• Sandra Dukić, Rađaj ! (« Enfante ! »), série « Les Conseils », 2006. Textile. Mucem © Sandra Dukić, photo : Mucem
    Sandra Dukić, Rađaj ! (« Enfante ! »), série « Les Conseils », 2006. Textile. Mucem © Sandra Dukić, photo : Mucem
  • Maternité de Zehra Dogan (née à Diyarbakir, Turquie, en 1989), peinture à la gouache sur papier kraft, 2016 © photo : Mucem / Marianne Kuhn
    Maternité de Zehra Dogan (née à Diyarbakir, Turquie, en 1989), peinture à la gouache sur papier kraft, 2016 © photo : Mucem / Marianne Kuhn
  • Tour d’abandon en bois, XIXème siècle © photo : Mucem / Christophe Fouin
    Tour d’abandon en bois, XIXème siècle © photo : Mucem / Christophe Fouin

Les Maternités de A à Z


Mucem, fort Saint-Jean— Salle des collections
| Du mercredi 17 mai 2023 au lundi 6 novembre 2023

  • A comme Annonciation, Aménorrhée, Avortement ou Adoption ? E comme Enfantement, Éducation, Émancipation ou Épuisement maternel ? Cet abécédaire détricote les lieux communs, de A à Z.

A comme « Annonciation », B comme « Berceau », C comme « Choix », D comme « Désir d’enfant »… L’exposition « Les Maternités de A à Z » déploie son abécédaire maternel en 26 lettres, composé à partir des collections du Mucem !

La maternité est un thème universel et originel. Nul besoin d’être mère pour en avoir une de référence, quel que soit son caractère, de la Madone à la daronne adorée. 

Toute maternité est singulière, et si le mot enceinte signifie aussi « délimitée » et « entourée », la maternité ne se laisse pas enfermer dans un glossaire. Elle désigne tantôt un état, tantôt un établissement, ou un type de représentation artistique fécond, celui de la mère à l’enfant. 

Comment une langue maternelle (ou pas) traduit-elle le désir et le choix de devenir mère (ou pas) ? Par quels termes et quelles œuvres exprimer l’infertilité, le renoncement, ou encore l’impensable : la perte d’un enfant ? La maternité évoque encore les figures de la belle-mère, de la grand-mère, de la mère absente, de la mater dolorosa, de la mère courage, de la mère indigne, de la mère nourricière… 

Entre le mystère de l’incarnation, le miracle de la naissance et la matérialité mouvante des muqueuses, cette exposition épèle les maternités dans leur pluralité à partir des collections du Mucem. Que racontent aujourd’hui ces objets des sociétés qui les ont produits ? Que nous disent ces maternités des statuts, des voix et des ventres des femmes ? 

Notre abécédaire détricote les lieux communs de A à Z.

 
Commissaire :

Caroline Chenu, chargée de recherche et de collections, Mucem
 
Avec le soutien des Amis du Mucem

Logo Les Amis du Mucem

Entretien avec Caroline Chenu, commissaire de l'exposition

 
Mucem (M.)

Pourquoi avez-vous choisi de vous intéresser au thème des « maternités » pour cette nouvelle exposition sous forme d’abécédaire ?

Caroline Chenu (C.C.)

Ce projet d’exposition m’est venu de Marseille. Une ville accueillante, maternelle… Marseille accueille en son sein les enfants de tous les horizons. Marseille, c’est aussi la ville d’Albert Cohen, l’auteur du Livre de ma mère, qui avait d’ailleurs rencontré Marcel Pagnol au lycée Thiers, bien avant que ce dernier n’écrive Le Château de ma mère ! Enfin, Marseille est placée sous le haut patronage de la Bonne Mère – Notre Dame de la Garde – que l’on peut voir depuis l’entrée de la salle d’exposition ; située sur le point le plus élevé du fort Saint-Jean.

 

M.

Quel est le propos de cette exposition ?

C.C.

L’exposition évoque « les maternités » au pluriel, car la maternité est une expérience très subjective, qu’on ne peut essentialiser. Mais attention, il ne s’agit pas d’une exposition de puériculture. Nous proposons plutôt d’explorer le rapport des femmes à la maternité, leur ressenti. Et celui des non-mères, aussi. Le droit à l’avortement, conquête nouvelle dans l’histoire des femmes, est remis en question en maints endroits du monde. Des discours de politiques natalistes ressurgissent (en lien avec la question des retraites), tandis que de plus en plus de jeunes femmes déclarent ne pas vouloir d’enfant (cette vision n’est plus considérée comme égoïste, mais au contraire comme généreuse, à l’ère anthropocène).
Par ailleurs, cette exposition aborde en creux les questions contemporaines que les collections du Mucem n’illustrent pas. Elle est la première réalisation d’un projet autour des « Maternités en Méditerranée » qui donnera lieu à une collecte d’œuvres, d’objets et d’histoires, afin de témoigner de ce qui se noue et se dénoue actuellement et pour l’avenir dans nos sociétés autour de ces questions relevant à la fois de la vie intime et des affaires publiques : parentalité, génétique, bioéthique, démographie, éducation, mais aussi statuts des soignants, et surtout, place des femmes.

 

M.

Au sein de votre sélection, quels sont à vos yeux les objets les plus remarquables ?

C.C.

Parmi les objets qui me touchent, je citerais les créations d’artistes contemporaines : Sandra Dukic pour l’ex-Yougoslavie, et Zehra Dogan, jeune Kurde qui peignait en prison avec les moyens du bord : du sang de menstruation.
À la lettre W comme « Wunsch » (« souhait », en Allemand) sont présentées des lettres de baptême alsaciennes, une spécificité locale. Ce sont des manuscrits originaux avec une très belle calligraphie gothique. Ces lettres entouraient une médaille remise au nouveau-né ; elles étaient écrites par les parrains et marraines, parents de substitution en cas de disparition. Ces objets posent ainsi la question de l’adoption.