Livre - Être métis en Imerina, Madagascar, aux XIXe -XXe siècles

966 TIS

Description

Livre

Karthala

Tisseau Violaine 1978 - ...

Rajaonah Faranirina V.

Presentation materielle : 1 vol. (416 p.)

Dimensions : 24 cm

L'histoire de Madagascar est marquée, depuis l'origine de son peuplement, par l'importance des courants migratoires. De ce fait, les relations intimes entre vazaha (étrangers) et malgaches y sont anciennes. La colonisation de l'île, en 1896, va pourtant conduire à l'émergence de la « question des métis », commune à l'ensemble de l'empire français. Soucieuses de maintenir une situation coloniale hiérarchisée, ordonnée et cloisonnée, les autorités entreprirent une politique particulière à l'égard des métis, qui s'est concrétisée notamment par leur dénombrement, leur prise en charge dans des institutions spécifiques et l'aménagement de la législation pour faciliter leur accès à la citoyenneté française. Parce que les institutions recueillant les métis y étaient localisées, parce que ces derniers y étaient les plus nombreux et parce que les relations avec l'étranger y étaient ambivalentes, l'Imerina devint le lieu principal d'expression de cette « question métisse ». Or, cette société était organisée en groupes statutaires hiérarchisés dont les unions étaient réglementées. Son fonctionnement en foko (dèmes) associait en outre territorialité et ancestralité. Dès lors, comment les métis, dont l'origine dérogeait en partie à ces règles, ont-ils pu inscrire leurs trajectoires dans cette région ? Si cet ouvrage est centré sur le moment colonial (1896-1960), il remonte néanmoins au XIXe siècle précolonial pour montrer comment la colonisation a construit la catégorie « métis ». Il intègre aussi des prolongements contemporains, en analysant, notamment à travers les récits de vie, comment les métis ont su contourner ou se réapproprier cette catégo-risation en jouant de leurs appartenances multiples.

