Livre - Violence et religions

260 COM

Description

Livre

Communio

Presentation materielle : 1 vol. (186 p.)

Dimensions : 22 cm

Comme l’indique ce titre au pluriel, Violence et religions, nous étudions des religions concrètes, celles dont l’histoire nous raconte le développement. Nous avons voulu éviter des considérations générales sur des notions comme « la religiosité », « le sentiment religieux », ou « l’expérience religieuse », qui manquent d’un ancrage historique. Nous avons préféré envisager ce que l’histoire, proche ou lointaine, nous apprend sur la présence de la violence dans les religions, et du religieux dans les phénomènes de violence.

Éditorial, p. 7 BRAGUE Rémi, Violence et religions, p. 11 Lorsque l’on s’interroge sur le lien entre religion et violence, quelques distinctions élémentaires sont indispensables: éviter d’isoler le facteur religieux parmi d’autres sources de violence, ne pas mettre sur le même plan diverses formes de religion, et distinguer entre les religions et leurs adeptes. PRADES LOPEZ Javier M., Le moment monothéiste en un temps de violence, p. 19 Si les guerres de Religion ont alimenté le préjugé qui fait du monothéisme un facteur de violence, l’itinéraire du christianisme – qui contemple le Fils de Dieu mourant innocent sur la croix – met en lumière l’adieu irréversible à la violence commise au nom de Dieu. S’appuyant sur les travaux de la Commission Théologique Internationale, l’auteur espère qu’un temps nouveau est arrivé, permettant ainsi une confrontation paisible et féconde pour le dialogue interreligieux. SCHWIENHORST-SCHÖNBERGER Ludger, Pas de vérité sans violence ? Dialogue avec Jan Assmann, p. 33 L’auteur discute la thèse de l’égyptologue Jan Assmann selon laquelle le monothéisme serait, sinon intrinsèquement violent, du moins porteur d’une violence possible. Or si la rupture mosaïque a le mérite d’introduire une exigence plus ferme de vérité et de justice, il n’est pas certain qu’elle résume à elle seule la Révélation. L’élan mystique du christianisme, par sa dimension englobante et unitive, permet aussi d’intégrer plus justement ce que la rupture monothéiste semblait avoir perdu. CAVANAUGH William T., Une histoire trop bien connue pour être vraie - Le mythe girardien des guerres de religion, p. 49 L’État laïc est-il vraiment ce qui a permis de mettre fin aux guerres entre catholiques et protestants aux XVIe et XVIIe siècles et donc aux conflits attisés par la religion ? L’histoire montre au contraire que, selon un processus dévoilé par René Girard, la sécularisation a transformé le christianisme en bouc émissaire pour imposer sa propre intransigeance en revendiquant le monopole de la rationalité. C’est ce mensonge qui suscite aujourd’hui les réactions fondamentalistes. Ce n’est pas moins de religion qu’il faut désormais, mais la vraie religion : celle du Dieu non-violent et miséricordieux. CHALINE Olivier, Guerre(s) et religion(s) – Quelques repères dans un champ de mines, p. 61 La notion de « guerre de Religion » est le vecteur d’un triple réquisitoire: contre le catholicisme, contre le christianisme, contre toute foi religieuse. Sans doute faut-il l’écarter pour mieux saisir les réalités historiques qu’elle est censée désigner. Réduire les enjeux religieux à des questions politiques n’est pas la meilleure manière de les appréhender et il ne faut pas manquer de rendre à César celles des violences qui lui sont imputables. PAVIOT Jacques, La croisade, p. 79 L’histoire de la croisade se déploie sur près de deux siècles : conçue, au départ, comme guerre pour la défense de la papauté avec récompenses spirituelles et pèlerinage, puis lutte de la papauté contre ses ennemis de l’Europe et contre les Turcs, la croisade devint pèlerinage armé au secours des chrétiens orientaux, et apparut alors comme guerre pontificale juste. Ce mouvement occidental, spirituel et militaire fut, par la prise de Constantinople, le déclencheur du divorce entre chrétienté latine et orthodoxe. SCHEUER Jacques, Monothéisme et violence au regard de l’hindouisme et du bouddhisme, p. 91 L’Occident rêve parfois de trouver dans les cultures non monothéistes inspirées de l’hindouisme ou du bouddhisme une forme idéale de non-violence. Or, si elles s’exercent à la maitrise du corps et de l’esprit, ces religions n’échappent pas toujours