Exposition Civilization


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Affiche de l'exposition



   Civilization

Scénographie

Græphème
Amélie Lauret et Émilie Delanne


Græphème conçoit des espaces évocateurs et émotionnels pour des musées, des expositions, des événements, et des performances théâtrales. Après avoir travaillé indépendamment en tant qu’architecte et scénographe en France et à l’étranger, Amélie Lauret et Émilie Delanne ont récemment associé leurs compétences pour fonder un studio pluridisciplinaire. Elles réalisent des scénographies d’expositions temporaires et permanentes pour le musée du Quai Branly, le musée des Beaux-Arts de Rouen et pour le Mucem (VIH/sida, l’épidémie n’est pas finie ! en 2021-2022, et Pharaons Superstars en 2022). Elles créent en 2019 deux nouveaux espaces permanents d’introduction et d’actualité pour le département des Arts de l’Islam au musée du Louvre. En parallèle, passionnées par les arts vivants, elles collaborent avec des metteurs en scène et signent des scénographies d’opéras comme La Bohème au Mainfranken Theatre à Wurzburg en Allemagne (2019), L’Île du rêve au théâtre de l’Athénée avec la compagnie Winterreiseb (2018). En 2020, elles sont demi-finalistes du prix international RingAward20 de mise en scène et scénographie. Amélie Lauret et Émilie Delanne affirment leur pratique professionnelle à la croisée des domaines de la scénographie touchant l’architecture, l’exposition, le théâtre, l’opéra, l’événementiel et l’espace urbain. Ensemble elles cherchent à construire une vision sensible et innovante du monde qui plonge l’interlocuteur dans une autre réalité à la forme narrative sur mesure.
 

La scénographie


La scénographie de l’exposition « Civilization – Quelle époque ! » a été imaginée autour du concept du labyrinthe. Véritable chemin initiatique, le labyrinthe symbolise le voyage que l’homme doit accomplir à travers les épreuves et les difficultés de sa propre existence. Il traduit spatialement le contenu photographique présenté dans l’exposition, représentant un monde complexe, architecturé, sans éléments naturels.
Il renvoie également à l’idée de trame : trame urbaine, ou encore trame tissée à l’échelle mondiale avec les flux de population, mais aussi les flux de communications numériques.
Perdu dans la densité de la trame, le visiteur prend un temps de pause et de recueillement au sein des kiosques qui jalonnent le parcours. Une architecture dans l’architecture, le « kiosque » est délimité par un sol, un toit et des murs. Architecture pleine au milieu de cette trame dense de cimaises, il est marqueur et refuge tout au long du parcours, concluant chaque section pour introduire la suivante.

 

 

Plan de l'exposition—Général


 

Plan Civilization

Plan de l'exposition—Général.pdf

 

Dossier enseignant

Dossier enseignant de l'exposition.pdf

Textes de salle et cartels d'œuvres

Cartels citations.pdf  Cartels complets.pdf 

Entretien avec Holly Roussell et William Alexander Ewing, commissaires de l’exposition
« Cette exposition est un portrait de notre civilisation à travers la photographie. »
Mucem (M.)

L’exposition dresse un portrait de notre civilisation à travers la photographie. Quelle est l’idée qui vous a menés vers ce projet ?

   
Holly Roussell et William
Alexander Ewing,

Pendant la révolution industrielle, une civilisation planétaire a commencé à émerger. Cette civilisation mondiale (parfois appelée « civilisation universelle » ou « méta-civilisation ») est une oeuvre collective, additionnant ses propres outils à ceux que nous avons accumulés au cours des millénaires. Jamais, auparavant, les êtres humains n’avaient été aussi interconnectés et aussi interdépendants. Et pourtant, ce formidable sens du collectif a été éclipsé par le culte de l’individualisme. Le « je » a pris le pas sur le « nous ». Nous avons oublié que nous étions fondamentalement des animaux sociaux.

Depuis l’invention de la photographie, elle-même issue de cette même révolution industrielle, les photographes sont allés partout, ils ont tout photographié. C’est encore plus vrai aujourd’hui, avec les technologies qui permettent d’aller plus vite, plus loin.

La civilisation est planétaire, cumulative et collective. La photographie est à son image. Les photographes travaillent dans chaque continent, dans chaque pays, chaque ville, chaque village. Ils peuvent photographier seuls, mais la circulation de leurs travaux dépend d’un effort collectif rassemblant assistants, techniciens, imprimeurs, éditeurs, graphistes, agents, commissaires, galeristes, chauffeurs et pilotes.

Les photographes étudient l’histoire de leur médium, ils la respectent, et ils s’appuient sur le travail de leurs prédécesseurs. Ensemble, ils construisent un portrait vivant de la civilisation du début du XXIe siècle.

