• Ex-voto représentant des yeux, Naples, Italie, avant 1962. Bordure ajourée ornée de motifs floraux et de cinq anges, argent, 15,7 cm x 17,8 cm x 0,66 cm. Collection d'ethnologie d'Europe, Muséum national d'histoire naturelle, en dépôt au Mucem © MNHN, photo Mucem
    Ex-voto représentant des yeux, Naples, Italie, avant 1962. Bordure ajourée ornée de motifs floraux et de cinq anges, argent, 15,7 cm x 17,8 cm x 0,66 cm. Collection d'ethnologie d'Europe, Muséum national d'histoire naturelle, en dépôt au Mucem © MNHN, photo Mucem

Another Italy from A to Z


Mucem, fort Saint-Jean— Salle des collections
| From Wednesday 25 May 2022 to Monday 10 October 2022

Since antiquity and Rome’s conquest of most of Europe and the Mediterranean, Italy has exerted an influence and fascination that is as lasting as it is profound. Few words can conjure up such a rich and abundant imagination, from the buried splendours of Pompeii to the prestige of the urban centres of the Renaissance, from the canals of Venice to the splendours of Papal Rome. Alongside this Italy, as prestigious as it is today for tourists, another, more modest, but just as diverse and creative, can be drawn: that of its people, their daily lives and festivals, their beliefs and customs, and their costumes and crafts. 

The manifestations of traditional popular lifestyles have been maintained for longer in the less wealthy regions of Italy, those that have been marked only belatedly by the great transformations of modern and industrial society, and also by tourism. It is therefore in the south of the country and in the high Alpine valleys that many of the objects presented here were collected, often by ethnologists who went on field trips to Calabria and the Aosta Valley in the same way as they might have done in Africa and the Amazon. 

Even in these regions, most of the elements that characterised traditional societies disappeared in the second half of the 20th century – as elsewhere in Europe. Other elements of so-called “popular culture” were then studied and collected by museums, such as football and graffiti. They are representative of a shift linked to the disappearance of traditional societies and the rural exodus that accompanied it: the people studied are no longer those of the countryside and villages, but rather those of the big cities.

The Mucem thus makes a bid to portray another Italy, just as generations of researchers, ethnologists and curators tried to do through the constitution of these collections, patiently carried out since the 1880s.
 

—Curation:
Raphaël Bories, custodian for heritage, head of the Religions and beliefs Unit, Mucem
With the support of les amis du Mucem
Logo Les Amis du Mucem

Entretien avec Raphaël Bories, commissaire de l’exposition

 
Mucem (M.) Quelle est donc cette « autre Italie », présentée dans la salle des collections ?
   
Raphaël Bories (R.B.) C’est l’Italie que l’on n’a pas l’habitude de voir au musée ! Celle du peuple, des campagnes, des métiers artisanaux, de la vie quotidienne et des fêtes, des traditions et des coutumes, des croyances religieuses et même magiques. C’est l’Italie que les ethnologues ont étudiée aux XIXe et XXe siècles, parce qu’ils y trouvaient encore des pratiques et des modes de vie anciens qui leur paraissaient presque exotiques, et qui étaient en train de disparaître. Ils ont aussi collecté des objets, témoins de modes de vie et de savoir-faire traditionnels, qui présentent aujourd’hui une importante valeur historique, mais qui pour certains peuvent aussi être vus comme de véritables œuvres d’art ; qu’il s’agisse d’ex-voto, d’amulettes, de masques ou même de quenouilles. Enfin, c’est aussi l’Italie des cultures urbaines et populaires contemporaines, vue à travers les exemples du graff et du football.
   
M.  En tant que responsable du pôle Croyances et religions, votre sélection s’est davantage tournée vers les objets liés au culte et à la dévotion ?
   
R.B. Si beaucoup d’objets présentés dans l’exposition sont effectivement liés au culte et à la dévotion comme aux croyances et pratiques magiques et magico-religieuses, c’est parce qu’ils sont très nombreux dans les collections concernant l’Italie. Cela s’explique par la place importante de l’Église dans le pays, mais aussi par le caractère spectaculaire de certains phénomènes plus ou moins liés à la religion, en particulier dans le Sud : citons pour exemple le tarentulisme, maladie dont les victimes se trouvaient comme possédées et dont on attribuait l’origine à la morsure d’une araignée ; mais aussi les processions de flagellants, les pratiques votives, l’omniprésence du mauvais œil et de la sorcellerie… Tous ces phénomènes, qui ont beaucoup intéressé les anthropologues italiens, en particulier Ernesto De Martino, ont bien évidemment retenu mon attention en tant que responsable du pôle lié aux croyances et aux religions au Mucem.
   
M.  Sur un plan personnel, quels sont les objets, dans cette sélection, que vous êtes le plus fier de montrer au public ?
   
R.B. Je suis avant tout heureux de pouvoir mettre en valeur le travail de mes prédécesseurs et en particulier celui de Monique de Fontanès, dont les enquêtes de terrain en Italie pour le compte du musée de l’Homme, entre les années 1950 et les années 1980, ont permis l’acquisition de la majorité des objets présentés ici, souvent accompagnés d’une remarquable documentation photographique. C’est pour compléter et enrichir ces collections que j’ai mené des acquisitions qui sont pour certaines exposées ici. C’est le cas de la statue de la Vierge sur la Sainte Maison de Lorette, qui provient des Marches et qui date du XVIIe siècle, acquise avec le soutien financier des Amis du Mucem. Il s’agit d’un objet monumental qui était porté en procession chaque année pour célébrer le transport miraculeux de Nazareth vers l’Italie de la maison où la Vierge aurait reçu l’Annonciation. Il y a aussi une toile de Carlo Levi, peintre et écrivain italien dont le livre Le Christ s’est arrêté à Eboli a remis sur le devant de la scène, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les difficultés de l’Italie du Sud. Elle représente des habitants de Basilicate, et il s’agit de la première œuvre de l’artiste à être entrée dans les collections d’un musée français.