Livre - Noms et cérémonies des feux de joie chez les Berbères du Haut et de l'Anti-Atlas

E2A 64 4

Description

Livre

E. Larose

Laoust Émile 1876 - 1952

Presentation materielle : VIII-167 p.-XV f. de pl.-carte dépl.

Dimensions : 28 cm

INTRODUCTION Les Berbères ont conservé l’usage d’allumer des feux de joie analogues aux feux dits de la Saint-Jean des paysans européens, p. 1 Ou peut appliquer aux cérémonies berbères les théories de Mannhardt et de Frazer, p. 2 Ces feux seront classés d’après leur appellation : il ne s’agit pas d’une étude systématique conduite d’après un plan préconçu, mais d’une vaste enquête où il sera fait appel aux documents linguistiques, p. 2 1 tašǎ‛alt, dans la province de Demnat, p. 3 chez les Zemmour, p. 4 Ce feu protège les hommes contre les maléfices et les troupeaux contre les maladies, p. 3 2 tabeḫḫart, feu à fumiger alimenté de plantes vertes, p. 4 3 mimun, feu dans lequel on fait le simulacre de brûler un enfant, p. 4 4 aḥǎmaddju, chez les Izayan, feu autour duquel les femmes pleurent un personnage sans légende appelé a‛ašur, p, 5 Le lendemain les enfants procèdent aux funérailles d’une poupée masculine appelée a‛agur, p. 5 5 asärgu, particulier au Dads, p. 5 6 antar, chez les Amanouz. À l’apparition des flammes, les enfants s’enfuient à toutes jambes, p. 5 7 amaday ikšuḍen, chez les Id Ou Brahim, p. 6 8 agelluị, cérémonie de Tanant : on brûle un arbre couronné de verdure appelé taslit, la Fiancée, p. 6 Cérémonie d’Addar et des Aït Chilachen, p. 7 9 taḥanut um‛ašur, pratique d’Anzern Le bûcher a la forme d’un gourbi, p. 8 Des tentes ou des huttes sont parfois brûlées au solstice d’été chez les Aïth Mjild, les Zemmour et les Beni Hassen, p. 8 À Salé, on brûlait au solstice toutes sortes de combustibles dans une sorte de tour divisée en compartiments, p. 8 10 arěbbib, chez les Ntifa, p. 9 11 uššen, le nom du chacal est parfois donné au bûcher, p. 9 12 tifegert, le mot est à rapporter au latin focarium et aux mots foucaraya et fougueiroun désignant le feu du solstice en Corse et en Provence, p. 10 13 tigenniššut, le mot éveille l’idée de mauvais esprits et de funestes influences qui s’attaquent aux hommes et au bétail, p. 11 14 tahufut et ses variantes, p. 12. Ces feux produisent une fumée abondante. Il y a de la baraka dans la fumée. Les cendres possèdent des vertus fertilisantes 15 tafegagut, p. 13. Lutte avec des tisons pris dans le bûcher dans le but de transmettre ses mauvaises influences aux voisins 16 tafedadut, p. 13 « Qui n’allumera pas son feu verra mourir quelqu’un des siens ou périr ses bestiaux. » 17 tandafut et ses variantes, p. 13 Sauts par-dessus les flammes en vue de se débarrasser des maux qui s’attachent aux hommes 18 ta‛ašurt et ses variantes, p. 14 Les feux de joie sont généralement allumés à l’Achoura dans les régions du Sud-Marocain : de ce fait, ils sont parfois désignés à l’aide d’un dérivé de a‛ašur. CÉRÉMONIE DE DOUZROU, p. 17 Une colonne de pierres appelée taslit est dressée au milieu du bûcher. Usages de brûler le corps de certains animaux dans le feu de l’Achoura, p. 18 CÉRÉMONIE D’AZEMZ, p. 19 Le bûcher principal est entouré d’une rangée circulaire de petites colonnes de pierre. CÉRÉMONIE D’ANNAL, p. 19 Le feu est communiqué au bûcher par un individu à baraka sur qui l’on jette des poignées d’escargots. Cérémonie de Taliza, p. 21 Un homme à baraka prépare un tison spécial avec lequel il met le feu aux bûchers. Les idoles de Taliza : le e Morceau de bois » ou le « Cierge de l’Achoura » La Taslit ou « Fiancée » qu’on peut identifier à Tlghonja, la Fiancée d’Anzar ou la Taslil-Terre, p. 26 Pratiques qui consistent à jeter dans les rivières les derniers mariés de l’année, p. 26 Les Égyptiens jetaient une Vierge dans le Nil pour hâter l’inondation, p. 27 CERTAINS DÉRIVÉS DE A‛AŠUR NE S’APPLIQUENT PLUS À DES FEUX Les uns désignent la vague divinité que l’on invoque en franchissant les flammes, p. 28 