Livre - Justice d'exception

340 COD

Description

Livre

Éditions du C.N.R.S.

Codaccioni Vanessa 1980 - ...

Presentation materielle : 1 vol. (316 p.)

Dimensions : 22 cm

Qu'ont en commun d'anciens collaborateurs qui ont fui la France à la Libération, des activistes de l'OAS, des espions soviétiques, des gauchistes de mai 68 et de la Gauche prolétarienne, des autonomistes corses, basques et bretons ou des membres d'Action Directe ? D'avoir été jugés par une juridiction d'exception créée par le général de Gaulle à la fin de la guerre d'Algérie et supprimée par François Mitterrand au début de son septennat : la cour de sûreté de l'Etat. Siégeant sans discontinuer pendant dix-huit ans et jugeant des milliers de militants, celle-ci incarne une tradition française de justice politique appliquée aux "ennemis intérieurs" qui prennent pour cibles l'Etat. A travers une plongée inédite dans les archives de cette juridiction d'exception, Vanessa Codaccioni identifie les nombreuses mesures prises par les gouvernements contre des activistes radicaux : les gardes à vue et les détentions prolongées, les arrestations de nuit, le jugement par des militaires de carrière, ou encore les examens psychiatriques qui visent à faire de ces militants des êtres à part, anormaux, dès lors soumis à une répression radicale et spécifique. Contrairement à une idée reçue, ces dispositions exceptionnelles ne disparaissent pas au début des années 1980. Elles évoluent, se transforment, et sont progressivement réintégrées dans l'arsenal sécuritaire et répressif pour constituer le socle de la lutte antiterroriste aujourd'hui. De la lutte contre les partisans de l'Algérie française au jugement des djihadistes par une justice dérogatoire au droit commun, c'est toute la généalogie de l'antiterrorisme que ce livre retrace. Par cet ouvrage passionnant qui s’appuie sur des archives inédites, Vanessa Codaccioni interroge la manière dont l’État fait face aux crimes politiques et terroristes depuis les débuts de la Ve République. Mais elle engage une réflexion plus générale sur les frontières, toujours ténues, entre justice ordinaire et justice politique, et sur l’utilisation de dispositifs d’exception en régime démocratique.

Autre tirage : 2016 Notes bibliogr. Bibliogr. p. [307]-314