Livre - Caravage

710.3 CAR

Description

Livre

Citadelles & Mazenod

Careri Giovanni 1958 - ...

Presentation materielle : 1 vol. (383 p.)

Dimensions : 35 cm

Audacieux dans sa composition comme dans les analyses détaillées des œuvres, ce livre étudie la position assignée au spectateur par la peinture de Caravage et l'effort d'interprétation que l'artiste exige de lui. Utilisant le miroir comme figure emblématique de la réflexivité, Giovanni Careri reconstruit les expériences qui ont conduit le peintre à se représenter dans ses propres tableaux pour s'offrir à l’œil du spectateur, à la condition qu'il s'approche en "amant". Le dispositif séculaire et ses variations constituent ainsi le fil rouge d'une monographie qui aborde l’œuvre de Caravage sous un angle inédit. Outre la précision mimétique, le miroir permet le dialogue avec sa propre conscience. L'incrédulité de saint-Thomas, en point de départ permet de poser d'emblée des questions déterminantes : comment Caravage parvient-il à attirer puis conserver l'attention du spectateur ? L'auteur s'intéresse ensuite à la genèse de ces questionnements à travers les premières peintures connues du peintre, pour la plupart des autoportraits peints au miroir, où le peintre invite le spectateur à se saisir du corps peint par le regard mais aussi par le toucher. Se dessine alors une configuration complexe et novatrice des différentes positions que peut occuper le spectateur. Ce même groupe de tableaux s'empare également du sujet avant qu'il ait eu le temps de concevoir une pensée ou d'articuler un discours. La problématique du miroir est ensuite déplacée sur le terrain de la peinture de genre et de la peinture religieuse où la spécularité continue de fonctionner, notamment dans les tableaux peints avant ou immédiatement après l'entrée, en 1597, de Caravage chez son mentor le Cardinal del Monte. Puis, l'auteur s'attache à l'étude de la chapelle Contarelli de Saint-Louis-des-Français sous l'angle de la construction narrative disjointe que Caravage développe pour proposer au spectateur un long travail de remontage. Loin de manifester le moindre doute ou une certaine indifférence à la foi, la peinture de Caravage s'engage dans l'invention d'un "réalisme chrétien", mélange de figures populaires et d'images appartenant à la tradition figurative antique et de la Renaissance. Enfin, les tableaux du peintre dits "violents" révèlent une manière nouvelle inaugurée dans la figuration d'un acte brutal, souvent objet de réflexion de la part de celui qui est en train de l'accomplir : cette construction, paradoxale du point de vue de la vraisemblance, fait résonance avec la question majeure de l'intériorité propre au sujet moderne. Si la peinture de Caravage se nourrit forcément de certaines expériences personnelles, elle s'élabore avant tout dans un dialogue intense avec la production picturale de son temps, avec un sens de la provocation artistique qui se plaît à tutoyer les limites. Alors que les ouvrages sur Caravage dépassent en nombre ceux sur Michel-Ange ou Raphaël, et que depuis trente ans le public se presse aux expositions qui lui sont consacrées, ce livre porte un regard neuf sur l'artiste. En posant la question du spectateur, il déplace considérablement l'interprétation de l'ensemble de l’œuvre. Giovanni Careri est directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales où il dirige le Centre d'histoire et théorie des arts, et professeur à l'Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Lyon. Professeur invité dans de nombreux centres internationaux, ses recherches portent principalement sur des objets singulièrement complexes : le "montage" des arts dans les chapelles baroques du Bernin (Envols d'amour ; Le Bernin : montage des arts et dévotion baroque, Usher, 1990) ; le réseau des tableaux, pièces de théâtre et ballets qui ont repris la Jérusalem délivrée du Tasse (Geste d'amour et de guerre ; La Jérusalem délivrée, images et affects (XVIe-XVIIIe siècle), EHESS, 2005) ; la construction de l'histoire chrétienne dans la chapelle Sixtine (La Torpeur des Ancêtres, EHESS, 2013). Aux côtés de Bernhard Rüdiger, il mène le groupe de recherche ACTH consacré à l'art contemporain et au temps de l'histoire (Face au réel ; Ethique de la forme dans l'art contemporain, Archibooks-Sautereau, 2008). Il a signé chez Citadelles & Mazenod un premier ouvrage en 2002, Baroques, qui propose un voyage historique et géographique à travers les formes de ce style grandiose.

I. L'Incrédulité de Saint-Thomas, un objet théorique, p. 30 II. Au miroir d’Éros, p. 50 III. Un regard mordu par un lézard, p. 76 IV. Au miroir de l'autre, p. 128 V. Au miroir du Christ, p. 150 VI. Détruire la peinture, p. 190 VII. Ecce homo, p. 222 VIII. Le réalisme chrétien de Caravage, p. 252 IX. La violence en son miroir, p. 298 Épilogue, p. 340

Bibliogr. p. (375-377). Notes bibliogr. Index.