aux conflits et à la violence, spécialement à notre époque. En retour, les tensions suscitées par l’implantation en Asie des religions monothéistes obligent à s’interroger lucidement sur les formes que peut prendre l’annonce de l’Évangile. BRAGUE Rémi, Les livres sacrés, violents ?, p. 101 Dans les livres sacrés des trois religions juive, chrétienne et musulmane, la violence est présente soit comme l’objet d’un récit historique, soit comme celui d’un souhait, soit comme un commandement émis par Dieu. Il convient de bien distinguer ces modes très hétérogènes, sous peine de s’exposer à de graves contresens. MARTIN Frère, Violence et ironie biblique : autour de la geste du roi Jéhu (2 Rois 9 -10), p. 113 Une lecture fondée sur l’ironie permet d’y voir une satire du roi qui souhaite se substituer à Dieu, seul vrai roi en Israël. MAIER Hans, Compelle intrare – À propos de la justification théologique de la contrainte en matière de foi dans le christianisme occidental, p. 129 Si très tôt la théologie chrétienne affirme clairement que nul ne doit être contraint en matière de religion, ni par l’État ni par aucune religion, l’histoire du christianisme montre que la pratique n’a pas toujours suivi ; en cause les traductions et interprétations variées de Luc 14,16-24, dans la parabole des invités au banquet : « Pressez-les d’entrer/ Contrains-les d’entrer ». Il a fallu attendre Vatican II pour établir théologiquement et fermement la liberté religieuse et Jean-Paul II pour demander pardon, au nom de l’Église, le 12 mars 2000. DOSSIER : DE QUELQUES CONVERTIS DU XXe SIÈCLE MICHEL Florian, Un peintre spirituel, Jean Hugo, p. 144 Jean Hugo (1894-1984), à la fois peintre et homme de lettres, est un "converti" des années folles. Arrière petit- fils de Victor Hugo, élevé dans l’anticléricalisme, survivant de la Première Guerre mondiale, proche des grandes amitiés de Jean Cocteau et de Jacques Maritain, Jean Hugo témoigne des secousses spirituelles de sa génération. Il montre l’exemple, par son art et par son choix de vie, d’un artiste, qui se laisse guider par l’humilité, la foi, le sens de l’amitié et la fidélité à la grâce reçue. ARMOGATHE Jean-Robert, Max Jacob (1876-1944) – La conversion comme séduction de l’écriture, p. 153 Poète, romancier, peintre, Max Jacob (1876-1944) a vécu une conversion tourmentée et chaotique, d’un judaïsme agnostique à un catholicisme teinté d’occultisme, enrichi d’expériences mystiques surprenantes. Son oeuvre se déploie entre l’écriture et les Écritures, l’encanaillement bohème et l’ascèse chrétienne, jusqu’au dépouillement de sa mort au camp de Drancy. SIGNETS DUCHESNE Jean, À propos du célibat sacerdotal, p. 158 Le célibat des prêtres est objet de débats. Mais l’histoire montre qu’il s’impose dès les temps apostoliques et qu’orthodoxes et chrétiens d’Orient n’y sont pas moins attachés que l’Église romaine. La continence s’avère en fait inséparable de l’obéissance et de la pauvreté. Ces exigences ne sont pas réservées à la vie monastique et concernent a fortiori ceux qui répondent à une vocation sacerdotale. La chasteté du prêtre comme instrument du dessein de Dieu peut même être inspirée par la virginité maternelle de la Mère de Jésus. ARMOGATHE Jean-Robert, Luther et les catholiques : un rendez-vous manqué, p. 167 Les célébrations du 500e anniversaire de la Réforme ouvertes le 31 octobre 2016 sont l’occasion de mieux comprendre la « réformation » du XVIe siècle. Elle n’est pas seulement un éclatement de la « chrétienté » occidentale : elle a donné une nouvelle vigueur aux enjeux théologiques fondamentaux du christianisme. À cinq siècles de distance, elle apparaît bien comme un rendez-vous manqué dont les Églises peuvent encore recueillir les fruits. ŽIŽIĆ Ivica, La prière et le temps chez Franz Rosenzweig, p. 180 Dans L’Étoile de la Rédemption (1921), Franz Rosenzweig montre comment la prière est une intrusion humaine dans l’éternité de Dieu : en particulier le temps liturgique concentre en quelque sorte l’Éternel dans le cercle contingent de l’humanité. Nous remercions Françoise Brague, Isabelle RAK, Noémie PIACENTINO, Viviane CECCARELLI et Jean DUCHESNE, pour leur gracieux concours comme traducteurs.

N° de : "Revue catholique internationale Communio", ISSN X-0338-781-X, vol. 42 : n°3/4-251/252, mai-août 2017. - Notes bibliogr.