Livre - Trésors photographiques de la Société de géographie

La Société de géographie dont le but, dès sa création en 1821, est d’étendre la sphère des connaissances géographiques et d’encourager les voyages d’exploration, pressent très tôt l’importance de la photographie au service d’une géographie scientifique et naturaliste. Ainsi, durant un siècle, voyageurs solitaires, expéditions scientifiques, missions religieuses, civiles et militaires, rapportent des quatre coins du monde les premières images de régions et de peuples jusque-là ignorés des Occidentaux, constituant une exceptionnelle collection de photographies, sur laquelle veille aujourd’hui la BnF. Ces voyageurs-photographes, Charnay, Bidault de Glatigné, Hillers, Du Camp, Bourne, O’Sullivan... produisent de véritables icônes de la photographie qui confrontent les sociétés occidentales à des réalités inconnues : cavaliers moundan paradant dans une atmosphère de tournoi du Moyen Âge, habitations troglodytes au pied des gigantesques murailles d’un canyon de l’Arizona, femmes abyssines à la beauté sculpturale, forteresse dans les sables noirs du désert de Kara- Koum… bousculent le regard sur l’Autre. Les œuvres prométhéennes de la période 1850-1950 – construction des grandes lignes ferroviaires transnationales ou transcontinentales, développement de la navigation à vapeur, creusement des canaux de Suez et de Panama – font l’objet de reportages photographiques qui soulèvent l’enthousiasme : au Brésil, les viaducs enjambent des gorges sombres au milieu de la forêt équatoriale et les 6 500 kilomètres du Transsibérien, en Russie, cumulent les prouesses techniques tandis que, sur les fronts pionniers du Queensland australien, des visages de trieurs de laine, de mineurs ou de coupeurs de canne à sucre suscitent l’émotion. Une image étonnante de ce monde qui change avec la révolution industrielle est celle du Japon de la révolution Meiji dans les photographies de Beato ou Stillfried coloriées à la main. Par sa précision et sa fidélité, la photographie rend possible un véritable inventaire du monde ; elle est l’outil indispensable aux enregistrements géographiques de l’évolution des glaciers ou des éruptions volcaniques comme aux campagnes archéologiques et aux relevés architecturaux : Fournereau reste fasciné par les ruines d’Angkor envahies de racines de banians… La direction de cet ouvrage a été assurée par Olivier Loiseaux, conservateur en chef au département des Cartes et Plans de la BnF, chargé des collections de la Société de géographie, qui a également rédigé l’ensemble des légendes et chapeaux ainsi que de nombreux textes de cet ouvrage, ainsi que les encadrés Des photographes au Japon : autour de l'album « Stillfried et Andersen », Désiré Charnay, infatigable voyageur, La photographie utilisée dans la presse et les ouvrages illustrés. Séverine Charon, agrégée de lettres modernes et licenciée d’histoire de l’art. Coauteur de L’Amazonie disparue (La Découverte, 2005), elle est aussi l’auteur de Les Chevaliers racontés par les peintres [Texte (Bayard, 2005) et Les explorateurs racontés par les peintres (Bayard, à paraître en 2006). Antoine Lefébure, docteur en histoire contemporaine, a été directeur du développement du groupe Havas. Il est l’auteur, en particulier, de Explorateurs photographes (La Découverte, 2003). Il est aujourd’hui auteur-réalisateur Jean-Robert Pitte, géographe, président de l’université de Paris-Sorbonne (Paris IV) et vice-président de la Société de géographie. Il est l’auteur notamment de : Histoire du paysage français (Tallandier, rééd. 2003), Gastronomie française (Fayard, rééd. 2005), Bordeaux, Bourgogne (Hachette, 2005) et Géographie culturelle (Fayard, 2005). Jean-François Staszak, maître de conférences à l’université de Paris I (Panthéon-Sorbonne), est spécialiste de géographie culturelle. Il a publié notamment Géographies de Gauguin (Bréal, 2003), « Voyage et circulation des images : du Tahiti de Loti et Gauguin à celui des voyagistes » (Sociétés & Représentations n°21, avril 2006) et Gauguin, l’art du voyage (Solar / Géo, à paraître en 2006). Jean-Louis Tissier, professeur de géographie humaine à l’université de Paris I (Panthéon-Sorbonne). Spécialiste d’histoire de la géographie et d’analyses des paysages, il a copublié Deux siècles de géographie française (Bibliothèque nationale / CTHS, 1984) et a donné « Le voyage, filigrane du Tableau de la géographie de la France de Paul Vidal de la Blache », dans Le labyrinthe des formes (sous la direction de Marie-Claire Robic, CTHS, 2000), « Le territoire de la France, laboratoire de la géographie française », dans Couvrir le monde (coordonné par Marie-Claire Robic, ADPF / Ministère des Affaires étrangères, 2006).