© Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon

© Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon

L'Odyssée

Feuilleton théâtral, création 2019

Spectacles/événements

Vraiment heureux, Ulysse, d'avoir retrouvé Ithaque ? Blandine Savetier sait que le destin du héros grec, vainqueur de la guerre de Troie, n'est pas de vivre « le reste de son âge » sur son île. Bien au contraire, les Dieux qui, de naufrages en naufrages, ont agité son odyssée méditerranéenne, lui prédisent encore bien des rivages à découvrir. C'est sans doute pour cela que la metteuse en scène concentre sa lecture du poème antique sur le voyage, qu'elle considère comme un « désir toujours renouvelé d'aventures qui transforment les êtres ».

Ce processus de métamorphose est au cœur de ce feuilleton théâtral qui, en treize épisodes d'une cinquantaine de minutes, propose aux spectateurs, à la manière d'une série, l'épopée emplie de suspense d'un héros aussi populaire que mythologique. Le Festival d'Avignon et ses partenaires ont souhaité confier l'interprétation de ce texte fondateur aux acteurs du programme Ier Acte et à des citoyens avignonnais, permettant, d'entendre une grande diversité de voix, à l'image des aventures d'Ulysse.

Adaptation du feuilleton théâtral du Festival d’Avignon, présenté en 13 épisodes sous les oliviers du jardin public de la médiathèque Ceccano à l’occasion de la 73e édition, par des comédiens professionnels et des amateurs d’Avignon.
Texte Francis Cossu pour la 73ème édition du Festival d’Avignon.

 

Episode 1—Au nom du père, du fils et d’Athéna

Dimanche 11 août à 16h

Le Poète prie la Muse de l’inspirer pour conter l’histoire d’Ulysse. Le récit commence. De tous les survivants de la guerre de Troie, seul Ulysse est retenu loin des siens par Calypso. Profitant de l’absence dans l’Olympe de Poséidon, principal ennemi d’Ulysse, Athéna convainc Zeus de décréter son retour.
Elle se rend à Ithaque sous les traits de Mentès, roi ami d’Ulysse. Pendant que les prétendants de Pénélope s’adonnent au festin, elle dit à Télémaque que son père est encore vivant. Elle ranime son ardeur, le pousse à convoquer une assemblée des Ithaciens pour désavouer les prétendants et préparer un voyage à Pylos et Sparte pour interroger Nestor et Ménélas sur le sort de son père, leur compagnon d’armes. Puis elle disparaît, comme un oiseau de mer. Au palais, Pénélope, entendant l’aède chanter le retour de Troie, le prie de changer de thème. Télémaque, se sentant homme et maître après le passage d’Athéna, la renvoie à ses ouvrages. Les prétendants manifestent leur désir de Pénélope, la fête reprend.
Le lendemain, dès l’aube, Télémaque convoque les gens d’Ithaque à l’agora. Parlant pour la première fois en public, il leur expose son malheur, s’en prend aux prétendants et éclate en sanglots : Télémaque enfant se télescope avec Télémaque adulte. Antinoos, chef des prétendants, lui réplique en accusant Pénélope de les tromper par sa ruse, par exemple en défaisant, chaque nuit, la toile tissée le jour. Zeus envoie à Télémaque un présage interprété par Halithersès. Eurymaque, autre prétendant, désavoue brutalement le vieillard.Télémaque demande un navire pour se rendre à Pylos et à Sparte. Léocrite décrète que le voyage ne se fera pas. navire pour se rendre à Pylos et à Sparte. Léocrite décrète que le voyage ne se fera pas.