Remerciements, p. 7 Listes des sigles et des abréviations, p. 9 PRÉFACE, p. 11 INTRODUCTION, p. 19 1. RENCONTRE ENTRE MERINA ET EUROPÉENS AU XIXE SIÈCLE, p. 29 La société merina : hiérarchie, ancestralité et territorialité, p. 30 Organisation en groupes statutaires, p. 30 Les foko : l’enracinement territorial entre ancestralité et résidence, p. 31 Les mutations en Imerina au XIXe siècle, p. 34 Les étrangers en Imerina : intégration et mise à distance, p. 36 Laborde, entre visées coloniales et enracinement (1830-1878), p. 40 Sa venue en Imerina, p. 40 Le choix d’une épouse métisse et l’ancrage par les femmes, p. 41 Instrumentalisation de Laborde au profit de logiques politiques internes, p. 44 Laborde est la clé qui ouvre les portes de la capitale, p. 46 Laborde reste un étranger : exil et fin de vie, p. 48 Maillage territorial en Imerina : vers la constitution d’un tanindrazana, p. 51 Construction du tombeau et enterrement de Laborde, signes d’un ancrage réussi et prémices de disputes coloniales, p. 53 Du décès de Jean Laborde à la colonisation : la terre comme enjeu des relations franco-merina (1878-1896), p. 54 Métissage, filiation et héritage, p. 54 La terre, tanindrazana (terre des ancêtres) contre valeur marchande, p. 56 Contenir les unions mixtes pour préserver la propriété de la terre : la loi de 1887, à la confluence entre contrôle des individus et définition d’une « nationalité », p. 58 Intégration du métissage dans le discours français justifiant la colonisation de Madagascar, p. 61 Multiplication des contacts personnels entre les Merina et les Européens, p. 63 Contact au masculin et discours sur la femme merina : l’invention de la ramatoa, p. 66 Constitution des premiers couples mixtes, p. 68 2. LA SITUATION COLONIALE OU COMMENT LE MÉTIS DEVIENT SUSPECT, p. 71 Regards de l’un sur l’autre : ériger des frontières, p. 71 « Race », « civilisation », « progrès » : des catégories pour classer le monde et penser la colonisation, p. 71 Le métis : du sujet anthropologique au problème colonial, p. 73 Les origines du peuplement de Madagascar : l’inscription du métissage dans l’histoire de l’île, p. 75 Les Merina et les autres : « politique des races » et efficacité coloniale, p. 77 Couples mixtes en situation coloniale : maintenir les frontières, p. 79 De la prostitution aux unions durables, p. 79 Une image dépréciative de la femme merina, entre lascivité, vénalité et manipulation, p. 80 La violence de la rencontre, p. 82 Une proximité dangereuse : décivilisation et perte de prestige, p. 84 Tout le monde n’a pas le même droit à se métisser : respectabilité bourgeoise et contrôle social, p. 86 « Le métis », entre fantasmes et réalités, p. 89 Le métissage comme instrument de colonisation : « adapter » la population aux colonies, p. 89 Les métis comme intermédiaires et la mise en concurrence avec les créoles, p. 92 Une menace potentielle contre l’ordre colonial et la crainte du déclassement des métis, p. 94 La perception de la « question métisse » : du débat anthropologique à la question sociale, p. 97 3. LA « QUESTION MÉTISSE » : UN PROBLÈME SOCIAL, p. 105 La prise en charge des métis : un enjeu pour les autorités coloniales, p. 105 Des autorités partagées entre la crainte d’isoler les métis et la nécessité de secourir des enfants perçus comme vulnérables, p. 105 Le refus d’une intervention directe, p. 111 La Société d’assistance et de protection des enfants métis (SAPEM), p. 115 La création de la SAPEM, p. 115 Les effectifs de l’école des enfants métis, p. 119 Les objectifs de l’école des enfants métis, p. 123 Autres actions et portée de la SAPE, p. 126 L’œuvre des Paulins, l’oeuvre d’un homme, p. 131 La mise en place de l’œuvre des Paulins, p. 131 Une prise en charge matérielle et une œuvre d’éducation morale, p. 133 Les résultats obtenus, p. 135 Le salut par le foyer : l’œuvre des Franciscaines missionnaires de Marie, p. 136 La création de l’orphelinat des métisses comme figure imposée, p. 136 Apprendre à être d’honnêtes femmes et de bonnes épouses, p. 139 4. LA RÉSOLUTION JURIDIQUE DE LA QUESTION MÉTISSE, DU CAS PAR CAS A UNE SOLUTION PLUS OUVERTE, p. 143 Devenir citoyen français car fils de... : donner un statut aux enfants reconnus, p. 144 Premier pas : la circulaire de 1913, p. 144 Comment régler définitivement la question du statut des métis reconnus ?, p. 148 Le décret de 1916 : la reconnaissance de la citoyenneté des métis, p. 150 Devenir citoyen français car Malgache et de « sang français » : l’application du décret Fallières de 1909, p. 154 Présentation du décret de 1909, p. 154 Un accès plus aisé à la citoyenneté, p. 156 Portraits des bénéficiaires, p. 159 Les prémices d’une catégorisation juridique ?, p. 161 Mesurer le loyalisme et l’attachement à la France, p. 164 Devenir citoyen français car métis : le décret du 21 juillet 1931, p. 168 L’élaboration