Livre - Cowboys, clowns et toreros

394.7 SAU

Description

Livre

Berg international

Saumade Frédéric

Maudet Jean-Baptiste 1976 - ...

Presentation materielle : 1 vol. (343 p.)

Dimensions : 24 cm

L’origine hispanique et tauromachique du rodéo est inavouable au pays des cowboys. Elle se laisse pourtant déceler dans ce spectacle d’arènes américain qui représente le drame d’une nation nécessairement confrontée à l’altérité, car vouée à s’établir sur les terres de ses ennemis – Indiens, Mexicains – et à se recomposer sans cesse par l’immigration. Produit de cette contradiction, le rodéo conjugue l’affirmation des valeurs patriotiques étasuniennes et un véritable sensationnalisme tauromachique qui en transgresse les frontières. Deux acteurs de l’arène sont les agents de cette subversion : le taureau, incarnation d’une hispanité refoulée, qui secoue le héros de l’Ouest comme un pantin, et le clown-torero chargé de porter secours au cowboy en détresse. Ce personnage étrange, qui associe le tragique de la tauromachie, le burlesque américain et la bouffonnerie rituelle des Amérindiens, est le rejeton hybride de civilisations ibéro-américaine et anglo-américaine opposées et pourtant inéluctablement associées aux États-Unis, de nos jours plus que jamais. L’ambiguïté structurelle du rodéo est la matrice de versions alternatives du jeu d’arènes et de l’élevage qui trouvent leur territoire privilégié en Californie, où les communautés mexicaines, amérindiennes, afro-américaines, portugaises et même homosexuelles organisent des spectacles oscillant entre rodéo identitaire et corrida sans effusion de sang. Dans cet état, aussi bien marqué par la présence hispanique, du fait de son histoire et de sa position frontalière, que par les idéaux du show business et de la protection animale, la conjonction du rodéo et de la tauromachie a engendré une sorte de néo-folklore dont l’ethnologie doit rendre compte. Mais au-delà de sa singularité, l’étude de cas proposée ici ouvre la perspective sur l’analyse des réseaux et rivalités intercommunautaires qui font l’unité paradoxale de la nation américaine. Celle-ci, généralement considérée comme le pôle dominant de la mondialisation, de la culture de masse et de l’homogénéisation des comportements par le marché, révélerait plutôt en l’occurrence, par les mêmes ressorts économiques et médiatiques, son caractère indéfiniment réversible, propice à l’expression des cultures marginalisées. Résultat d’une enquête sur le terrain totalement inédite, financée par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR), cet ouvrage combine géographie culturelle, ethnographie multi-située, anthropologie sociale et théorie du spectacle. Frédéric Saumade est professeur d’anthropologie à l’Université d’Aix-Marseille et membre de l’Institut d’ethnologie méditerranéenne, européenne et comparative (Unité mixte de recherche CNRS-Université d’Aix-Marseille). Jean-Baptiste Maudet est maître de conférences en géographie à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour, et membre du laboratoire Société, Environnement, Territoire (Unité mixte de recherche CNRS - Université de Pau et des Pays de l’Adour).

Bibliogr. p. 331-339. Notes bibliogr. en bas de pages