Collecte participative

Avril 2020—Appel aux dons

Appel aux dons, Vivre avec le confinement

 

« Vivre au temps du confinement », la sélection

Vous avez été nombreux à répondre à cette grand collecte participative autour de nos vies confinées.
Voici quelques exemples de ce que cet appel aura pu permettre de collecter. 

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05 juin 2020—Communiqué de presse
Premier bilan de la collecte participative

Le 20 avril dernier, le Mucem lançait une grande opération participative consacrée à la collecte d’objets témoins de la période de confinement que nous traversions alors. 
A l’issue de l’échéance fixée au 31 mai, le Mucem a reçu 540 propositions de don émanant de l’ensemble du territoire français (ces chiffres devront être affinés, certaines propositions ne mentionnant pas la provenance du donateur).

Si Marseille et PACA sont la région la plus représentée, le reste du territoire n’est pas en reste, avec des propositions reçues d’Ile-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Grand-Est, Occitanie et Bretagne. A noter que l’appel a également réuni quelques propositions étrangères (Espagne, Belgique, Emirats arabes Unis, Egypte, Italie, Grande-Bretagne et même Mexique et Chine). 


Toutes les classes d’âge sont représentées parmi les participants à l’appel, de l’enfant proposant un déguisement de super-héros combattant le virus à la personne âgée offrant une toile réalisée pendant le confinement.
Les objets de protection/prévention, catégorie à laquelle on pouvait s’attendre, sont effectivement présents, sans pour autant représenter la majorité des propositions. On compte une trentaine de propositions pouvant être rattachées à cette catégorie.  Des attestations de sortie et des masques faits maison ont bien sûr été proposés, dont certains ayant fait l’objet d’un souci esthétique particulier comme un masque en papier plié à la façon des origamis, ou un masque assorti à un jean et des gants. D’autres marquent une volonté de dédramatisation, comme ces masques fabriqués par une mère pour ses enfants, à la façon de déguisements de cow-boy et de soldat. Ont également été proposées des visières de protection réalisées à l’imprimante 3D, des objets utilisés pour ouvrir et fermer des portes sans avoir à les toucher, une boite de désinfection pour masques, un thermomètre, ou encore des sur-blouses cousues pour être offertes au personnel soignant. 
Cette dernière proposition fait le lien avec une autre catégorie, celle des objets témoignant du soutien au monde soignant. On compte ainsi des banderoles fixées aux fenêtres pour remercier médecins, infirmières et aides-soignants, des casseroles, cuillères en bois ou autres ustensiles bricolés servant à manifester ce soutien lors des « réunions » de 20h dans les villes ou encore un enregistrement sonore de ces applaudissements quotidiens. Des propositions sont également arrivées du monde soignant, comme une vidéo montrant la première sortie de réanimation d’un patient guéri dans un hôpital d’Ile-de-France. 
Les objets témoignant d’occupations (inhabituelles ou non) faites pour passer le temps, rythmer les journées et continuer à être « productif » ou « créatif » sont nombreuses et représentent sans aucun doute la catégorie la plus nourrie : les réalisations artistiques (peintures –dont plusieurs inspirées par l’actualité, mettant en scène bouteilles de bière « Corona » ou papier toilette-, dessins, photographies, sculptures, littérature, pratique instrumentale ou chant) sont les plus abondantes, devant les livres, puzzles, jeux et quelques rares accessoires de cuisine… Les objets témoins de pratiques sportives sont bien représentés (tapis de yoga, accessoires de sport parfois bricolés, comme une brouette à laquelle un harnachement a été fixé pour être utilisée comme engin à tracter, en y ajoutant le poids de ses enfants, ou tableau des calories dépensées jour après jour). 


Un ensemble d’objets marquant le temps qui passe et incarnant la durée se dessine également. On retrouve des calendriers où les jours de confinement passés sont barrés, des agendas ou plannings dans lesquelles les activités réalisées sont inscrites, des journaux de confinement, un cairn fabriqué avec des pierres où sont inscrits les jours passés enfermés chez soi, un carnet des menus réalisés quotidiennement ou une série de « pages de punition » recouvertes chaque jour de confinement de lignes de « je dois rester à la maison ». 
Une autre catégorie signifiante peut être définie, celle des objets qui témoignent d’un rapport inédit et chamboulé à l’intérieur et à l’extérieur. Dans cet ensemble, les chaussures sont particulièrement bien représentées, quelles soient réservées à un usage domestique (comme les pantoufles), dédiées à la sortie quotidienne autorisée et salutaire (comme une paire de chaussures de randonnée) ou à l’activité professionnelle poursuivie pendant le confinement (chaussures d’un livreur ou d’un infirmier libéral laissées au seuil de la porte tous les soirs). Certaines propositions montrent comment on redécouvre son espace domestique, comme des plans d’appartement dessinés par ses occupants, ou comment on le réinvestit en le réaménageant. On regarde aussi différemment par sa fenêtre, photographies de vues extérieures à l’appui, on filme des villes endormies ou vivantes malgré la crise, comme Alexandrie, on photographie dans un rayon de 1000 m autour de chez soi. Des objets redécouverts et dont le sens parait dorénavant insolite sont aussi présents, comme des trousseaux de clés. 


