Sans-titre, 2012 © Jean-Baptiste Sauvage

Sans-titre, 2012 © Jean-Baptiste Sauvage

La Position du chercheur

Rencontres indisciplinées : arts et sciences sociales

Rencontres-débats/Conférences

Ces rencontres « indisciplinées » nouent un dialogue entre recherche scientifique et pratique artistique sur la part commune de matérialité du travail de recherche – la confrontation avec les matériaux et les archives, les gestes de la collecte, les méthodes d’enquête, les formes d’écriture et d’exposition. Cette démarche consiste davantage à décloisonner les discours qu’à interroger les spécificités respectives de ces recherches. L’enjeu est de penser la recherche en dehors des frontières disciplinaires afin de constituer un laboratoire de réflexivité et d’innovation offrant à chacun la possibilité de déplacer son regard sur ses objets et ses pratiques.

Rencontres coorganisées par le Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem), le Centre Norbert Elias (EHESS Marseille) et l’École Supérieure d’Art et de Design Marseille-Méditerranée (ESADMM) dans le cadre du programme de recherche « Bureau des positions ».
Les rencontres débutent le 8 novembre à la Vieille Charité (cinéma Le Miroir)
Mercredi 8 novembre 2017

Engagement et distanciation : le chercheur et son terrain


09h30-20h30
Cinéma Le Miroir – Centre de la Vieille Charité

Avec  Christiane Vollaire (philosophe), Philippe Bazin (photographe), Kapwani Kiwanga (artiste), Quentin Deluermoz (historien), Marie Voignier (artiste), Jeff Daniel Silva (cinéaste).

Comment évaluer la proximité ou la distance par rapport à son sujet de travail ? L’implication du chercheur conditionne son intelligence des problèmes à étudier ou des situations à documenter. En témoignent de nombreuses réflexions sur le placement de la caméra, mais aussi sur la place des émotions dans l’énonciation historique, ou encore sur le rôle heuristique des procédés littéraires et des techniques théâtrales de distanciation. Ce dialogue entre chercheurs et artistes vise à interroger le caractère heuristiquement fécond de l’implication sensible du chercheur, ainsi que le rôle du désir dans le geste de chercher.

Jeudi 9 novembre 2017

Isoler, cadrer, confronter : enjeux des gestes de la collecte


9h30-13h
Auditorium du Mucem

Avec Mathieu K. Abonnenc (artiste), Romain Bertrand (historien), Benoît de l'Estoile (anthroplogue)

Comment se constitue un objet de recherche ? Tout commence, comme le rappelle Michel de Certeau, avec le geste de mettre à part. Les premiers gestes consistent à collecter, à isoler, à cadrer, à confronter des sources, à opérer des changements de focale. Ils ont une force qui leur est propre, ils fabriquent du sens. Quels effets cela produit-il sur nos possibilités de compréhension ? Comment un objet se transforme-t-il en document, en objet archéologique ou ethnographique ? Qu’est-ce qui se perd lors de cette transformation qui est aussi un abandon de liens et de possibles ? L’un des objectifs de cette rencontre est de confronter les enjeux de différents gestes et pratiques de la collecte réalisés par des chercheurs et des artistes.


Donner voix, rephraser, monter : la recherche de formes d’énonciation


14h30-18h30
Auditorium du Mucem

Avec  Arlette Farge (historienne), Natacha Nisic (artiste), Caterina Pasqualino (anthropologue)

Comment faire parler des objets ? Comment prolonger la parole de voix disparues ? Ces questions animent de nombreuses démarches artistiques. Elles sont aussi au cœur de l’anthropologie visuelle ou de la réflexion que certains historiens portent sur l’écriture de l’histoire, sur l’usage et le traitement de l’archive. Que l’on construise un récit littéraire, cinématographique ou historique, ces questionnements entraînent de nouveaux usages de la citation et de la paraphrase, du découpage et du montage, de la voix off et de la figure du narrateur. Ils produisent des formes d’énonciation plurielles qui donnent à l’objet de la recherche la possibilité de se constituer comme sujet et d’évaluer lui-même son propre statut.

Vendredi 10 novembre 2017

Trouer le récit continu : espaces blancs, histoires potentielles et contrefactuelles


9h30-13h
Auditorium du Mucem

Avec Quentin Deluermoz et Pierre Singaravélou (historiens), Vincent Meessen (artiste), Uriel Orlow (artiste).

Une manière de refuser le caractère nécessaire de l’état des choses est, pour l’historien, d’imaginer à partir de ce qui s’est amorcé (mais non développé) dans l’histoire, ce qu’aurait pu être le futur de ces passés inaboutis. Il est possible d’écrire une autre histoire à partir d’avenirs non advenus : une histoire fictive, contrefactuelle, mais offrant des ressources à l’action, en dehors de l’évidence du présent. Ces expériences d’écriture en histoire, pratiquées parfois en anthropologie, peuvent alors rencontrer des expériences artistiques de mise en récit. Cela permet ici d’interroger les usages artistiques du document et de l’archive, le statut de la fiction et les régimes de véridicité.


L’exposition comme forme d’écriture


14h30-18h30
Auditorium du Mucem

Avec Philippe Artières (historien), Ali Cherri (artiste), John Franklin (Museum of African American History and Culture - Smithsonian Institution), Yann-Philippe Tastevin (anthropologue), Xavier Rey (conservateur, Musées de Marseille)

Exposer est une pratique commune à l’artiste et au chercheur en sciences humaines et sociales. On expose des images, mais aussi une pensée et des arguments. Qu’il soit visuel ou textuel, le montage construit du sens, tisse des récits et propose une narration. Aujourd’hui, philosophes et historiens de l’art cherchent des points de convergence entre la forme-livre et la forme-exposition. Des anthropologues, des sociologues et des historiens co-construisent des expositions dans des musées de société. Le commissariat de recherche pose clairement la question de l’engagement de l’art par rapport à la connaissance, et nous rend à l’évidence que la production du savoir est indissociable de ses formes de monstration et d’exposition. Une réflexion commune sur les enjeux de cette forme de narration ouvre un nouvel espace de dialogue entre recherches scientifique et artistique.

 

Tarifs

Entrée libre - Inscription par mail conseillée i2mp@mucem.org

Lieu Mucem, J4— Auditorium
Horaires

Jeudi 9 et vendredi 10 novembre de 9h30 à 18h30