   
M. Comment s’est effectuée la sélection des images présentées ?
 
H.R. et W.A.E. Le travail de sélection a pris compte d’un certain nombre d’éléments. Il faut d’abord préciser que huit thématiques ont émergé de ce travail. La structure de l’exposition n’était pas décidée à l’avance, elle s’est imposée naturellement, et celle-ci se veut « poétique » avec des thématiques suffisamment ouvertes pour permettre une dispersion ludique des images. Ces thématiques présentent les idées fortes que nous avons identifiées à l’examen des différents projets, elles définissent notre civilisation planétaire contemporaine et agissent comme des panneaux de direction pour guider le visiteur tout au long de son voyage. Par exemple, le thème « Flux » montre des oeuvres représentant littéralement le mouvement des ressources (par exemple Henrik Spohler), le mouvement des personnes (Florian Böhm), le mouvement des véhicules (Mintio), mais aussi des flux plus abstraits tels que le mouvement de l’argent au sein de l’économie mondiale (Paolo Woods et Gabriele Galimberti).

En ce qui concerne la sélection des photographies, nous avons souhaité privilégier, dans la plupart des cas, des images originales et puissantes, capables à elles-seules d’illustrer une idée ou un thème universel. Par exemple, un seul coup d’oeil à l’une des photos de Xing Danwen vous amènera immédiatement à réfléchir à la question des déchets électroniques, de la pollution, de l’interconnexion de nos chaînes d’approvisionnement…

En plus de ces images puissamment narratives, nous avons également cherché à réunir des artistes issus de nationalités, de genres ou de générations différentes. Ainsi, cette exposition sur la civilisation mondiale du XXIe siècle devient l’occasion de dresser un état des lieux de la photographie contemporaine.
Enfin, quand nous devions faire un choix entre deux images, nous avons cherché à retenir celle dont le langage visuel, l’identité, la technique, étaient les plus aboutis. Cette oeuvre est-elle issue d’un coup de chance ? Pouvons-nous soutenir, par un projet d’exposition, un artiste qui selon nous mérite davantage de reconnaissance ? C’est souvent dans cet esprit que nous avons travaillé. La sélection a suscité beaucoup de débats entre nous.
   
M. Quelles idées qui vous viennent à l’esprit, pour résumer toutes ces images ?
   
H.R. et W.A.E.  D’une part, la complexité, l’ingénuité, la variété, la diversité. De l’autre, la crise, l’ordre menacé, le chaos.
   
M. Vous avez choisi de mettre en valeur le « collectif » dans un monde où dominent les valeurs de l’individualisme…
   
H.R. et W.A.E. Nous croyons que le sens du collectif est masqué par le culte de l’individu. Par exemple, Hollywood (ou Bollywood !), ces machines à rêves à la résonance mondiale, nous éblouissent avec une poignée de stars. Mais chacun prend conscience qu’un film reste une oeuvre collective lorsque défile le générique de fin… Ce qui nous intrigue, c’est la façon dont nous avons tendance à oublier combien de découvertes importantes à travers l’histoire ont été le fruit d’un travail collectif, et non individuel.

Plutôt que nous focaliser sur ce qui fait de nous une collection d’individus et d’histoires personnelles, « Civilization—Quelle époque ! » s’intéresse à la civilisation collective planétaire du XXIe siècle. Elle se concentre sur ce qui est partagé, – le caractère cumulatif de l’entreprise humaine, qui a donné naissance à la société la plus complexe et la plus interconnectée que le monde ait jamais connue. Pourtant, nous ne nions pas les différences entre les civilisations ; des chercheurs comme Niall Ferguson parlent d’homogénéisation tout en admettant les disparités. Les cultures et les pays du monde partagent des valeurs communes comme la famille, et l’on retrouve partout des systèmes de contrôle social comme les lois, la police, les prisons, mais aussi des systèmes de transport, des systèmes monétaires… Cela ne signifie en aucun cas que nous manquons de diversité, mais cela montre bien qu’en tant qu’humains, au fil des générations, nous avons évolué, nous avons appris, nous avons emmagasiné de l’expérience dans nos interactions avec les autres cultures pour arriver à des choix similaires, ou pour travailler ensemble à vivre plus longtemps et coexister efficacement.

Quelle sera la prochaine étape ? Que nous réserve l’avenir pour 2100 ou 2200 ? Ce qui semble évident, c’est que ce nouveau monde sera une entreprise collective. Nous sommes confrontés à de nouveaux défis, c’est certain ; mais l’un des éléments positifs de cet avenir toujours plus collectif est que la communauté avec laquelle nous allons affronter ces défis, comme la pandémie que nous traversons en ce moment, est une communauté mondiale.
   
