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Affiche de l'exposition



Affiche exposition Voyage Voyages, Mucem
 

Scénographie

Studio Matters—Joris Lipsch et Floriane Pic

Réunis autour de leur passion pour les arts, Joris et Floriane, architecte et graphiste, ont entamé leur collaboration aux États-Unis, à New York, avant de créer à leur retour en Europe, en 2010, entourés de dix architectes, la coöperatie The Cloud Collective basée à Rotterdam, puis à Amsterdam aux Pays-Bas, et enfin implantée depuis 2014 à Paris, sous le nom du Studio Matters, autour de Joris et Floriane – ils s’y sont spécialisés dans des projets architecturaux, scénographiques et graphiques pour des institutions culturelles tels que la conception d’expositions temporaires et permanentes, l’aménagement de parcours de visite et de leur signalétique, la réalisation d’identités visuelles et d’éditions. Depuis, ils ont réalisé des projets graphiques et scénographiques pour le musée de l’Orangerie, le musée d’Orsay, le musée d’Art moderne de Paris, le musée Fabre à Montpellier, le musée Granet à Aix-en-Provence, le musée des Beaux-Arts de Caen, la Cité internationale de la tapisserie d’Aubusson, le musée-château d’Annecy, le musée des Beaux-Arts de Valenciennes, la Villa Médicis à Rome, l’Institut pour la ville en mouvement à Shanghai, l’Institut des lettres à Amsterdam, etc. Soucieux des détails et avançant main dans la main, ils partagent leurs visions architecturale, scénique, graphique, dès les prémices du projet, et s’attachent à son respect jusqu’à sa mise en espace.


Projet de scénographie

Si le voyage interroge le monde, la scénographie de l’exposition doit permettre aux visiteurs de prolonger cette interrogation telle une intro- / extrospection.
Dans la continuité du propos des différentes sections et thématiques de l’exposition, Marseille a joué un rôle très important dans l’entreprise du voyage, à la fois comme début, dans la fuite des artistes vers les États-Unis à l’aube de la Deuxième Guerre mondiale, et comme fin, définitive ou pas, dans le cas de la traversée de la Méditerranée.
Dans l’organisation scénographique, ceci se traduira par l’alternance d’espaces à la déambulation libre dédiée à des oeuvres monumentales, limités seulement par les rideaux et la façade vitrée du Mucem, et des moments introvertis où le visiteur se trouvera entouré d’oeuvres.
S’il y a un élément singulier fort qui puisse évoquer l’ailleurs, c’est l’horizon. En écho au cadrage panoramique des fenêtres d’un train ou d’une voiture, aux territoires de prédilection des roadtrips américains ou encore à la vue infinie sur la mer, notre proposition introduit l’horizon comme un outil visuel fort, un horizon qui cadre et qui révèle. Des ouvertures permettent d’entrevoir la suite du parcours de l’exposition. Ces ouvertures placées essentiellement à hauteur de regard, et au format paysage, cadrent ainsi de façon très étroite les visages des autres visiteurs et les parties centrales des oeuvres tout en donnant une vue très large d’un espace à l’autre. Par leur mise en forme et leur disposition, les textes de salle viennent également souligner cette horizontalité.
Afin de donner le temps aux visiteurs de fixer les multiples empreintes de leur voyage, la scénographie présente des points de contemplation voire même de repos tout au long du parcours ; ces points, liés aux installations monumentales, offrent ainsi des temps d’évasion et sont essentiels à l’expérience scénographique. Des moments soulignés par des nuances de bleu qui évoluent tout au long de l’exposition.
Pour accompagner notre démarche scénographique, nous avons souhaité retranscrire graphiquement l’idée du voyage, de ce mouvement permanent à la fois psychologique ou physique, dans l’impalpabilité de la trame et par le dessin cheminant des caractères typographiques.
Bon voyage !
 

 


Plan de l'exposition—Général



Plan général scéno Voyage Voyages



Plan de l'exposition—Général.pdf

 


Plan de l'exposition—Par section


plan sceno voyage simplifie

Plan de l'exposition—Par section.pdf

 


Plan de l'exposition—Technique


plan sceno voyage technique

Plan de l'exposition—Technique.pdf 
 

Dossier pédagogique

Dossier pédagogique de l'exposition.pdf

Textes de salle et cartels d'œuvres

Section1—Voyage Voyages.pdf  Section 2—En valise.pdf  Section 3—Sur l'autre rive.pdf  Section 4—La planète affolée.pdf  Section 5—Sur la route.pdf  Section 6—Cartes et traces.pdf  Section 7—Sea and Sun.pdf  Section 8—Exil.pdf  Section 9—Matisse.pdf 


Autres cartels


Cartels développés des œuvres.pdf   

Cartels simples des œuvres.pdf  
 

Entretien avec Christine Poullain et Pierre-Nicolas Bounakoff, commissaires de l’exposition
—Christine Poullain est l’ancienne conservatrice du musée des Beaux-Arts de Grenoble. Elle a dirigé les musées Cantini et d’Art contemporain de Marseille avant de prendre la direction de l’ensemble des musées de la ville, de 2011 à 2016. Elle continue à concevoir des expositions, comme commissaire, et est l’auteur d’un ouvrage (en cours de publication) sur la figuration dans la première moitié du XXe siècle.

