Exposition Salammbô

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Affiche de l'exposition
Affiche Salammbô - Mucem
Scénographie

Flavio Bonuccelli


Diplômé en architecture à Florence, Flavio Bonuccelli est scénographe indépendant. Spécialisé dans la scénographie d’expositions temporaires et permanentes, son agence a travaillé pour différents musées comme le Musée d’Orsay, le Petit Palais, la Bibliothèque nationale de France, le Louvre Lens et le Musée des Beaux-arts de Lyon. Flavio Bonuccelli a notamment réalisé, « Degas à l’Opéra » au Musée d’Orsay, « J.R.R. Tolkien—Voyage en terre du Milieu » à la BnF, « Hippolyte, Paul, Auguste : Les Flandrin, artistes et frères » au Musée des Beaux-arts de Lyon, ou « Concept-Car. Beauté Pure » au Château de Compiègne. 

 

Projet de scénographie 


La scénographie de l’exposition est abordée comme trois mises en espace se répondant mutuellement : —Salammbô, une création : l’espace mental de Flaubert —Salammbô, un sujet de représentation artistique : l’espace de transfiguration —Salammbô, retour sur le réel : l’espace archéologique. Partant de la figure de l’octogone, que marquent profondément l’architecture et l’art de la mosaïque du bassin méditerranéen, la scénographie s’organise comme une composition régulière de salles ponctuées de pans à 45º, comme des éclatés d’édicules à huit faces. Ce dispositif permet de singulariser chaque séquence du parcours, de cadrer les groupes iconographiques ou sculpturaux. Des grandes portes à baies tronconiques renvoient à une architecture archaïque et au chaos des ruines de Carthage des premiers photographes. Ils marquent les seuils, ouvrent des perspectives à travers les salles, assurent la continuité visuelle du parcours, dirigent les vues sur les pièces maîtresses exposées. La perception de Salammbô dans l’art contemporain s’inscrit dans la continuité de l’histoire de l’art. C’est pourquoi, la scénographie, plutôt que de scinder les écoles, propose une lecture transversale en confrontant et en les faisant dialoguer. Art moderne et Art contemporain traversent l’ensemble des salles et suscitent de nouvelles lectures. La palette chromatique des cimaises est tirée des œuvres exposées. Outremer, rouge sombre, jaune d’or, retranscrivent en couleur trois axes majeurs de l’œuvre : la mer, la passion, la luxure.

 

Plan de l'exposition—Général


Plan de l'exposition Salammbô

Dossier enseignant

Dossier enseignant de l'exposition

Cartels d'œuvres

Cartels des œuvres

Entretien avec Sylvain Amic et Myriame 
Morel-Deledalle, commissaires de l’exposition
Mucem

Cette exposition s’inscrit dans le cadre du Bicentenaire de la naissance de Gustave Flaubert (1821-1880).

Pourquoi vous être précisément intéressés à Salammbô ? En quoi ce roman illustre-t-il l’influence qu’a exercé Flaubert sur son époque ?

Sylvain Amic

Pour présenter Salammbô, Guy de Maupassant écrit : « Est-ce là un roman ?
N’est-ce point plutôt une sorte d’opéra en prose ? […] Ce livre de géant, le plus plastiquement
beau qu’il ait écrit, donne aussi l’impression d’un rêve magnifique. » Voilà ce qui nous a guidé :
la puissance contagieuse de ce rêve, l’intense fascination que ce texte gorgé de sensations et
d’images exerce sur les lecteurs et les créateurs. Depuis 1862, Salammbô est devenu un phé-
nomène culturel considérable, dont la place dans les imaginaires n’a pas fini de nous étonner.
Lorsque Salma Hayek danse avec un serpent pour Tarantino, elle rejoue Salammbô.
 

 

   
Mucem  Peinture, sculpture, musique, cinéma... L’exposition convoque tous les champs des arts et même d’avantage…
S.A

C’est le propre d’un chef-d’œuvre que de nourrir tous les domaines de la création. Le
plus extraordinaire est de suivre le passage d’un médium à l’autre, du plus sophistiqué au
plus populaire, à travers toutes les couches de la société : le roman a déclenché une réaction en chaîne qui rebondit de génération en génération. Flaubert s’est comporté en véritable
démiurge avec Salammbô : au prix d’un immense travail il a recréé une civilisation perdue, une
galaxie de personnages, un véritable univers tissé de mille détails et de moments sublimes :
c’est un trésor merveilleux dont les meilleurs talents s’emparent. Je n’ai qu’un regret : ne pas
avoir pu éclairer l’exposition avec l’applique créée par les deux designers stars Garouste et
Bonetti. Il n’y en pas plus aucune en circulation, et les moules sont probablement détruits…

Myriame Morel-Deledalle

N’oublions pas l’apport de l’archéologie, bien présente dans l’esprit
de Flaubert, et nécessaire pour camper le décor du roman dans l’exposition : le site de Carthage
au IIIe siècle avant J.C. Dans l’exposition, toutes les formes d’art sont montrées, mais l’archéologie
constitue une approche très puissante pour rentrer à l’intérieur de l’œuvre de Flaubert, comme
à l’intérieur de cette civilisation phénico-punique encore mal connue.