du décret, p. 168 Les mesures du décret : ouvrir la citoyenneté aux métis non reconnus, p. 170 L’application du décret, p. 175 5. STRATÉGIES DES PARENTS DE MÉTIS ET DES MÉTIS, p. 181 De l’usage de l’état civil européen : la reconnaissance, p. 181 Ne pas reconnaître son enfant, p. 181 La banalisation de l’acte de reconnaissance, p. 184 Donner un statut à ses enfants, p. 189 Noms et prénoms, p. 193 Les stratégies éducatives au cœur des processus de reclassement, p. 195 Précocité de la scolarisation en Imerina, p. 195 L’organisation du système scolaire colonial : hiérarchisée, localisée, pyramidale, discriminée et discriminante, p. 196 La place des métis dans cet environnement scolaire : les aménagements de la législation, p. 198 Une institution scolaire investie différemment par les parents et pour leurs enfants, p. 202 L’attrait du réseau scolaire public européen, p. 206 Le choix de l’enseignement dans les écoles catholiques, p. 209 La fréquentation des écoles malgaches des deuxième et troisième degrés, p. 210 Le séjour andafy (au-delà des mers), p. 212 Terminer ses études en France, p. 212 Le passage par l’armée pour accéder à la citoyenneté, p. 214 6. DES FAMILLES, ENTRE OUVERTURE ET FERMETURE, p. 219 Les formes des couples mixtes, p. 219 Les unions en Imerina : des liens réglementés, p. 219 Du concubinage au mariage pour les femmes malgaches et les hommes européens, p. 222 Hommes malgaches et femmes européennes : rareté des unions et légitimité obligée ?, p. 225 Les générations suivantes : des possibilités différentes d’union selon le sexe et la localisation, p. 228 Les stratégies d’alliances : classement, déclassement, reclassement, p. 231 L’apparition d’une endogamie métisse ?, p. 231 Vers le milieu européen : recherche de l’hypergamie et sauvegarde identitaire, p. 233 Vers le milieu malgache : incarnation de la proximité entre Européens et Malgaches et inscription dans les logiques merina, p. 235 La famille, un capital social entre publicité et affaire privée, p. 238 La maisonnée, de la famille nucléaire à l’entourage familial, p. 238 Liens et réseaux, p. 241 7. VIVRE A ANTANANARIVO ET A ANTSIRABE : LA CONSTITUTION D’UN GROUPE SOCIAL URBAIN ?, p. 245 Des métiers citadins, p. 246 Le projet colonial et la réalité, p. 246 Classe moyenne et sociabilité professionnelle, p. 250 Le cantonnement à des postes subalternes et techniques de la fonction publique, p. 252 La difficulté d’accéder à des professions libérales et aux talents, p. 254 Une sociabilité entre métis ?, p. 256 À Antananarivo, la possibilité d’une sociabilité multiple, p. 256 À Antsirabe, un groupe moins visible : isolement ou meilleure insertion ?, p. 261 Faire figure d’Européens, p. 263 Quartiers et maisons : s’insérer dans l’espace, p. 263 Des habitudes alimentaires entre quotidien et représentation, p. 264 Se vêtir, p. 265 8. À L’ÉCART DES VILLES : ÊTRE NOTABLE, « VIVRE A LA MALGACHE », p. 269 La terre comme point commun à une diversité de situations, p. 270 La tentative de colonisation militaire en Imerina (1896-1905) : des résultats décevants mais un enracinement de la population, p. 270 Le concessionnaire, entre ville et brousse, p. 277 Variations autour de la terre, p. 281 Sans la terre, que faire ?, p. 286 Travailler pour l’État, p. 286 L’insertion dans le tissu économique local et la place d’intermédiaires : petit commerce, artisanat, transporteur, hôtellerie, p. 288 Devenir malgache, p. 291 Vivre isolé et à l’écart du contrôle des vazaha, p. 291 Vers l’oubli du métissage, p. 294 9. S’ENRACINER EN IMERINA, A MADAGASCAR ?, p. 301 Le lien au tanindrazana entre appartenance sociale et identité culturelle, p. 302 La difficile inhumation au tombeau des ascendants malgaches, p. 302 La pratique du faire-part de décès, p. 304 Le choix du lieu d’inhumation : se créer ou non un tanindrazana, p. 310 La construction du tombeau : respect des pratiques merina et choix architecturaux, p. 313 Le famadihana, p. 316 L’insertion dans le tissu social merina par l’ancrage territorial et le retour au village ancestral, p. 320 Tanindrazana et adidy, p. 323 Un lien intime au tanindrazana : apprentissage de l’histoire familiale et relations aux ancêtres, p. 324 Au-delà d’une identité métisse et merina, l’engagement politique au nom d’une nation, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, p. 326 Le nouveau contexte politique malgache et les revendications d’indépendance, p. 326 L’absence de revendications des métis, p. 329 Les formes d’engagement dans la vie publique, p. 331 David Landry : être métis et lutter pour l’indépendance, p. 335 Louis Rakotomalala : le métissage reconnu, accepté et utilisé, p. 341 CONCLUSION, p. 347 GLOSSAIRE, p. 353 ANNEXES, p. 357 SOURCES, p. 371 BIBLIOGRAPHIE, p. 383 TABLES DES ILLUSTRATION, p. 409

En appendice, choix de documents Bibliogr. p. [383]-407. Notes bibliogr.