Livre - Juger les fous au Moyen Âge

944 TER

95-Domont : Dupli-print

Description

Livre

Presses universitaires de France

Ternon Maud

Presentation materielle : 1 vol. (274 p.)

Dimensions : 22 cm

Les tribunaux royaux, aux derniers siècles du Moyen Age, ont jugé les fous. Revêtant différents visages mais toujours décrite comme un trouble naturel, la folie soulève des questions fondamentales dans la sphère judiciaire. Peut-on juger les fous ? Au pénal, les juges s’interrogent et font preuve d’un puissant réflexe de compassion à l’égard des déments. Cela n’empêche pas les familles de chercher à se protéger de la violence des fous les plus agités, qui vivent reclus à domicile et peuvent être entravés par des chaînes. Elles n’ont recours aux tribunaux qu’en cas de problème grave. Au civil, la folie peut menacer le patrimoine familial, ce qui entraîne une tout autre forme d’intervention. Le trouble mental est alors associé à la prodigalité, la dilapidation des héritages. Les magistrats appliquent de nouvelles procédures sur le modèle romain de la curatelle et de l’interdiction, qui viennent remplacer les coutumes de la garde et du bail. Quant au roi, « fontaine de justice » et personne sacrée, n’est-il pas censé protéger les faibles et parmi eux les fous ? En fait, l’ingérence des juges royaux dans ces affaires familiales se fait au cas par cas, rétablissant l’ordre dans le lignage et sur la place publique. Ancienne élève de l’École normale supérieure de Lyon, professeur agrégé d’histoire, Maud Ternon a soutenu en 2014 à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne sous la direction de Claude Gauvard et Patrick Gilli une thèse de doctorat sur le traitement judiciaire de la folie à la fin du Moyen Age.