D’autres propositions témoignent de la modification profonde et brutale des relations sociales. Les photographies de téléphones, d’ordinateurs ou les copies d’écrans de réunions virtuelles sont nombreuses. On citera l’histoire d’un couple qui devait se marier en avril et dont les proches ont organisé une réunion familiale surprise le jour J via une plateforme de réunion virtuelle et préparé une « fausse » photo de mariage. Une autre personne propose la photographie d’une messe… suivie à la télévision. Certaines propositions mettent aussi en avant l’importance de la compagnie des animaux, du chien que l’on promène aux oiseaux que l’on nourrit sur son balcon, en passant par une liste établie de tous les animaux vus depuis sa fenêtre. 
Quelques propositions relatives à « l’Ecole à la maison » ont également été faites : programmes d’enseignement à distance,  textes de dictées faites à distance par un grand-parent… Elles émanent de parents, d’élèves mais aussi d’enseignants qui ont sollicités leurs élèves ou qui proposent de valoriser leurs projets collectifs. 


La période de confinement semble également avoir été propice à l’invention d’objets utiles à un nouveau mode de vie. De la tyrolienne reliant deux immeubles se faisant face et permettant de garder un lien avec ses voisins, à la tondeuse à cheveux reliée à l’aspirateur pour éviter la dispersion des cheveux coupés en passant par le fil à désembuer les lunettes… 
Face à ces objets révélant une forte capacité de réaction et d’adaptation à un contexte inédit, des témoignages traduisent les côtés les plus durs de la période traversée : deux textes écrits pour les funérailles d’un être disparu évoquent ainsi la tristesse et la difficulté de ne pouvoir se réunir en des circonstances difficiles.
Ainsi, au-delà des objets eux-mêmes, il convient de souligner l’importance des textes qui accompagnent les photographies des objets proposés. Ils fournissent bien sûr les informations de contexte nécessaires à la compréhension de la proposition mais sont en outre également très personnels et dénotent souvent l’état d’esprit du donateur.
 
L’ensemble des propositions va maintenant être analysé par l’équipe scientifique du Mucem dirigée par Emilie Girard (Directrice scientifique et des collections du Mucem) d’ici la fin du mois de juin afin d’établir une liste des propositions retenues et organiser leur arrivée au Centre de conservation et de ressources du musée courant juillet-août, en s’appuyant sur des critères de représentativité des différentes catégories, de variété, et de possibilité de conservation à long terme des objets proposés. Les objets seront ensuite présentés devant les instances décisionnelles en matière d’entrée dans les collections nationales (commission d’acquisition, instance statutaire du Mucem qui entérine toute inscription à l’inventaire du musée, constituée par différents professionnels de musées français et internationaux).


Parallèlement, le Mucem met en place un programme de recherche qui permettra de prolonger la collecte par l’accueil d’un chercheur au sein de son équipe. Il s’agira d’étudier comment la crise sanitaire fait éprouver dans la vie ordinaire les mutations de nos sociétés à grande échelle (circulations, inégalités, globalisation, environnement, virtualisation) : le corpus constitué par la collecte du Mucem représente ainsi une amorce pour étudier ces enjeux.  Ils sont des révélateurs de l’impact de la crise sanitaire sur nos modes de vie, nos liens sociaux, nos imaginaires. 
Des contacts sont d’ores et déjà en cours avec les universités et chercheurs travaillant sur ces sujets, ainsi qu’avec les musées ou centres d’archives ayant lancé d’autres collectes en France et à l’étranger pour constituer un réseau de recherche et d’échanges sur ce sujet. 


« Vivre au temps du confinement »


20 avril 2020

Centre de conservation et de ressources collections © Yves Inchierman, Mucem
Centre de conservation et de ressources (CCR) du Mucem © Yves Inchierman, Mucem

A l’heure où la moitié de la population mondiale vit confinée, nul ne niera que nous vivons un épisode majeur de ce début de 21e siècle qui bouleverse nos vies.

Musée du contemporain et du quotidien, le Mucem ne peut que s’intéresser à cette situation exceptionnelle et appelle donc à la participation de ceux qui le souhaitent pour l’aider à collecter les traces de ce moment inédit.


Le Mucem lance un appel au don 


 

Proposez les objets ou documents qui pour vous, symbolisent, incarnent, traduisent votre quotidien confiné. Quels sont selon vous les objets qui parlent de la situation dans laquelle vous vivez, travaillez, passez le temps ou encore enseignez à vos enfants ? Quels objets traduisent la manière dont vous organisez vos sorties, vos relations avec les autres, proches ou lointains, chez vous et à l'extérieur, en France ou à l’étranger ?

Le Mucem est en quête de ces objets qui sont devenus les indispensables de nos vies confinées, inattendus ou surprenants, officiels ou bricolés, créateurs de liens ou symboles d’isolement, traduisant les formidables solidarités et soutiens qui se mettent en place ou au contraire les mouvements de rejet et de peur… 


Faire une proposition de don 


Les propositions de dons sont à adresser par mail à confinement@mucem.org (en utilisant un service d'envoi de fichiers lourds si les pièces jointes de votre mail dépassent les 6 Mo).

Chaque proposition de don doit être accompagné de :
—une ou plusieurs photographie de l’objet (dont certaines, si possible, de l’objet dans son contexte d’utilisation ou de fabrication) ;
—un témoignage (oral ou écrit en quelques lignes) expliquant la raison du don et l’importance de l’objet dans votre contexte actuel.

Toutes les propositions reçues seront étudiées avec la plus grande attention par l’équipe de la conservation du musée qui reviendra vers vous pour organiser, à la fin du confinement et si la proposition est retenue, l’arrivée de l’objet au musée. 


La collecte sera clôturée le 31 mai 2020. 
Cette collecte fait l'objet d'un traitement dans le cadre de la résidence d'artiste du projet Taking Care cofinancé par le programme Europe creative de l'Union européenne. 
Logo projet Taking Care    Logo creative europe
 

 

La presse en parle

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