D’autres, l’amulette que l’on confectionne à l’Achoura, p. 28 Certains autres, des poupées masculines que l’on promène puis que l’on détruit, p. 29 Ces poupées personnifient l’esprit de la Végétation. Ressemblance de ces fêtes avec le Carnaval européen, p. 30 À L’ACHOURA ON CÉLÈBRE LE MARIAGE SYMBOLIQUE DES PUISSANCES QUI PRÉSIDENT À, LA VÉGÉTATION, p. 31 Cérémonie d’Assedrem, p. 32 La pratique a pour objet de faciliter les mariages. Cérémonie des Imerghan, p. 33 Rites de jets d’œufs et d’aspersions d’eau, p. 34 Cérémonie de Douzrou, p. 35 Un couple de fiancés s’unit dans une mosquée, puis la Fiancée fait le simulacre de se jeter dans un bûcher, p. 36 La cérémonie est suivie du mariage simulé de tous les couples du village. L’asti ou Fiancé personnifie les forces de génération, et la taslit ou Fiancée les forces de fécondité et l’esprit de la Végétation, p. 37 Des cérémonies identiques ont jadis existé dans toute la Berbérie, p. 38 Le mariage à Ouargla, p. 38 Le lit de Lalla Mançoura et l’‛ammarya du mariage marocain, p. 39 La fête de Lalla Kssaba à Rabat commémore une antique fête de génération, p. 43 La Taslit berbère n’est pas la Virgo Caelestis de Carthage, p, 43 Les mariages collectifs en Berbérie, p. 45 Chez les Aït Atta, les Aït Izdeg, les Aït Haddidou et les Aït. Ougoudid, les Aït Outferkal de la tribu des Aït Messad, p. 46 Ces mariages étaient vraisemblablement jadis les seuls en faveur dans le Nord de l’Afrique, p. 47 Ils étaient précédés de l’union d’un couple divin, p. 48 Cérémonie de Maṭa ou « Fiancée de l’Orge » dans le Faḥs de Tanger et sa ressemblance avec la pratique de Douzrou, p. 49 Mata comme le Taslit périssait dans les flammes. Cérémonie d’Isdghas où un mannequin à l’image d’une taslit est jeté au bûcher, p. 50 L’arbre que l’on brûle dans le bûcher de ‘Fanant comme la colonne de pierres du bûcher de Douzrou s’appellent aussi taslit, p. 51 LES ŒUFS ET LES POULES DANS LES CÉRÉMONIES BERBÈRES, p. 63 D’AUTRES DÉRIVÉS DE A‛AŠUR DÉSIGNENT DES PERSONNAGES CARNAVALESQUES, p. 64 Les cérémonies des feux de joie se compliquent’ parfois de rites carnavalesques, p. 65 Le Carnaval à Fès, p. 66 Dans les villes, au cours de promenades aux flambeaux, on promène le bsat, édicules en carton éclairés à l’intérieur, p. 66 Caractère obscène du Carnaval, p. 67 Importance de ces fêtes, p. 67 Elles se terminent souvent par un banquet de communion et une prière, p. 67 Époques variables de la célébration du Carnaval, p. 68 Dans les processions figurent des types animaux comme dans le Carnaval européen, p. 70 Étude des divers types carnavalesques. BUḪO ET AḪO N-T‛AŠURT, L’OGRE DE L’ACHOURA Il se montre la nuit enveloppé de flammes, p. 72. Il représente quelque dragon, Tarasque, Minotaure ou Hydre légendaire. BOUJLOUD, L’HOMME VÊTU DE PEAUX, p. 72 C’est le personnage essentiel des mascarades de la Fête du Mouton, p. 73. Boujloud guérit les malades et détourne la maladie des personnes saines. Rapport de ces mascarades avec les Lupercales, p. 76 Boujloud personnifie-t-il le Roi du Troupeau ? Existe-t-il quelque analogie entre le sacrifice du mouton de l’Aïd el-Kebir et la Mascarade de Boujloud ? Le sacrifice du mouton perpétue dans ce pays le souvenir d’un antique usage berbère, p. 78 Le dieu-bélier des Libyens, p. 79 La victime de l’Aïd el Kebir porte chez les Berbères Marocains le nom de tafaska, c’est-à-dire la pâque, de l’hébreu passah, p. 80 Certains Berbères célèbrent leurs mariages collectifs à l’Aïd el Kebir, p. 82 Les différentes parties de la tafaska possèdent une baraka, p. 82 En tous lieux, la queue est conservée jusqu’à l’Achoura, époque des feux de joie ; ce qui est contraire aux hadith, p. 83 Cette queue est souvent jetée dans le feu de joie, p. 83 Rapport entre le sacrifice du Mouton et la multiplication du troupeau, p. 83 Le bélier, divinité pastorale des Berbères, p. 85 Boujloud est-il le sacrificateur revêtu de la dépouille du dieu avec lequel il s’identifie ? p. 88 Disparition de la croyance et survivance du rite dépourvu de sens .et tombé à l’état de jeu, p. 89 LES VIEILLARDS Le « Vieillard des Vieillards » du Djebel personnifie l’année parvenue à sa période ultime, p. 90 Le Ba-Chikh du Rif et des Slès, p. 91 Baba ‛Ali de Rabat et du Dra, p. 92 Lalla Mennana, p. 92 Baba ‛Achour des Rehamna, p. 93 On devait jadis brûler l’individu ou l’effigie de l’individu personnifiant le Vieux du Carnaval, p. 93 Bou ‛Afif des Kabyles du Djurdjura figurerait l’Ange de la Mort ; la pratique correspondrait à l’usage européen : l’Expulsion de la Mort, p. 94 Selon Frazer, cette prétendue Mort n’était primitivement que l’esprit affaibli de la Végétation que l’on tuait chaque année au printemps afin qu’il pût renaître avec toute la vigueur de la jeunesse, p. 94 Bou ‛Afif chez les Beni Wassif Ḥagouz et Ḥagouza, le Vieux et la Vieille dans le Gharb figurent dans le Carnaval d’Ennaïr, ce qui perpétue un vieil usage eu honneur chez les peuples riverains de la Méditerranée au temps de l’occupation romaine, p. 98 Le Carnaval tlemcénien Boumennaui que l’on peut identifier au latin bonum annum ; son rapport avec les fêtes agraires, p. 99 La Fête des Tolba de Fès, p. 100 Le faux sultan personnifie un vieux dieu de la Végétation ; son règne éphémère devait se terminer par sa mise à mort, p. 102 Le Vieux du Carnaval est souvent accompagné d’une Vieille, p. 103 Il représente un Juif udaï ou un couple de Juifs, p. 103-105 Boulefdam ou l’individu vêtu de bourre de palmier p. 105 Les im‛ašar des Aït Oumribed, p. 105 Les iusaȧben des Ida Gounidif. Birdus et tabidurst des Amanouz, p. 106 Le Bulefdam des Imejjat tourne autour du feu de joie dans lequel il jette ses vêtements de lefdam, p. 107 Identification du Boulefdam marocain, au Boulifa algérien et au ‛Ammi Aouf du Djérid tunisien, p. 107 Ces personnages personnifient l’esprit du palmier et devaient périr dans un bûcher, p. 108 Les fêtes carnavalesques s’accompagnent de pratiques sexuelles, p. 109 Dans la fête du solstice d’été figurent à Ouargla des garçons habillés de feuilles de palmier, p. 109 LES NÈGRES OU NOIRCIS « Guennaoua » et « Isemgan » p, 110 Le « Nègre du Carnaval » chez les Haouwwara du Sous ; les « isemgan » des Hameln ; les « isuaben » chez les Aïl Mzal, p. 111 La pratique est en relation avec la fécondité des femmes et se complique du rite de nudité, p. 112 Cérémonie du même genre en Europe et analogie avec les Lupercales, p. 112 Sonna la Danseuse, p. 112 Un jeune homme déguisé en femme danse à la mode berbère dans les douars et devant les maisons. Peut-on identifier ce personnage à la « Fiancée des Tombeaux » p. 113 La Mule, el-byila Les Imazighen l’identifient à la « Mule des Cimetières » p. 115. La Cérémonie se ramène à un rite d’expulsion de la Mort LE LION, izem, izmaun, p. 115 LA PANTHÈRE, aylias et tayŭilast, p. 116 Vieilles pratiques d’ordre magico-religieux ayant pour objet d’éloigner de la contrée des animaux réputés dangereux et malfaisants, p. 117 LE CHACAL uššen, p. 118 Le nom du chacal est souvent associé à celui du renarci, p. 119 L’effigie du chacal figure dans nombre de cérémonies, puis on l’enterre, la brûle ou la lapide, p. 120 Un chacal en chair et en os est souvent détruit dans les mêmes conditions que son effigie, p. 122 Ces pratiques sont généralement associées aux rites da feu, p, 124 Elles jouissent d’une grande faveur auprès des populations de l’Anti-Atlas, p. 125 Leur nom asifeḍ indique qu’il s’agit de l’expulsion du chacal destructeur des troupeaux et des récoltes et personnification de la Famine, p. 126 CONCLUSION Le Carnaval berbère apparaît comme un composite de cérémonies au cours desquelles on célébrait la mort dramatique d’une divinité pastorale ou agraire. A ces pratiques se sont juxtaposés des rites sexuels et des rites d’expulsion du mal personnifié sous la forme d’êtres humains, d’animaux ou de monstres, p. 127. Les rites carnavalesques sont nettement distincts des rites du feu bien que souvent associés. 