—Pierre-Nicolas Bounakoff est historien d’art et commissaire d’exposition. Il a notamment organisé l’installation Tchouri de Yan Tomaszewski, au musée de l’Air et de l’Espace du Bourget en 2018, et « Iwalewa, quatre vues de l’Afrique contemporaine » à Bordeaux en 2013.
 
Mucem (M.) Pourquoi avoir choisi de parcourir l’histoire de l’art à travers la thématique du voyage ?

 

Christine Poullain (C.P.) Il est passionnant de montrer comment un thème a inspiré les artistes, et quelles formes et interprétations ce sujet leur a offertes. Le voyage a toujours été source d’influences, d’échanges et d’évolutions artistiques. Le premier d’entre eux et le plus déterminant dans l’art occidental est, dès le XVIe siècle, le Grand Tour en Italie des Nordiques, des Français et des Espagnols, qui a profondément marqué les mouvements artistiques dans toute l’Europe. Au XXe siècle, le développement considérable des moyens de communication, les deux guerres mondiales, les phénomènes migratoires et la mondialisation ont transformé la notion de voyage et de déplacement qui sont par là même devenus une question centrale dans le geste artistique.
Notre propos est d’étudier comment, depuis la traversée de la Méditerranée vers l’Afrique du Nord au début du siècle dernier par Matisse, Klee, Kandinsky et tant d’autres, jusqu’aux phénomènes migratoires récents, le XXe siècle et le début du XXIe siècle ont été jalonnés de multiples déplacements induits par des motifs très divers. Ils ont conduit les artistes à inventer une conception nouvelle de l’art, une vision autre du monde, à explorer toutes les techniques possibles et à métamorphoser le paysage artistique.

 

Pierre-Nicolas Bounakoff
(P-N.B.)
Il existe aujourd’hui nombre de manières de voyager, du voyage d’affaires au tourisme pur et simple, et ces déplacements sont vus comme un des éléments importants de la mondialisation. Dans ce contexte, il nous a semblé pertinent de nous arrêter un instant pour regarder ce que les artistes du siècle dernier ont pu raconter du voyage, et ce que les artistes contemporains en disent aujourd’hui. Dans l’image collective que l’on en a, il est assez courant d’associer un artiste à un atelier, dans lequel on l’imagine travaillant seul et enfermé. Notre exposition se propose de montrer une réalité bien différente.
Lorsque Matisse part découvrir la Polynésie, c’est avant tout avec le besoin de renouveler son oeuvre en allant chercher de nouvelles sources d’inspiration. L’idée d’une exposition sur le voyage provient de cette histoire, parmi tant d’autres. Nous avons voulu rechercher et montrer ce qui raconte le voyage au-delà de la simple biographie des artistes. S’il est intéressant de savoir que Marcel Duchamp est parti pour New York en 1915, et que On Kawara y était en 1972, ce que nous avons voulu reprendre ici, ce sont surtout les oeuvres tangibles qui résultent de ces voyages : pour On Kawara, des cartes postales quotidiennes qui suivent le rythme d’une vie, pour Marcel Duchamp des oeuvres provocantes pour les milieux américains.
En suivant ces oeuvres, il apparaît clairement que les voyages qui inspirent les artistes sont à l’origine de grandes avancées dans l’art moderne et contemporain, qui n’auraient jamais eu lieu si les artistes étaient restés tranquillement chez eux.
 
   
M. De Matisse à Zineb Sedira, l’exposition présente des oeuvres réalisées de la fin du XIXe siècle à nos jours. Comment la perception du voyage a-t-elle évolué durant toute cette période ?
   
