Livre - Musicologie et Occupation

780 IGL

Description

Livre

Maison des sciences de l'homme

Iglesias Sara 1979 - ...

Wieviorka Annette 1948 - ...

Presentation materielle : 1 vol. (454 p.)

Dimensions : 23 cm

« La nuit tout est possible », écrit Vladimir Jankélévitch dans son étude sur Le Nocturne publiée dans la clandestinité en 1942… Pris au cœur de l'Occupation, entre débrouille et engagement politique, entre les difficultés matérielles du quotidien et le luxe des manifestations musicales de la collaboration, les musicologues français vivent et survivent à la tourmente – persécutés, marginalisés, surveillés pour les uns, impliqués pleinement dans la propagande pétainiste ou collaborationniste pour d'autres. Mais dans ce tableau de la musicologie des « années noires » dominent de fait les zones grises des ambiguïtés, des hésitations, des contraintes et des jeux de pouvoir. La musique est au centre des politiques culturelles française et allemande et les musicologues y ont leur rôle à jouer. Du premier élan pétainiste du « relèvement » de la nation aux règlements de compte de l'épuration en passant par la Résistance ou les grands projet de la collaboration culturelle, les musicologues comme Paul-Marie Masson, André Schaeffner, Jacques Chailley, Claudie Marcel-Dubois ou Norbert Dufourcq mobilisent ainsi la musique pour des causes politiques différentes. Au travers de nombreuses archives françaises et allemandes et par une analyse méticuleuse des publications musicologiques, Sara Iglesias questionne au fil d’exemples précis l’idée de l’autonomie des sciences humaines et apporte de nouveaux éclairages sur l’histoire culturelle de la France occupée. Sara Iglesias est docteure de musicologie (Ecole des hautes études en sciences sociales/Humboldt-Universität zu Berlin). Lectrice et traductrice dans l’édition scientifique française et allemande, elle est l’auteure de plusieurs articles sur l’histoire sociale de la musique au vingtième siècle et a codirigé entre autres les recueils Le son des rouages (Delatour 2011) et Musiques – contextes – savoirs (Lang 2012).

