Livre - Sortir de la guerre en Bosnie-Herzégovine

306 JOU

Description

Livre

Karthala

Jouhanneau Cécile

Presentation materielle : 1 vol. (384 p.)

Dimensions : 24 cm

Pour comprendre les dynamiques sociales et politiques à l’œuvre au sortir d’un conflit, cet ouvrage prend pour objet les mémoires de la guerre de 1992-1995 en Bosnie-Herzégovine. Dans une démarche de sociologie politique, l’auteure y explore les conditions sociales de l’expression des souvenirs de la détention en camps entre 1992 et 2010. Que nous apprennent-elles sur une société qui a connu des transformations aussi profondes que celles liées à la violente désintégration de la Yougoslavie socialiste ? À partir d’entretiens et d’observations ethnographiques, et grâce au dépouillement d’un large corpus d’archives écrites, l’auteure réfute l’hypothèse selon laquelle les mémoires de la guerre seraient clivées selon des lignes ethnonationales. Certes, l’ouvrage met au jour un processus de politisation nationaliste des récits publics de la détention, dès les années de conflit. La prise en charge de la guerre par la justice pénale internationale favorise paradoxalement la construction par des acteurs politiques et militants bosniens d’une figure du détenu de camp comme témoin par excellence de la nature de la guerre. Toutefois, en déplaçant le regard vers l’échelle locale, l’auteure constate les limites de la politisation nationaliste des récits de la détention. En effet, le devoir de témoignage assigné aux individus y entre en concurrence avec des normes de civilité retravaillées au quotidien. Loin de l’image d’une « guerre des mémoires » ethnonationale, cet ouvrage donne à voir, dans les interactions locales, l’évitement de la politique et la discrétion de ceux qui ont été érigés en témoins. Cette sociologie politique d’une société post-socialiste en sortie de guerre vient ainsi nourrir trois grands chantiers de recherche : les travaux sur l’engagement en tant que victimes, les recherches sur l’action collective hors des démocraties dites consolidées et les études des interventions internationales de construction de la paix. En somme, cet ouvrage contribue à l’exploration de la fabrique du politique et de la civilité au sortir d’une guerre.

p.15 Introduction générale PARTIE 1 : Contours et contournements de la politisation nationaliste des camps p.53 1. Faire des détenus de camps les « témoins » par excellence de la nature de la guerre p.55 Convertir la qualification des camps en enjeu politique p.71 Politiser les camps depuis les marges de l’espace politique spécialisé p.90 Recompositions de la prise en charge politique des camps (2000-2010) p.101 La place des camps dans les nouvelles entreprises nationalistes p.117 2. La résistance à la politisation des souvenirs de la détention p.119 Sead : Témoignage public et reconquête de notabilité p.131 Faruk : Interpréter la détention en retrait des collectifs p.143 Ahmed ou la tentation du repli sur soi p.156 Izet : dire la détention pour regrouper p.164 Alma, à la recherche de sa paix p.174 Penser par cas la politisation et ses limites PARTIE 2 : Éviter la politique au sein de mondes sociaux morcelés p.182 3. Une localité fragmentée malgré l’intervention internationale de paix p.186 Ce que le nettoyage ethnique fait aux conditions sociales de communication p.214 Les limites du volontarisme politique international (1997-2004) p.245 4. L’expression des souvenirs des camps entre politisation et normes de civilité p.248 La politisation des discours publics sur la guerre au niveau local p.269 Les frontières du collectif associatif p.287 Entretenir des normes de civilité p.311 Conclusion p.311 La sociologie des souvenirs, une sociologie politique p.314 Les logiques sociales de l’engagement des entrepreneurs de mémoire et des victimes p.316 Les continuités relatives du gouvernement yougoslave socialiste p.321 Pour une sociologie du peacebuilding comme rencontre

En appendice, choix de documents Bibliogr. p. 326-351