Livre - Athanasius Kircher

709.7 KIR

Description

Livre

Imprimerie nationale

Godwin Joscelyn

Moysan Charles

Presentation materielle : 1 vol. (302 p.)

Dimensions : 29 cm

« Un abysme de science » ! Le jésuite Kircher était bien le digne – et le dernier – héritier des esprits universels de la Renaissance, Léonard, Pic de la Mirandole. Mathématicien, linguiste, archéologue, naturaliste, historien des religions, ingénieur, géologue... comme, avant lui, Érasme, comme Mersenne, son contemporain, ou, plus tard, Voltaire et Goethe, il entretint avec tout l’univers une correspondance qui fit de ce phénix du Vatican le centre du monde savant. Curieux de tout, il trouve tout : il est le premier à déceler les taches solaires, à révéler les anneaux de Saturne ; vulcanologue, il descend dans le Vésuve ; il conçoit les mouvements de la croûte terrestre, dresse la carte des courants marins ; au microscope, il aperçoit, dans le sang des victimes de la peste de, p. 1656, des animalcules, suggérant que la maladie est due à un germe. Et que de machines sont le fruit de son invention et de ses traités de magnétisme, d’acoustique et d’optique ! Mécanismes pour coder les messages, composer de la musique, jouer de plusieurs instruments à la fois ; orgue et horloge hydrauliques, lanterne magique, amplificateurs sonores, lampe à pétrole et mille curiosités dont il meubla son célébrissime musée au collège des jésuites de Rome, à côté de ses collections égyptiennes et des objets que les missionnaires lui rapportaient du vaste monde. Son grand ouvrage sur la Chine (1667) fonde les études orientales ; il publie les premières images du Potala, à Lhassa, le premier dictionnaire chinois, la première édition de l’alphabet et de la grammaire sanskrits, comme, trente ans auparavant, une magistrale introduction au copte. Ses erreurs sont à sa mesure, grandioses. La plus célèbre est son incompréhension radicale des hiéroglyphes égyptiens qu’il interprète comme de purs symboles, non comme des signes linguistiques, manquant ainsi la voie royale qui mènera à leur déchiffrement par Champollion. Contre Copernic et Galilée (il arrive à Rome en, p. 1633, l’année même de sa condamnation), il s’en tient au géocentrisme de Tycho Brahè, en odeur de sainteté. Tous les êtres vivants, selon lui – batraciens et mammifères compris –, peuvent naître par génération spontanée, tant le Créateur a su insuffler à la masse chaotique de la Terre la semence universelle… nous sommes loin des culottes de Spallanzani ! C’est que le monde de Kircher est celui, « clos », d’Aristote, de Raymond Lulle et de la lettre de la Genèse ; non, p. 1’« univers infini » de l’expérience selon Bacon, ni du langage mathématique des choses professé par Galilée, du doute méthodique de Descartes, engendrant les « longues chaînes de raison », encore moins du refus, par Newton, des hypothèses hasardeuses… son œuvre n’est pas un jalon de la science en marche, c’est une célébration des merveilles de la création, une opération de « magie naturelle »" issue du magnétisme universel qu’infuse la sagesse divine à travers les trois niveaux du monde créé : archétypal, sidéral, élémental, dont l’homme est le reflet, le microcosme. Le monde créé, comme les cieux de David (Psaumes XVII), « narre la gloire de Dieu » : c’est déjà la devise des jésuites (A.M.D.G). Aussi Kircher est-il avant tout, pour l’édification des masses et des grands, metteur en scène voire thaumaturge, cherchant à frapper l’imagination de l’auditoire pour l’amener au respect et à l’amour de Dieu. Ses expériences tiennent de la machinerie d’opéra baroque, son prosélytisme ale langage de l’esthétique du Bernin, dont il fut l’ami et qui mourut le même jour que lui, à Rome. « La scène du drame, écrira Claudel, est le monde ». D’où le soin extrême qu’il appliqua à l’illustration de ses nombreux ouvrages, qu’il concevait lui-même – frontispices et images symboliques, notamment – dont la réalisation fut confiée à de grands artistes du temps. Leur ingénieuse beauté, si étrange, caractérise son siècle mais préfigure déjà les chimères des « Illuminés », au XVIIIe siècle finissant, et les « correspondances » du romantisme selon Balzac : « Pour qui contemple en grand la nature tout y tend à l’unité par l’assimilation ». Joscelyn Godwin, anglais de naissance, est professeur à Colgate University, New York. Son précédent livre sur Kircher, traduit en français par Sylvain Matton, Athanase Kircher, un homme de la Renaissance à la quête du savoir perdu (Jean-Jacques Pauvert, p. 1980), a été suivi de : Harmonies of Heaven and Earth (1987), Arktos : The Polar Myth (1993), The Theosophical Enlightment (1994), The Pagan Dream ofthe Renaissance (2002) et, plus récemment, The Golden Thread (2008). Il est l’éditeur de Hypnerotomachia Poliphili aux éditions Thames& Hudson (1999).

Frontispices, p. 23 Les illustrations dans l’oeuvre de Kircher, p. 47 L’Antiquité incomprise, p. 59 L’Antiquité préservée, p. 77 L’Antiquité imaginée, p. 99 Histoire naturelle : le feu et l’eau, p. 127 Histoire naturelle : l’air et la terre, p. 143 Musique, p. 157 Machines antiques et modernes, p. 179 Machines magnétiques et optiques, p. 191 Cartes et plans, p. 215 Exotica, p. 237 Images des dieux, p. 257 Images didactiques, p. 270 Notes, p. 287 Les œuvres d’Athanasius Kircher, p. 297 Bibliographie, p. 298

Bibliogr. p. 298-301. Bibliogr. des oeuvres de A. Kircher p. 297. Notes bibliogr.