Conférence

À l’occasion des 10 ans du Mucem, son architecte Rudy Ricciotti, qui a conçu le bâtiment en association avec Roland Carta, revient sur les lieux pour en livrer son témoignage libre, visionnaire, radical et engagé. Il raconte la manière dont le bâtiment a transformé Marseille, ce que ces dix ans ont fait à l’architecture, à sa pratique et ce qui fait de lui un « architecte de combat ». Souhaitant prendre un temps pour échanger avec le public, la conférence sera suivie d’un débat ouvert à toutes et à tous et d’une signature de ses livres. 

Rudy Ricciotti

Rudy Ricciotti, figure emblématique de l’architecture française, architecte du Mucem - Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, amoureux du béton, a le goût du paradoxe.
C’est un réactionnaire qui a voté Fabien Roussel, un colonel de réserve de la Légion étrangère qui aime Patti Smith et Pasolini, un fin lettré qui apprécie autant l’insulte que la poésie.
Comment le bon goût, symbole de conformité, pourrait-il être révolutionnaire ?
Ce qu’il me dit au micro d’Un Podcast de goûts depuis la terrasse de sa maison de Cassis, perchée au-dessus d’un ancien port antique, c’est que le bon goût est un effort de mémoire. 
L’effort de respecter l’histoire dans laquelle on s’inscrit. 
L’effort, au sens premier du terme, des ingénieurs et ouvriers.
Il y a cent ans, me dit-il, il fallait 100 mots pour décrire une façade, 100 mots pour autant de détails que de corps de métiers. Aujourd’hui, il n’en faut souvent pas plus de 5. Le lexique architectural s’est appauvri.
La faute, selon Rudy, au minimalisme architectural. Rudy reproche à ses partisans leur absence de mémoire et leur connivence avec des promoteurs immobiliers intéressés par la rationalité économique de leur approche. Mais, le risque d’un bâtiment dépouillé de son décor, c’est qu’il ne raconte plus rien.
Pour que l’architecture raconte son époque, Rudy transmet à ses collaborateurs la nécessité de se forger des croyances, des convictions fortes qui servent de socle à une architecture qui ne doit jamais perdre le fil de son histoire.