Livre - Héros populaires

La première partie du livre est consacrée à l’héroïsme chevaleresque. Domaine d’excellence des « Grands », les héros sont alors des rois ou des chevaliers (Charlemagne ou Roland, Lancelot ou le roi Arthur) qui subliment leur fonction. Champions de la foi conquérante, les preux, les paladins, les croisés, les chevaliers de la Table ronde passent de l’amour de Dieu à l’amour mystique de la Dame et exaltent la fidélité comme vertu majeure. Ils incarnent un style de vie fondé sur l’aventure ou l’errance, dans un univers sans limite, orienté par la quête incessante de l’Absolu. Toutefois, dès la fin du Moyen Age, l’expérience de l’écart entre idéal et réalité et surtout l’affaiblissement de la foi font surgir des héros assaillis par le doute, condamnés à jouer avec la mort et à provoquer Dieu (Don Juan, Faust). La seconde partie du livre, en opposition avec la première, vise à montrer comment l’antihéroïsme des « petits », né de l’inversion carnavalesque (le monde à l’envers), se transforme en un autre héroïsme fait d’astuces et de ruses, de culot et de brio, de panache et d’insolence... chez des personnages désormais non dépourvus d’humour. Mais le retour héroï-comique du « capitaine », et le rajeunissement jusqu’à l’enfance des héros (Till l’espiègle, Pinocchio), amorcent une réorientation vers le sérieux. La troisième partie valorise, à partir de figures réelles ou imaginaires de découvreurs ou d’aventuriers (Christophe Colomb, Robinson Crusoë), l’héroïsme humaniste moderne - révolutionnaire, identitaire ou audacieusement novateur - avec ses grandeurs, ses manipulations, ses catastrophes et ses résurgences. Le propos s’achève sur le tableau hétéroclite de l’héroïsme mondialisé contemporain, aux limites de la sainteté et du star system (Guitar heroe).