Dechy, directrice adjointe du Complexe Régional d'Information Pédagogique et Technique Provence-Alpes-Côte d'Azur (CRIPT PACA).

10h-11h15

Visite du futur lieu d’exposition, bâtiment J4, plateau 2, niveau 2.


11h15-13h

Atelier 1 : circulation des produits et des goûts en Méditerranée

Dès le Néolithique, les plantes et animaux domestiqués sont propagés par les groupes humains de l’Orient vers l’Occident. Le phénomène d’acclimatation s’accentue à chaque grande période depuis les premiers Empires transcontinentaux jusqu’à aujourd’hui. Chaque civilisation apporte sa contribution et enrichit les systèmes alimentaires méditerranéens. Le commerce de ces produits est également important, à des échelles variables, jusqu’à l’international développé déjà par les Phéniciens et les Grecs. Particulièrement significative est la culture de plantes venues des Amériques à partir de la fin du XVe siècle telle la patate douce offerte aux rois catholiques par Christophe Colomb. Ce mouvement s’effectue également dans l’autre sens, de la Méditerranée vers les Amériques avec le cas, par exemple, de la diffusion de la canne à sucre. Il s'agit déjà une certaine mondialisation alimentaire qui s’élabore au cours du temps. En plus des produits, les goûts aussi évoluent favorisant la consommation de certains aliments, associant, selon les périodes, des saveurs sucrées ou salées ou encore acides ou amères. Après l’Antiquité, les manuscrits arabes de médecine, de cuisine et de gastronomie, connaissent, dès le Xe siècle, un énorme succès en Occident avant que la cuisine italienne (au XVIe siècle) puis la cuisine française (au XVIIIe siècle) ne prennent le dessus sur les autres. A partir du XIXe siècle, les migrations définitives de populations de l’Europe et de la Méditerranée vers les nouveaux mondes (Amériques, Australie…) s’intensifient et apportent avec elles des habitudes culinaires (pizza, kebab…) qui vont progressivement se mondialiser. Parallèlement, le développement du tourisme de luxe contribue à créer des produits et des mets identitaires méditerranéens qui conquièrent les palais raffinés. Ces mouvements restent toujours d’actualité et sont aujourd’hui globalisés.


13h-14h15

Présentation du Fonds Epicurien Provence par Tatiana de Williencourt.

Déjeuner en commun mécéné par le Fonds Epicurien.


14h15-17h30

Atelier 2 : nourrir des populations sans cesse plus nombreuses en Méditerranée

Il faut exploiter les terroirs qui sont peu propices à l’agriculture et à l’élevage et surmonter les catastrophes naturelles qui peuvent survenir à tout moment. Il faut également trouver des solutions pour aménager les espaces ingrats, convertir des terres à l’agriculture, sélectionner les races et les espèces pour qu’elles soient adaptées à ces territoires. Après l’approvisionnement éventuel au marché, conserver les produits et constituer des réserves en cas de coup dur est alors vital. Viennent alors la préparation et la consommation des aliments dont la diversité et l’éventail des possibles est gigantesque. Les paramètres peuvent être la nourriture du quotidien et l’alimentation des fêtes, la part consacrée aux ingrédients domestiques ou à ceux venus de contrées lointaines, les moyens financiers importants qui permettent une approche gastronomique de mets raffinés, mais aussi l’art de les présenter et de les consommer. Les normes alimentaires peuvent interdire certains ingrédients, ou encourager la consommation de certains d’entre eux en fonction, par exemple, des calendriers et fêtes religieuses.


Mardi 20 mars 2018


9h15-9h30

Accueil des participants.


9h30-9h45

Présentation des publics de la Galerie de la Méditerranée par Cécile Dumoulin, chef du Département du développement culturel et des publics au Mucem


9h45-12h

Atelier 3 : période contemporaine et émergence du phénomène de la « diète méditerranéenne ».

