Visuel Mohamed El Khatib, artiste invité Mucem

Visuel Mohamed El Khatib, artiste invité Mucem

Mohamed El Khatib, artiste invité

Mohamed El Khatib est l’artiste invité au Mucem pour la saison 2023.

Tout au long de l’année, il apportera sa touche personnelle à la programmation du musée et nous parlera, pêle-mêle, de migrations pendulaires en Renault 12, d’une Leila Shahid actrice, de la vie secrète des vieux, et de la vie intérieure des gardiens de musée (entre autres surprises).

Mohamed El Khatib

Auteur, metteur en scène et réalisateur, Mohamed El Khatib développe des projets de fictions documentaires singuliers dans le champ de la performance, de la littérature ou du cinéma. À travers des épopées intimes, il invite tour à tour un agriculteur, une femme de ménage, des marins, à co-signer avec lui une écriture du temps présent. Après Moi, Corinne Dadat qui proposait à une femme de ménage et à une danseuse classique de faire un point sur leurs compétences, il a poursuivi son exploration de la classe ouvrière avec la pièce monumentale STADIUM, qui convoque sur scène 58 supporters du Racing Club de Lens. Dans Boule à neige, il dissèque la vie des collectionneurs aux côtés de l’historien Patrick Boucheron, et avec le cinéaste Alain Cavalier, il tisse de part et d'autre de la Méditerranée une histoire de l'art intime.
Mohamed El Khatib a obtenu le Grand Prix de Littérature dramatique avec sa pièce Finir en beauté, où il évoque la fin de vie sa mère. Son texte C’est la vie, primé par l’Académie française, vient clore ce cycle sur la question du deuil, qui démontre qu’une comédie n’est qu’une tragédie avec un peu de recul.
Enfin, après avoir monté une Dispute singulière, c’est au cinéma qu’il aborde la question de l’héritage dans son dernier film Renault 12, un road-movie entre Orléans et Tanger.
Mohamed El Khatib est artiste associé au Théâtre de la Ville à Paris, au Théâtre National Wallonie-Bruxelles et au Théâtre national de Bretagne à Rennes.

 

Entretien avec Mohamed El Khatib

 
Mucem 

Vous êtes artiste invité au Mucem pour la saison 2023. Comment appréhendez-vous cette année ? 

Mohamed El Khatib (M.E.K.) 

Pour moi qui vient du théâtre, le musée est un espace de liberté totale. Tout est possible dans un musée ! Il n'y a pas de frontières entre les disciplines et les langages, c'est un espace de libre interprétation de notre histoire. Les musées sont des lieux d’expérimentation, on ne s’y pose pas la question du genre ou du format. Il y a une vraie liberté dans les formes de représentation, les rythmes, les flux. Travailler au sein d’un musée est donc particulièrement stimulant.

 

M.

Que vous évoque le Mucem, plus spécifiquement ? 

M.E.K.

Une forme de plaisir presque naïf car la Méditerranée c'est mon enfance ! J’envisage cette carte blanche confiée par le Mucem comme une contribution au patrimoine immatériel de la Méditerranée. Travailler ici présente à mes yeux un double intérêt scientifique et sociologique car il s’agit d’un musée centré sur les arts et traditions populaires ; mais également un musée tourné non pas vers Paris mais vers l’avenir, qui se trouve de l’autre côté de la Méditerranée. L’Afrique, c’est la jeunesse de demain. Face à notre Occident vieillissant, la vitalité s’invente au sud désormais. Que faire de cette jeunesse qui arrive ? Quel(s) mode(s) de vie inventer en commun ? De ce point de vue, la Méditerranée constitue un formidable laboratoire d’expérimentation humaine, politique et esthétique. 

 

M.

Quel peut-être le rôle d’un artiste du spectacle vivant au sein d’un musée ? 

M.E.K.

L'enjeu d’un artiste contemporain, c’est de faire émerger de nouveaux récits, et de travailler à la mise en récit du patrimoine, le rendre « vivant » et actuel. C’est cette opportunité que nous offre le spectacle vivant : raconter une autre histoire de notre patrimoine et réfléchir à des façons de partager cette histoire avec le plus grand nombre. Au Mucem, je vais donc essayer de reformuler les cadres museaux traditionnels en y injectant de l’art vivant afin de créer des expériences qui impliquent réellement les Marseillaises et les Marseillais. Ces dispositifs vont associer les habitants du territoire dès leur production même. Et ce, quel que soit le médium, car tout au long de l’année, il y aura des installations, des films, des performances… Il s’agit de cette manière de réactiver un patrimoine commun. Produire un certain nombres d’archives et de témoignages de première main qui puissent alimenter le récit du Mucem et celui de la vie aux abords de la Méditerranée.

 

M.

C’est par exemple votre projet Renault 12, autour des migrations estivales entre la France et les pays du Maghreb… 

M.E.K.

Je pense effectivement à tous ces gens qui ont fréquenté la Méditerranée, ceux de la génération de nos parents, qui ont quitté le Maghreb pour venir travailler en France et qui ont passé leur temps à faire des allers et retours entre leurs deux pays. Cette génération va disparaitre. Mais ces gens sont chargés d’une histoire. Pendant des années, ils ont sillonné la France en voiture ; et leurs récits de vies constituent un patrimoine immatériel de la Méditerranée. Ces vieux, nous allons partir à leur recherche, les interroger, et faire une somme de leurs histoires pour raconter une autre histoire de la Méditerranée, à travers le pare-brise d’une voiture. Ce sera une histoire de voyages, une histoire d’espoirs déçus. Une partie de l’histoire de France souvent occultée, mais constitutive de notre patrimoine national. 

Ce projet, c’est aussi redéfinir ce qui fait patrimoine. Je pense à Marseille, à la disparition des casses-automobiles par exemple... Je les considère avec une certaine tendresse. Je crois qu’on devrait les défendre au même titre qu’une collection d’art brut ! Faire revivre une casse, c’est comme faire revivre un cimetière. Et à travers l’histoire d’une voiture, c’est l’histoire de toute une famille, une génération qui peut rejaillir… Cette collection que nous allons créer aura une valeur sentimentale très forte. Je voudrais réactiver tout cela avec le public du Mucem.

 

  Propos recueillis par Sandro Piscopo-Reguieg (novembre 2022)

 

 

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