 

   
Mucem Quelles sont selon vous les pièces les plus remarquables au sein de l’exposition ?
S.A Le manuscrit de Flaubert lui-même, ou s’inscrit sous vos yeux la phrase mémorable : « C’était
à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d’Hamilcar… » ! Je citerais aussi le tableau de
Carl Strathmann prêté par Weimar, qui contient des pierres précieuses dans sa couche picturale… Ou encore la tapisserie de Scipion, prêtée par le Louvre, et qui mesure neuf mètres ! Mais
c’est aussi la présence de certaines des plus importantes trouvailles archéologiques du site de
Carthage qui est exceptionnelle, en particulier le couvercle du sarcophage de la Prêtresse ailée.
 
M.M.-D

À propos des témoignages archéologiques, je parlerais d’abord des stèles du
tophet de Carthage, prêtées par le Louvre et le musée de Carthage. Le tophet, c’est le « sanctuaire », le lieu où l’on offrait aux divinités Tanit et Baal’Hammon ; Flaubert a pris le parti de
dire que des enfants y étaient sacrifiés, mais cela fait débat chez les spécialistes qui considèrent que l’on peut penser que c’était un cimetière d’enfants morts-nés et qu’on y sacrifiait peut-être majoritairement des animaux à titre de substituts. Sur les stèles de marbre ou
de calcaire que nous présentons, on peut voir des représentations d’animaux comme des
moutons et des oiseaux mais aussi un enfant ; ce qui pourra encore alimenter les débats.
Parmi les pièces remarquables, je citerais aussi les œuvres prêtées par le musée de Carthage,
comme l’exceptionnel sarcophage peint d’Arisatbaal, prêtresse de Tanit ; ainsi que les terres
cuites, dont un somptueux guerrier punique et un masque grimaçant, qui témoignent de la spé-
cificité des cultes puniques.

 

   
Mucem  Durant vos recherches, quelle a été la « découverte » qui vous a le plus interpellée ?
S.A Le dessinateur Philippe Druillet a passé sept ans de sa vie à convertir Salammbô en une
sorte de space opéra graphique sans équivalent dans l’histoire de la bande dessinée. L’irruption
de cette esthétique avec la revue Métal Hurlant en janvier 1980 a été un choc considérable :
des films comme Mad Max, Star Wars, Le Seigneur des anneaux y font directement référence.
Rencontrer l’auteur, et redécouvrir chez les collectionneurs les originaux, ces immenses planches
travaillées à l’encre, à l’aérographe, à la gouache, a été un éblouissement.
 
M.M.-D

Ma plus belle découverte, c’est le guerrier punique que nous a prêté le musée de
Carthage, une pièce encore jamais montrée. Elle a été trouvée dans un sanctuaire carthaginois du
IIIe ou du IIe siècle avant J.-C, elle est donc légèrement postérieure à la guerre des Mercenaires,
qui est le moment historique où se situe l’action de Salammbô. Ce buste en terre cuite est d’une
importance majeure car on ne connaît pas d’autre représentation de la guerre pour cette époque,
c’est donc exceptionnel pour nous de pouvoir le montrer. Le Mucem et le musée de Rouen se
sont associés pour le restaurer pour cette exposition.

 

   
Mucem Quels sont les échos de Salammbô dans notre monde contemporain ?
S.A Le regard se régénère à chaque génération, et découvre de nouvelles facettes : aujourd’hui
Salammbô est comprise comme une victime du patriarcat, et la révolte des mercenaires comme
un soulèvement de gilets jaunes ! Mais au-delà, Salammbô est devenu un patrimoine culturel partagé, qui réunit les deux rives de la Méditerranée. Connaissez-vous beaucoup d’héroïnes qui ont
donné leur nom à une ville ? C’est pourtant le cas avec la commune de Salammbô, à Carthage.
Les photographies de Douraïd Souissi, les collages de Yesmine Ben Khelil, les témoignages des
écrivains tunisiens recueillis pour le catalogue illustrent de cette appropriation qui a traversé
la période post-coloniale. ! La revue L’Histoire a titré en parlant de l’exposition : « Flaubert le
Tunisien ». La boucle est bouclée…