C’est l’épidémiologiste américain Ancel Keys qui met en lumière un régime alimentaire méditerranéen dans les années 1970, que l’on appelle parfois « régime crétois », qui est caractérisé par une alimentation frugale, riche en céréales, en graisse végétale - par opposition à la graisse animale comme le beurre - et pauvre en viande. Ce système identifié, dit « méditerranéen », est devenu un modèle universel à suivre en raison notamment de la réduction importante des maladies cardiovasculaires qu’il provoque. Il fait aussi écho à une insécurité alimentaire croissante sur les produits issus de l’agro-industrie, aux problèmes de santé publique de plus en plus marqués dans les sociétés industrialisées, à une vraie inégalité d’accès à l’alimentation entre les différentes rives de la Méditerranée. Face à ces clivages, la société civile des pays riches se mobilise contre la mondialisation de la production et de la consommation alimentaires. En 2008, l’explosion du monde méditerranéen a pour origine une crise alimentaire, essentiellement située sur la rive Sud de la Méditerranée. En écho, l’UNESCO propose en 2010 une alternative pacifique autour des produits et de la commensalité méditerranéenne en classant la « diète méditerranéenne » au titre du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Ce classement n’a pas seulement une visée culturelle et pacifiste. Le secteur du tourisme compte bien profiter de la manne financière que pourrait lui procurer un tel label dans la promotion de lieux porteurs d'héritages culturels méditerranéens. L’industrie agro-alimentaire promeut également un label « produits Med Diet » qui lui permet d’engranger d’importants bénéfices. Malheureusement, les populations locales ne semblent que modérément tirer les bénéfices du label « diète méditerranéenne » et les inégalités entre les populations des différentes rives sont toujours présentes. Dans un contexte toujours mondialisé, où les populations urbaines ne cessent de croître et où les ressources s’amenuisent, quelles solutions expérimenter pour assurer à chacun, quelle que soit son implantation géographique, l'autosuffisance alimentaire ?


12h-13h30

Conclusions et déjeuner en commun mécéné par le Fonds Epicurien.

Intervenants

Leila Belhaj, université Ibn Tofaïl, Kinitra, Maroc.

Pascal Bergeret, directeur du Centre international des hautes études agronomiques méditerranéennes, Institut agronomique méditerranéen – Montpellier, (CIHEAM/IAM.M), Montpellier, France.

Stéphanie Bréhard, Maître de conférences, UMR 7209 Archéozoologie, archéobotanique : sociétés, pratiques et environnements, Muséum national d'Histoire naturelle - CNRS, Paris, France.

Georges Carantino, historien de l’alimentation, Paris, France.

Hana Chidiac, responsable de l’unité patrimoniale Afrique du Nord et Proche-Orient au Musée du Quai Branly, Paris, France

Julia Csergo, professeure au DEUT de l'ESG, Université du Québec à Montréal, associée à la Chaire du Canada en patrimoine urbain (en disponibilité de l'université Lyon 2), Montréal, Canada.

Agnès Dechy, directrice adjointe du Complexe Régional d'Information Pédagogique et Technique, Aix-Valabre

Cécile Dumoulin, chef du département du développement culturel et des publics, Mucem, Marseille, France.

Emmanuelle Hellio, post-doctorante, Mucem, Marseille, France

Adrien Joly, responsable du service du développement des ressources, Mucem, Marseille, France.

Louisa Karapidaki, Académie d’Athènes, Athènes, Grèce.

Hoda Kassatly, unité interdisciplinaire de recherche Mémoire, Centre d'Etudes sur le Monde Arabe Moderne CEMAM, Université Saint Joseph, Beyrouth, Liban.

Marinella Katsilieri, responsable scientifique, fondation culturelle « Les Routes de l’Olivier », UNESCO, Conseil de l’Europe, Kalamata, Grèce.

Sophie Marino, chargée de mission, Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts, Paris.

Antonio José Marques da Silva, Université de Coimbra, Fondation pour la Science et la Technologie, Coimbra, Portugal.

François-Xavier Medina, Unesco Chair « Food, culture and development », université ouverte de Catalogne, Barcelone, Espagne.

Merab Mikeladze, directeur-adjoint, Musée national de Tbilissi, Géorgie. 

Sonia Mlayah Hamzaoui, chargée de collections et de recherches à l'INP Tunisie, chargée de la communication internationale à ICOM Tunisie, Tunis, Tunisie. 

Marie-Josèphe Moncorgé, historienne de l’alimentation, Gigors, France.

Véronique Mure, botaniste et ingénieur en agronomie tropicale, « Botanique, jardins et paysages », Nîmes, France.

Mohamed Oubahli, spécialiste de l’histoire de l’alimentation dans le monde musulman et en Méditerranée, EHESS, Paris, France.

Giulia Roccabella, Curator of the Islamic Period, National Treasures Departement, Jerusalem, Israël.

Valeria Siniscalchi, maître de conférences de l'EHESS, Centre Norbert Élias, Marseille, France.

Laurence  Tilliard, Chef  du Service des collections, Département  du patrimoine  et des collections, Cité  de la céramique, Sèvres. France.

Yona Waksman, CNRS, UMR 5138 "Archéologie et Archéométrie", Maison de l'Orient et de la Méditerranée, Lyon, France.

Tatiana de Williencourt, Fonds épicurien – Provence, Marseille, France.

Tarifs

Entrée libre sur inscription à i2mp@mucem.org

Lieu Mucem, fort Saint-Jean— MucemLab
Horaires

Lundi 19 mars 2018  de 9h à 17h30 et mardi 20 mars de 9h15 à 13h30