Remerciements, V Abréviations, VII INTRODUCTION, p. 1 CHAPITRE I – SIGNA FURORIS. DÉCRIRE ET PROUVER LA FOLIE, p. 19 1. CRISES DE DÉMENCE, p. 19 Fous furieux : violences et délires du fou, p. 20 L'imprécision de la doctrine juridique, p. 20 Le fou agressif des lettres de rémission, p. 22 Divagation, dépouillement, délire : des manifestations complémentaires, p. 24 Variation sur le thème de la démence, p. 27 Un lexique varié pour une conception univoque : la situation du droit, p. 27 Portraits de fous en situation, p. 29 Un tableau de démence sénile : le cas de Jean de Bourgogne (1490), p. 34 2. MODALITÉS DE LA MALADIE MENTALE EN CONTEXTE JURIDICO-JUDICIAIRE, p. 37 Intermittences de la folie, p. 37 Le temps long de la démence, p. 37 Les intervalles de lucidité, p. 39 Genèses du trouble mental, p. 41 Maladies et autres traumatismes, p. 41 Jeunes idiots, vieillards séniles, p. 44 Folie naturelle, folie surnaturelle ?, p. 46 Visions surnaturelles au début du XIe siècle, p. 47 Possédés, ensorcelés : le surnaturel en question, p. 50 3. PROUVER LA FOLIE, p. 55 Preuves de folie, p. 55 La gamme des modalités probatoires, p. 55 Les meilleurs témoins de la folie, p. 57 Enquête française, enquêtes anglaises, p. 60 Une approche non expertale, p. 63 Médecins et notaires : des témoins « plus experts », p. 63 Reconnaître la folie : décryptage ou sens commun, p. 70 CHAPITRE II – FOUS ET PRODIGUES DEVANT LES JURIDICTIONS CIVILES, p. 75 1. L’ÉTROITE ASSOCIATION DE LA FOLIE ET DE LA PRODIGALITÉ, p. 75 Des racines communes, p. 75 Folie et prodigalité, un motif juridique, p. 76 Folie et prodigalité, un motif moral et politique, p. 79 Folie et prodigalité en procès : arguments de plaideurs, p. 83 Ancelin de Maffontaine, 1368 : escroquerie ou reconnaissance du service rendu, p. 85 Denis de Paillent, 1408 : dissipateur ou rebelle, p. 89 Anne Vert, 1425 : une veuve face à son fils, p. 96 2. LA PROGRESSION DE LA CURATELLE ET DE L'INTERDICTION DANS LA JURIS-PRUDENCE TARDO-MEDIÉVALE, p. 104 La diffusion médiévale de la curatelle des adultes incapables, p. 104 Le tournant de la fin du XIIe siècle, p. 107 La persistance des usages non romains jusqu'au début du siècle, p. 113 Mises en curatelle avec ou sans interdiction : des pratiques différenciées au Châtelet et au Parlement, p. 117 L'interdiction des prodigues, p. 120 La diffusion de l'interdiction dès la seconde moitié du XIIIe siècle, p. 120 La publication judiciaire de l'interdiction, p. 125 CHAPITRE III – POUVOIRS FAMILIAUX, POUVOIRS PUBLICS DANS L'ORGANISATION DE LA CURATELLE ET DE L'INTERDICTION, p. 131 1. LE JUGE AU SERVICE DES FAMILLES, p. 131 Romanisation du droit, judiciarisation des pratiques, p. 131 La progression des formalités judiciaires, p. 132 Les résistances à la judiciarisation de la vie familiale, p. 136 La parenté, maîtresse de la procédure, p. 140 Saisir le juge, p. 141 Les « amis charnels », témoins à l'appui de la requête au Chatelet, p. 142 Nomination du curateur : le rôle des proches parents, p. 144 2. USAGES DE LA CURATELLE ET DE L'INTERDICTION PAR LES POUVOIRS PUBLICS, p. 148 Une diversité d'acteurs, p. 149 La position privilégiée du roi anglais par rapport au roi français, p. 149 La garde seigneuriale des déments dans la coutume du Beauvaisis, p. 154 L'attitude volontariste de certaines municipalités, p. 156 Le silence des cours d'Église, p. 159 Usages politiques de la démence, p. 162 Le motif de l'incapacité civile de Charles VI dans le débat politique, p. 162 La mise en curatelle de Jean II, comte de Forez (1368), p. 163 La mise en curatelle de Charles d'Armagnac (1484), p. 165 CHAPITRE IV – FOUS A LIER. LE JUGEMENT DE LA FOLIE CRIMINELLE, p. 173 1. DES CRIMES D'UNE RARE VIOLENCE, p. 173 Tuer son conjoint ou son proche parent, p. 174 Tuer son enfant, p. 175 Se tuer, p. 178 2. LE JUGE FACE AU CRIMINEL FOU, p. 181 Mitigation de la peine ou non-imputabilité ?, p. 181 Principes juridiques et moraux du droit savant, p. 181 Mitigation de la peine : l'approche pragmatique de la coutume, p. 184 Impossibilité du procès et arbitraire du juge, p. 187 Le procès évité, le procès impossible, p. 188 Jugements rendus contre des fous : les motivations des juges, p. 191 Le jugement des cas limites : folie superveniens, lèse-majesté, p. 195 Le criminel qui devient fou, p. 195 Le fou coupable de lèse-majesté, p. 198 3. FAIRE BONNE GARDE : LA RESPONSABILITÉ PÉNALE DES PROCHES PARENTS, p. 200 Tenir enfermé et lié le fou dangereux, p. 201 Mauvaise garde : une inculpation peu fréquente, p. 206 Guérir la folie : le pèlerinage préféré au médecin, p. 209 4. PRISON PUBLIQUE ET GARDE FAMILIALE : LE PARTAGE DES RÔLES, p. 213 L'octroi d'autorisations de lier et enfermer le dément, p. 215 La prison pour les fous : les raisons d'un usage rare, p. 218 Des hôpitaux spécifiques pour les fous ?, p. 225 CONCLUSION, p. 229 DOCUMENTS INÉDITS, p. 235 SOURCES, p. 251 BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE, p. 263

Texte remanié de : Thèse de doctorat : Histoire médiévale : Paris 1 : 2014 : Furieux et de petit gouvernement : formes et usages judiciaires de la folie dans les juridictions royales en France, du milieu du XIIIème siècle à la fin du XVème siècle. - En appendice, textes en latin traduits en français et textes en français moyen. - Prix Jean Favier, Société des amis des archives de France. - Sources et bibliogr. p. [251]-270. Notes bibliogr.