tirage photographique - Sans titre (Obelisco Mussolini)

Cette oeuvre photographique d'Hélène Bellenger reprend une photographie d'archive du fonds Ilario Bessi, prise au moment où Benito Mussolini s'était rendu dans les carrières de Carrare pour sélectionner le bloc destiné à la construction de l'obélisque monolithique qu'il a fait ériger en 1932 dans le quartier de l'Eur, à Rome. Au centre de l'image, l'immense bloc, conditionné dans du bois, est acheminé au bas de la carrière au moyen de rondins et de cordages, par une équipe nombreuses d'ouvrier marbrier. En surplomb de la scène, à droite, une délégation d'officiels observe la scène depuis une plateforme de la carrière. Au sommet de ce bloc sont fixés deux drapeaux de l'Italie fasciste. La photographie est tirée sur un cartons d'emballage industriel mis à plat. De cette manière, l'artiste fait allusion à la surexploitation du marbre de Carrare aujourd'hui. En effet, la poudre de marbre, carbonate de calcium à l’état pur, est utilisée notamment dans la composition du dentifrice, du maquillage, du papier ou des produits d’entretien. Une comparaison est ainsi suggérée entre une exploitation ancienne, artisanale, manuelle, mobilisant une forte main d'oeuvre, et une exploitation industrielle. Le tirage est présenté épinglé dans une boîte entomologiste, à valeur d'écrin, magnifie l'objet du carton d'emballage jetable au profit d'une réflexion sur une économie circulaire de création, sur l'image patrimoniale et la stratigraphie multiple de notre culture visuelle. L'oeuvre fait partie de la série "Bianco Ordinario", ou blanc ordinaire : c'est là le nom donné au marbre de Carrare. Initié à l’ été 2020, ce projet d’Hélène Bellenger prend racine dans les carrières de marbre de Carrare, situées dans les Alpes Apuanes en Italie. Sculptées depuis des siècles pour la qualité de leur marbre blanc, très prisées par les artistes et les designers, ces carrières sont aujourd’hui surexploitées pour l’utilisation de la poudre de marbre, carbonate de calcium à l’état pur. Utilisée notamment dans la composition du dentifrice, du maquillage, du papier ou des produits d’entretien, la poudre de marbre vient ainsi se nicher dans l’histoire de la « blanchité » (Judith Ezekiel) de nos sociétés occidentales contemporaines.