C.P. Est-ce une question d’évolution ? Ou plutôt de transformation, liée à des réflexions très diverses et aux bouleversements historiques que le XXe siècle a pu traverser ? Gauguin, dans sa fascination pour la Polynésie, puis les artistes fauves français et les Allemands fondateurs du Blaue Reiter (Klee, Kandinsky, Macke…), qui ont traversé la Méditerranée en quête d’autres formes et d’une lumière différente, étaient animés par leur désir de bouleverser les codes picturaux classiques et d’inventer une représentation autre. Le voyage en miroir à la fin du siècle dernier de l’Afrique du Nord vers la France répond quant à lui à un besoin de fuir la misère, la
pauvreté, l’absence de liberté, l’instabilité politique, dans l’espoir de rencontrer un ailleurs, un avenir possible, une vie nouvelle et acceptable.
Alors que la Deuxième Guerre mondiale a contraint nombre d’artistes et d’intellectuels, réfugiés dans le sud de la France, à fuir l’invasion allemande pour gagner les États-Unis, où les influences partagées des surréalistes et de la jeune peinture américaine ont joué un rôle déterminant des deux côtés de l’Atlantique, le thème de la valise, attribut symbolique du voyage, est devenu source d’inspiration métaphorique pour certains artistes tels que Marcel Duchamp et sa Boîte-en-valise, conçue comme un musée portatif autour de l’univers condensé de la boîte surréaliste ou d’un cabinet de curiosités. La Japonaise Chiharu Shiota, quant à elle, s’est emparée de ce matériau banal pour créer une vague mouvante et poétique composée d’une centaine de valises d’occasion suspendues dans l’espace, qui pose une question récurrente dans son oeuvre : les souvenirs que l’on conserve du passé nous construisent-ils ou nous empêchent-ils d’avancer (From where we come and what we are) ?
L’errance devenue une posture artistique de quête d’un « nulle part » (« Toujours aller là où les routes s’arrêtent sur les cartes, là où il n’y a plus rien », Bernard Plossu) dans les années 1960-1970, probablement destinée à trouver d’autres voies que celles de l’utilitarisme, a incité nombre d’artistes à défendre un art où le concept de déplacement sans but ni destination précis était à lui seul synonyme d’une liberté affirmée de l’expression artistique.
Plus tardivement, et motivés par des raisons migratoires liées à la situation politique et économique de leurs pays d’origine, certains artistes comme Barthélémy Toguo se sont réfugiés dans un exil sans fin fondé sur l’idée de transit, de mouvement incessant, ouverte et altruiste sur le destin de l’homme et la marche du monde.
   
P-N.B. Pour les artistes comme pour nous tous, il me semble que la perception du voyage a évolué parallèlement à la perception de la planète en général. Et cette évolution suit deux directions opposées. D’une part la possibilité de découvrir le monde s’est agrandie, à travers les transports qui peuvent atteindre quotidiennement n’importe quel point du globe, à travers les informations qui nous racontent à la fois les incendies en Amazonie et les problèmes diplomatiques en Corée, et d’autre part les nombreuses distances se sont rétrécies, avec les réseaux Internet qui peuvent faire instantanément le tour du monde. C’est l’ambiguïté d’un monde qui devient en même temps plus grand et plus petit.
Umberto Eco disait à ses étudiants que si les recherches du début du siècle consistaient à fouiller les bibliothèques pour trouver les textes qui leur seraient utiles, aujourd’hui les textes sont disponibles partout en grande quantité et que la recherche consiste surtout à en faire le tri. Il me semble que ce conseil correspond assez bien à l’évolution du travail des artistes. Alors qu’au début du siècle, voyager revenait à explorer d’autres lieux, d’autres cultures, et que les oeuvres de Klee ou de Kandinsky faisaient part de leurs découvertes, aujourd’hui, les vidéos de Camille Henrot montrent l’afflux énorme d’informations disponibles partout, et témoignent de sa manière de les trier et de les associer pour en tirer sa propre vision de notre époque.
Ce qui inspire les artistes et nourrit leurs oeuvres est devenu un mélange de regards, de personnes et de lieux de plus en plus complexe, notamment grâce au voyage.
   