Prélude, Annette Wieviorka, p. 5 Remerciements, p. 7 Sommaire, p. 9 Abréviations, p. 11 Introduction, p. 13 PARTIE I : LA MUSICOLOGIE ET SES PUBLICATIONS : ENTRE AUTONOMIE ET HETERONOMIE 1. Qu'est-ce qu'un musicologue français en 1940 ?, p. 39 1.1 L'autodéfinition par l'objet 1.2 Un « métier » d'élite 1.3 Thèmes et méthodes 1.4 Une topographie institutionnelle en mouvement 2. Les ouvrages sur la musique, p. 53 2.1 L'édition comme outil politique : censure, contrôle, propagande 2.1.1 Systèmes du contrôle 2.1.2 Le secteur musical comme espace de liberté ? 2.1.3 Un marché solide 2.2 Continuité des contenus et méthodes 2.2.1 Rejet consensuel de la musicologie national-socialiste 2.2.2 De rares prises de position 2.2.3 Des publications à vocation apolitique 3. Les périodiques musicaux, p. 77 3.1 Les revues sous l'Occupation : sabordages, continuités, contrôles camouflés 3.2 La presse musicale bouleversée 3.3 Les Rapports et Communications de la SFM : tradition et débrouille 3.3.1 Conditions matérielles 3.3.2 Pour une musicologie apolitique ? 4. Lectures politiques, p. 93 4.1 Des biographies collaborationnistes ? Landormy et Pourtalès 4.1.1 Des auteurs bien choisis 4.1.2 Pour l'entente franco-allemande 4.2 Des histoires subversives ? Dufourcq et Landormy 4.2.1 Petite histoire de la musique en Europe 4.2.2 La musique française après Debussy PARTIE II : LA MUSIQUE AU SERVICE DE LA NATION 5. La musique pour le nouvel État, p. 113 5.1 « Entretenir la flamme sacrée » : retour à la normale et mobilisation 5.1.1 Dans l'enseignement supérieur, retour difficile à la routine 5.1.2 Parenthèse : Paul-Marie Masson, acteur central de la musicologie française 5.1.3 À la SFM, doutes passagers et retour à la stabilité 5.1.4 Parenthèse : Marie-Louise Pereyra, une trajectoire individuelle au sein de la SFM 5.1.5 Le relèvement 5.2 L'éducation patriotique 5.2.1 Racines d'avant-guerre : critiques musicologiques du système éducatif 5.2.2 La vulgarisation : la musicologie pour le peuple 5.2.3 Pour une jeunesse rénovée 5.3 Le Comité Cortot : la musicologie dans la réorganisation étatique du milieu musical 5.3.1 Le projet politique de Cortot 5.3.2 Les musicologues experts au service de l'État technocrate 6. Imaginer la musique française : affirmations du national, p. 153 6.1 Réinventer le peuple : le folklore musical 6.1.1 Le musée des Arts et Traditions Populaires, principal foyer du folklore 6.1.2 « La terre, elle, ne ment pas » : le vrai peuple, la vraie musique populaire 6.1.3 La musique nationale pour la Révolution nationale 6.2 L'idéal classique 6.2.1 « Le classique » – un concept idéologique 6.2.2 Le « classique à la française » : vers un paradigme national 6.3 Figures de Debussy 6.3.1 Debussy patriote, sauveur de la France 6.3.2 La fusion franco-allemande : Debussy dans le discours collaborationniste 6.3.3 L'anti-Wagner libérateur : Debussy résistant 7. L'autre nation : subversion et résistance, p. 195 7.1 Résistances 7.1.1 Une définition difficile et l'éloquence problématique des sources 7.1.2 Des engagements divers et isolés 7.1.3 André Schaeffner, Gilbert Rouget et le réseau du musée de l'Homme 7.2 Les Concerts de la Pléiade, déconstruction d'un mythe de résistance 7.2.1 Genèse et concept 7.2.2 Le programme : affirmer la tradition française 7.2.3 Un événement subversif ? PARTIE III : PRESENCES ALLEMANDES 8. Musicologie allemande et musicologie française : échanges et collaborations scientifiques, p. 229 8.1 Retour sur un conflit historique 8.1.1 La musicologie en guerre : les fondations nationalistes de la Société française de musicologie 8.1.2 L'impossible modèle allemand 8.2 Échanges scientifiques ? Diffusion de la musicologie allemande 8.2.1 Les conférences de l'Institut allemand et Heinrich Strobel 8.2.2 La traduction, un véhicule de propagande 8.2.3 Un transfert unidirectionnel éphémère 9. Les bibliothèques musicales parisiennes sous influence allemande, p. 255 9.1 Un grand projet politique : la réorganisation des bibliothèques musicales et le Département de la musique 9.1.1 Un personnage-clé : Guillaume de Van, nouveau prince et « usurpateur » de la musicologie française 9.1.2 Changements de politique et bouleversements violents 9.2 Les musicologues allemands dans les bibliothèques musicales parisiennes 9.2.1 Le Sonderstab Musik dans les bibliothèques 9.2.2 Provocations, collaborations, contraintes 9.3 Au service de la collaboration : les Concerts de la Bibliothèque nationale 9.4 Polémiques et désolidarisations 9.4.1 Soutiens et oppositions du milieu musicologique 9.4.2 Une nomination controversée 9.4.3 Fin d'une carrière politique 10. « Définitivement aimée au-dessus des contingences » : musique allemande, musique européenne, p. 293 10.1 La musique allemande dans Paris occupé 10.1.1 Propagande politique, réception apolitique ? 10.1.2 La sociabilité musicale franco-allemande, lieu de la collaboration 10.2 La musique de l'Europe nouvelle 10.2.1 « L’Europe nouvelle » 10.2.2 L’universalisme supranational – l’Europe à l’allemande 10.3 Mozart, emblème de l’Europe nouvelle 10.3.1 La collaboration européenne en musicologie : les festivités Mozart de 1941 10.3.2 Synthèse et couronnement : le génie « européen » et allemand de Mozart 10.4 Le « romantisme européen » 10.4.1 Politiques du romantisme 10.4.2 Germania, alma parens. Beethoven – Berlioz – Wagner, une filiation ?32410.4.3 Repenser l’Europe PARTIE IV : ÉPILOGUE 11. Chasser les ombres, p. 341 11.1 Juger les musicologues : l’épuration 11.1.1 Épurateurs, « épurables », épurés 11.1.2 Marges d’interprétation 11.2 Sortir de l’Occupation 11.2.1 Continuités fragiles 11.2.2 (Ré)interpréter une ambiguïté gênante Politiques de l’apolitique, p. 368 Sources, p. 377 Bibliographie, p. 391 Annexes, p. 411 Index, p.433 Table des matières, p. 449

Bibliogr. p. 377-418. Index