M.  Comment s’organise l’exposition ?
   
H.R. et W.A.E. Il s’agit d’une exposition d’envergure, puisqu’elle présente les travaux de 110 photographes originaires de près de 30 pays, et couvre les principaux aspects de la vie humaine : le travail, les loisirs, la production, la consommation, l’ordre, le désordre… Cette exposition est un portrait de notre civilisation à travers la photographie.
Nous avons conçu l’exposition comme un voyage en huit étapes : « Ruche » (qui s’intéresse aux endroits où nous vivons), « Seuls ensemble » (autour des relations sociales), « Flux » (qui illustre le mouvement des peuples, des marchandises, des idées), « Persuasion » (autour des mécanismes que nous utilisons pour persuader les autres), « Contrôle » (c’est-à-dire l’autorité, le pouvoir), « Rupture » (autour des conflits au sein de nos sociétés), « Évasion » (autour des loisirs) et « Après ? » (qui regarde le nouveau monde qui prend forme au XXIe siècle). Cette structure est assez souple, de nombreux visiteurs vont se dire : « J’aurais plutôt mis cette image dans une autre section » ; mais c’est aussi le type de réflexion que nous souhaitons provoquer.
   
M.  Comment ces dessins ont-ils été collectés ?
   
Z S. G L’identification des dessins est une histoire toujours surprenante de recherches mêlées de bifurcations, hasards et discussions. Mais c’est d’abord un grand maillage de lectures, de rencontres, de confiances et mobilisations sur un temps long, qui permettent de cheminer sur un sujet aussi vaste.

Au-delà de quelques cas particuliers, je distingue plusieurs types de sources :

Les sources muséales et archivistiques : il s’agit le plus souvent de dessins sur des conflits anciens (Première et Deuxième Guerre mondiale, guerre d’Espagne...), ou bien encore des sources assez récentes auxquelles on a donné assez immédiatement un statut d’archives à protéger (je pense par exemple aux dessins du Darfour que les ONG Waging Peace et Human Rights Watch ont déposé dans des fonds archivistiques). Ces fonds d’archives protégés et aujourd’hui entre les mains d’institutions ont parfois nourri des publications d’historiens (par exemple sur les enfants d’Allemagne et des territoires annexés par les nazis, sur des enfants parisiens durant la Première Guerre mondiale, ou encore sur les enfants de la Guerre d’Espagne). Il y a aussi des archives de plusieurs associations et ONG sur des missions passées (comme Enfants Réfugiés du monde), et enfin des archives personnelles—par exemple le fonds du photographe correspondant de guerre Patrick Chauvel, qui comprend des dessins d’enfants tchétchènes de la deuxième guerre de Tchétchénie, documents photographiés à l’occasion de la réalisation d’un film en 2000.

Le second type de sources, ce sont les sources éditoriales, datées principalement entre 1960 et 2000. Des artistes engagés auprès d’un peuple et sa cause ont porté des projets éditoriaux après avoir fait dessiner des enfants, le plus souvent déplacés ou réfugiés (contextes des guerres en Algérie, en Palestine, au Sahara occidental). Ces dessins nés sous l’impulsion d’artistes se distinguent souvent picturalement. Je pense ici aux dessins rassemblés par les artistes Seta Manoukian, Mona Saudi et Kamal Boullata. Des ONG ont aussi accompagné des projets éditoriaux à partir des années 1980-1990. Dans les deux cas, ce sont des éditions dédiées uniquement à un conflit avec l’objectif du témoignage et de la sensibilisation, y compris parfois sur le travail clinique en situation humanitaire. Dans la majorité de ces cas, la plupart des originaux ont disparu. Le travail consiste alors à valoriser ces reproductions éditoriales.

Et puis, bien sûr, domine la partie très contemporaine des sources identifiées grâce aux institutions internationales (UNICEF, UNHCR, partenaires du projet), aux ONG (Médecins Sans Frontières, SOS Villages d’Enfants, Triangle Génération Humanitaire, Human Rights Watch, Solinfo, Alwane,…). C’est une très belle chaîne qui s’est mobilisée (et qui continue) jusque dans les camps de réfugiés et centres de soins ; et bien sûr des soutiens et des confiances données et rassemblées autour de l’objectif commun : montrer ces dessins. Il s’agit là de documenter au mieux ces sources provenant de conflits contemporains, avec la nécessaire protection des enfants et de leur identité. Tisser ces liens, prendre soin des implications et de toutes les aides apportées est une démarche longue, bien sûr, mais passionnante.
   
 
   
   

 

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