M. Qu’est-ce qui vous a le plus étonnés, questionnés, durant vos recherches sur cette exposition ? 
   
C.P. Le plus étonnant dans cette exposition, et même si c’est souvent le cas au cours des recherches menées autour d’un thème, c’est l’incroyable diversité du parcours et des oeuvres exposées. Il est vrai que le sujet et la période ouvrent des perspectives historiques, géographiques et artistiques particulièrement riches et offrent une abondance d’évocations métaphoriques qui nous montrent à quel point le voyage, dans toutes les formes qu’il a pu prendre, est devenu une question centrale dans notre civilisation. Les artistes l’ont interprété de mille manières : quel rapport existe-t-il entre Air de Paris de Marcel Duchamp et Polynésie d’Henri Matisse – soit entre une ampoule pharmaceutique vidée de son contenu et remplie de l’air léger et joyeux de la capitale française, et ces tapisseries où de grands oiseaux blancs environnés d’algues et de coraux symbolisent la poésie de l’archipel du Pacifique –, si ce n’est deux visions, deux versions du concept de déplacement et de voyage ?
Ce sont ces symbolisations et ces inspirations si différentes qui ont porté notre intérêt et souvent suscité nos questions. Notre idée, dès le départ, a été de faire voyager les visiteurs dans le temps et dans l’espace à travers la création artistique. La position géographique du Mucem à Marseille, édifié à l’entrée de l’un des plus grands ports de la Méditerranée, n’a pas été sans jouer un rôle déterminant dans notre propos.

P-N.B.

Plus qu’un étonnement à proprement parler, la mise en place de cette importante suite d’oeuvres qui traverse plus d’un siècle à travers les mers et les continents fait apparaître une forme d’observation du monde qu’il est désormais possible d’étudier rétrospectivement. À l’heure où la réflexion sur l’appropriation culturelle fait largement débat, le mouvement du voyage permet d’ajouter de nombreux éléments à cette large question. Par exemple, comment définir la culture d’un personnage comme Kandinsky, issu de la faculté de droit de Moscou, devenu artiste engagé dans le Bauhaus en Allemagne et ayant produit ses oeuvres tardives à Paris ? Son travail réalisé en Tunisie montre un artiste aux yeux grands ouverts, inspiré et influencé par tout ce qu’il découvre, partout où il se rend.
Et Kandinsky n’est en rien le seul parmi les artistes représentés dans cette exposition à avoir mêlé plusieurs bases à sa culture artistique. Avant la Polynésie, Gauguin a été largement inspiré par la découverte de la Bretagne puis de la Martinique. Barthélémy Toguo, qui a fait ses études entre Abidjan, Grenoble et Düsseldorf, travaille maintenant avec un pied à Paris et l’autre à Bandjoun. Plutôt que d’appropriation, qui se trouve désormais violemment critiquée, il me semble qu’il s’agit là d’une forme de partage ouvert entre tous ceux qui habitent la même planète.
   
M. Quelles sont les œuvres les plus remarquables parmi la centaine de pièces présentées ?
   
C.P.  La réunion des deux tapisseries d’Henri Matisse Polynésie le ciel et Polynésie la mer, qui n’a jamais eu lieu à ma connaissance, est l’un des événements remarquables que nous nous réjouissons d’offrir aux visiteurs de l’exposition. Les cartons de ces oeuvres tissées tardivement ont été inspirés à l’artiste 18 ans après son voyage à Tahiti, et révèlent la liberté de pure fantaisie et le bonheur de vivre que Matisse a toujours tenté de transmettre.
Les tableaux de Vassily Kandinsky (Arabische Stadt), de Paul Klee (Kairouan devant la porte, Dünenlandschaft) et d’Henri Matisse (La Baie de Tanger) montrent la formidable inspiration que le voyage en Afrique du Nord a pu apporter à ces artistes, en enrichissant leur vocabulaire pictural.
Citons enfin l’oeuvre impressionnante et théâtrale de l’artiste japonaise Chiharu Shiota (Accumulation - Searching for the Destination), qui habite un espace du Mucem grâce à un réseau de fils rouges entrecroisés auxquels elle suspend une centaine de valises animées d’une vague houleuse.
   
P-N.B. Toutes ces oeuvres sont remarquables ! Elles correspondent toutes à de vraies réflexions qui les rassemblent sous le thème du voyage. Ensuite, il y a des attirances plus personnelles, propres à chacun. L’oeuvre de Victor Brauner, Le Dernier Voyage, malgré ses petites dimensions, me laisse par exemple profondément pensif. Brauner a souvent travaillé l’image de l’oeil isolé ou déformé – que l’on retrouve ici –, avant de perdre réellement son oeil gauche dans une bagarre en 1938. Il a de ce fait été considéré comme un artiste prémonitoire et Le Dernier Voyage, réalisé juste avant la Deuxième Guerre mondiale, semble confirmer cette idée. On y trouve une route droite vers un coucher de soleil incertain, une terre stérile où ne reste qu’une cheminée d’usine, un voyageur ne sachant plus où aller. Brauner produit là une image dure, mais lucide, de ce qui menace le monde à son époque. À l’heure du dérèglement climatique, elle semble d’ailleurs trouver un sens nouveau.
Mais il ne faut pas toujours être pessimiste, et il y a heureusement des oeuvres beaucoup plus souriantes dans cette exposition, comme le Cockpit de Richard Baquié.  
 
   
   



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