Avec Souad El Maysour (artiste visuelle) et Christelle Taraud (historienne)
Modération : Rokhaya Diallo
Avec la participation de Caroline Chenu, chargée de recherches et de collections au Mucem. 

Dans une étude de novembre 2022, l’ONU estimait que chaque heure, cinq femmes en moyenne avaient été tuées par un membre de leur entourage en 2021… Cinq femmes par heure ! Le rapport qualifiait ce chiffre de « brutal rappel du fait que la violence à l’égard des femmes et des filles constitue l’une des atteintes les plus fréquentes aux droits de la personne dans le monde ».

Malheureusement, ce n’est pas une nouveauté. Dans tous les pays du monde, à toutes les époques, des femmes ont été tuées parce qu’elles étaient des femmes. Cette nouvelle séance des Procès du siècle interroge ce continuum de violences : les féminicides, plus on en parle, plus on les comptabilise et plus ils augmentent ?

Souad El Maysour (artiste visuelle)

Souad El Maysour © Eléonore Piret

Souad El Maysour opère dans le champ de l’art depuis de nombreuses années pour tisser des réseaux de convergences entre différentes trajectoires historiques et culturelles. Sa double culture marocaine et française lui a permis de développer une approche sensible et complexe des schémas de domination entre les pays dits du Sud et du Nord. L’ensemble de sa recherche est empreint d’une approche féministe qui lui permet d'interroger la situation des femmes à travers l’histoire. Souad El Maysour défend un travail artistique à la croisée de plusieurs approches associant observation et récoltes de terrain, rencontres et recueil de récits et d’expériences, explorations physiques (elle marche dans le désert sur les routes des anciennes caravanes), résidences artistiques et collaborations dans le cadre de recherches universitaires. Telle une archéologue de la mémoire, elle nous immerge dans une exploration parfois inconfortable, mais nécessaire, pour envisager la déconstruction des totems destructifs et figés insufflés par un système de production des inégalités.

Christelle Taraud (historienne)

Christelle Taraud © Charlotte Krebs

Christelle Taraud est historienne, enseignante dans les programmes parisiens de Columbia University et de New York University et membre associé du Centre d’histoire du XIX^e siècle des universités Paris 1 et Paris 4. Spécialiste des questions de genre et de sexualité(s) dans les espaces coloniaux, tout particulièrement au Maghreb, elle a notamment publié La prostitution coloniale. Algérie, Tunisie, Maroc (1830-1962) (Payot, 2009 [2003]), Mauresques. Femmes orientales dans la photographie coloniale (1860-1910) (Albin Michel, 2003) et « Amour interdit ». Prostitution, marginalité et colonialisme. Maghreb (1830-1962) (Payot, 2012). En septembre 2022, elle dirige Féminicides. Une histoire mondiale, aux éditions La Découverte, réunissant les meilleures spécialistes mondiales de la question, des œuvres d’artistes et d’écrivaines, des témoignages et des archives.

Rokhaya Diallo (journaliste, autrice, réalisatrice)

​​
Rokhaya Diallo © George T

Rokhaya Diallo est une journaliste française, autrice et réalisatrice primée. Elle est éditorialiste pour le Washington Post et le Guardian, et chercheuse au Centre de recherches Gender+Justice Initiative de l’université Georgetown (Washington). En France, elle enseigne les études culturelles à Paris 1 - Sorbonne et est chroniqueuse pour la télévision et la radio. Rokhaya Diallo est autrice d’une dizaine de livres et de bandes dessinées et a réalisé plusieurs documentaires. Avec Grace Ly, elle a également créé « Kiffe Ta Race » (Binge Audio), premier podcast francophone dédié aux questions raciales et classé parmi les meilleurs podcasts par Apple. En 2022, Rokhaya Diallo crée W.O.R.D., la première école dédiée à la prise de parole en public dans le but de démocratiser l’accès à la sphère publique.