Brise Lames © DR

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Brise-Lames

Les Lundis d’après [docus]

Cinéma


De Jérémy Perrin et Hélène Robert (France, 2019, 1h08)
En partenariat avec Tënk
 
Au Japon, après le tsunami sans précédent de 2011 qui fit vingt mille morts et laissa une terre dévastée, les disparus reviennent des profondeurs de la mer pour hanter les vivants. Alors que se dresse un mur brise-lames titanesque, des histoires de fantômes se propagent le long de la côte japonaise. Le paysage de la reconstruction devient ce monde intermédiaire où le visible et l’invisible se confondent.
 
« En 2014, je lis une dépêche AFP sur les rumeurs de fantômes au Japon. Après le tsunami, des centaines d’habitants ont été possédés par les esprits des personnes noyées ou décédées. Cette réaction suite à la catastrophe me semble tout à fait extraordinaire et pourtant elle ne l’est pas. Les Japonais ont toujours intégré les morts dans la société et accepté leurs manifestations dans le monde réel, à tel point que la mort devient une variante de la vie, et non plus sa négation. Dans cette tragédie le contraste entre les deux dimensions est tout à fait saisissant, le “surnaturel” répond au “naturel”, les corps vivants sont habités par les corps morts, physiquement, dans la chair. La parole ne suffit pas, il faut vivre, éprouver, ressentir cette violence de la catastrophe pour accepter la réalité du traumatisme. Quelques mois plus tard, je me rends au Japon pour illustrer en photographie un essai littéraire de Richard Loyd Parry édité par les éditions Moyen-Courrier, Les Fantômes du tsunami. Je demande à Jeremy Perrin de m’accompagner pour enregistrer les entretiens. R. L. Parry, journaliste vivant à Tokyo, a suivi le maître zen Kaneta (le zen est le bouddhisme japonais) qui exorcise des gens possédés par les morts du tsunami. Les histoires qu’il raconte sont aussi incroyables que stupéfiantes. Mais loin des anecdotes sensationnalistes relayées par les médias, le texte de Parry aborde l’expression d’une résilience et permet une autre lecture du traumatisme. Au-delà de la valeur sociologique indiscutable de ces témoignages, leur puissance dramaturgique et sensible a été une évidence et nous avons très rapidement imaginé un dispositif filmique pour les accompagner. À la lisière du témoignage et de la fable, cette parole fait directement écho à notre approche cinématographique. L’envie de cinéma est née de ces récits, socles fictionnels d’un vécu documentaire. »


Hélène Robert

 

Avec

Tenk

 

Les Lundis d’après [docus]

« Les Lundis d’après [docus] » s’intéressent aux crises (climatique, sanitaire, économique) qui mettent en lumière des croyances et des traditions fondatrices de nos sociétés. À travers un cinéma ancré dans le présent, il s’agit de regarder le monde à contre-courant des pensées rationnelles et scientifiques. Et d’y voir, notamment, les fantômes qui hantent le Japon post-tsunami, les pouvoirs d’un guérisseur africain, les mythes contemporains d’une Italie perdue, ou encore les récits imbriqués d’une Espagne condamnée par la crise immobilière.
Ces objets filmiques, se positionnant entre réalité et fiction, nous montrent qu’aujourd’hui encore une certaine magie opère.

 

Interview des réalisateurs


 

Ce film était en visionnage libre du 16 novembre au 16 décembre 2020

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