20 BENNAYYU et ses nombreuses variantes désignent des feux de joie, p. 127 Feux de Timgissin, p. 127 Feux des Aït Hamid, p. 128 Feux d’Assedrem, p. 128 Feux d’Imi-n-Zat, p. 129 Feux de Tiniskt, p. 130 Sauts par-dessus ces feux dans l’intention de se débarrasser de ses poux et puces. Mais ces parasites personnifient les péchés et doivent être considérés comme des maux envoyés par Dieu à ceux qui ont transgressé sa loi, p. 130 Pratique des Ida Ou Qais, p. 131 Pratique des Amanouz, p. 131 Pratique d’Agni, p. 132 Les jeunes filles parées d’ornements végétaux jettent la nuit des brandons allumés du haut d’une montagne, p. 132 Pratique des Aït Tatta, p. 133 : un bûcher central entouré de trois autres bûchers plus petits considérés comme ses « filles » dans lesquels brûle le tronc desséché d’un palmier. Cérémonie d’Iligh : le bûcher central appelé la « mère des étoiles s’est entouré d’une trentaine de bûchers secondaires considérés comme des « étoiles ». Le feu est mis à l’aurore, au chant du coq, p. 134 Autre exemple de feu circulaire : pratique de Touzzounin, Aït Oumribed, p. 134 La forme de ces bûchers et les usages dont s’accompagnent les cérémonies militent en faveur du caractère solaire des rites du feu, p. 135 AUTRES ACCEPTIONS DE BENNAYYU Une forme tabnnai̮i̮iut figure comme terme d’invocation dans des formules, p. 136 Lors des fêtes achouriennes des groupes d’enfants vêtus d’ornements végétaux vont, sous la conduite d’un chef, de seuil en seuil demander des aumônes, p. 136-144 Pratiques similaires à Kairouan, p, 146 en Grande Kabylie, p. 147 à Tlemcen, p. 147 à Ouargla, p. 148 Ces processions semblent avoir eu pour objet de promener de maison en maison l’esprit bienfaisant de la végétation présent au milieu du groupe d’enfants. Fêtes berbères et fêtes européennes dites de Mai, p.150 BENNAÏOU, chez les Ida Ou Semlal serait le nom du personnage mythique qui leur aurait enseigné la pratique d’allumer des feux de joie, p. 152 Bianou, chez les Touaregs de l’Aïr désigne une grande fête d’amour célébrée dans le mois de l’Achoura, p. 152 Babiianou d’Ouargla, correspond au Bianou touareg au bennayou marocain que l’on peut identifier au grec ἐπιφάνεια, p. 154 L’Épiphanie chrétienne et les fêtes berbères, p. 154 Baino et ses variantes employées en onomastique berbère pour désigner des hauts lieux à l’instar de Kronos et de Saturne, p. 155 Parmi les pratiques agraires ou solaires, licencieuses et jadis tragiques dont Baïno évoque le souvenir, persistent des survivances du culte rendu au Saturne Africain, p. 156 CONCLUSION Il règne une grande confusion dans la terminologie appliquée aux feux de joie les noms des feux s’appliquent à des pratiques étrangères à ces cérémonies ; mais les avoir étudiées a considérablement augmenté nos connaissances du folklore berbère, p. 157 Nombre d’usages africains ont leurs correspondants européens, p. 158 Le mariage des fiancés de Douzrou, la taslit-terre avec l’asli-ciel, ou l’asli-pluie, comme celui de Maṭa et son ravisseur sont identiques au mariage des dieux avec des êtres humains de la mythologie classique, p. 158 Les Anthestéries d’Athènes et les Mystères d’Eleusis, p. 158 Les feux berbères et les feux de la Saint-Jean procèdent de la même idée Westermarck les considère comme des rites de purification, d’expulsion du mal et de transmission de baraka, p. 159 Théorie par trop restrictive Des pratiques agraires sont associées aux rites du feu, p. 160 Des représentants humains des dieux périssaient jadis dans les bûchers berbères Maints faits tendent à montrer que les théories de Mannhardt et de Frazer s’appliquent aux usages berbères Parallélisme des usages berbères et des usages méditerranéens, p. 160 CARTE DU MAROC INDEX DES NOMS BERBÈRES ET ARABES, p. 161 INDEX DES NOMS PROPRES, p. 165

Extr. de : Hesperis. 1921. I. 3-66, pl. 253-316, pl. 387-420. Notes bibliogr. Index.