Episode 2—A la recherche du père perdu

Dimanche 11 août à 17h30

Athéna réapparaît à Télémaque, cette fois sous les traits de Mentor et le décide à partir. Télémaque, faisant preuve de sa virilité nouvelle, rejette les avances conciliantes d’Antinoos. Il fait préparer secrètement son départ par la nourrice Euryclée, pendant qu’Athéna trouve un bateau et réunit des rameurs, toujours sous les traits de Mentor. Elle s’embarque avec Télémaque. Notez l’origine du nom commun mentor : c’est ce Mentor / Athéna, ami d’Ulysse à qui ce dernier a confié son fils avant de partir, et qui l’emmène dans un voyage initiatique.
Ils arrivent à Pylos et sont accueillis sur le rivage par Nestor et ses fils, célébrant les fêtes de Poséidon. Pisistrate, fils de Nestor, donne la coupe des libations pour Poséidon à Mentor / Athéna. Ironie suprême, Athéna la rusée prie Poséidon, pire ennemi d’Ulysse, d’accorder la réussite à son projet de ramener Ulysse à Ithaque. Télémaque se nomme et demande à Nestor des nouvelles de son père. 
Nestor évoque la guerre de Troie, le bon vieux temps où Ulysse et lui s’entendaient à merveille. Mais il ignore le sort d’Ulysse et conseille à Télémaque d’aller voir Ménélas. Le soir venu, Athéna disparaît, sous l’aspect d’une orfraie. Nestor, ayant reconnu la déesse, lui fait le lendemain matin l’offrande d’une vache aux cornes peintes d’or, puis envoie Télémaque chez Ménélas en compagnie de Pisistrate. En retour, il attend de la déesse bienfaits et richesses : les dons aux dieux ne sont pas gratuits…
Les deux jeunes princes se rendent à Sparte sur un char. Après deux jours de voyage, ils arrivent chez Ménélas au moment où celui-ci fête le double mariage de son fils et de sa fille. Dans les premiers propos qu’il adresse à ses jeunes hôtes, Ménélas fait allusion à Ulysse et Télémaque laisse échapper une larme.

Episode 3—L’odyssée de Ménélas

Dimanche 11 août à 19h

Télémaque a pleuré à l’évocation par Ménélas de son père. Survient Hélène, épouse de Ménélas, la plus belle femme du monde, à la face de chienne, pour laquelle tant de Grecs sont morts à Troie. Notez que c’est Hélène elle-même qui évoque sa face de chienne. Ménélas et bnelle reconnaissent en Télémaque les traits de son père.
La tristesse s’empare de tous, à l’évocation du héros disparu. Ulysse ! Où es-tu, Ulysse ? Hélène verse dans le vin un philtre magique venu d’Egypte, qui endort leur chagrin. Puis Ménélas et elle racontent des exploits d’Ulysse à Troie. Ils s’endorment.
Le lendemain, quand survient l’aube aux doigts d’or, Ménélas raconte à Télémaque son voyage en Égypte, ses aventures avec Protée, divin vieillard de la mer, et les révélations de celui-ci sur le meurtre d’Agamemnon et le sort d’Ulysse. Puis Ménélas offre à Télémaque les présents d’hospitalité. Télémaque décline les chevaux que Ménélas veut lui offrir, il ne saurait quoi en faire dans Ithaque la rocheuse. Ravi par la sagacité du jeune homme, Ménélas les remplace par un magnifique cratère, oeuvre d’Héphaïstos, le dieu des forgerons, lui-même.
Cratère que lui a donné Phaïdimos, le roi des Sidoniens, c’est-à-dire de Sidon, ville phénicienne, sur les ruines de laquelle se trouve l’actuelle Saïda au Liban.
Ménélas fait ainsi étalage de sa richesse et de sa générosité. Mais, dit-il, il aurait donné les deux tiers de sa richesse pour garder son frère, l’illustre Agamemnon, assassiné à son retour de Troie, dans sa propre maison, par Egisthe et sa propre femme, Clytemnestre. Notez que Ménélas donnerait les deux tiers de sa richesse, mais pas toute sa richesse, pour garder son frère…
Pendant ce temps, à Ithaque, les prétendants apprennent le départ de Télémaque et décident de lui tendre un piège à son retour pour le tuer. Pénélope apprend coup sur coup le départ de son fils et le complot des prétendants. Elle cède au désespoir. Puis elle est rassurée, en songe, par un fantôme que lui envoie Athéna. Les prétendants s’embusquent à Astéris, petite île entre Ithaque et Samé, pour tuer Télémaque à son retour de Pylos.

Episode 4—De Calypso à Nausicaa

Lundi 12 août à 16h

Les dieux se réunissent à nouveau dans l’Olympe. Athéna la rusée, également nommée Pallas, ou encore Atrytonée, obtient ce qu’elle souhaite. Zeus envoie Hermès ordonner à Calypso de laisser partir Ulysse. Le Messager gagne l’île de la nymphe et lui transmet l’ordre du porte-égide. Le porte-égide, c’est Zeus, également nommé celui qui sait rallier les nuages. Calypso laisse éclater sa détresse. Elle propose une dernière fois à Ulysse l’immortalité s’il reste avec elle. Mais Ulysse préfère rester mortel et libre. La mort dans l’âme, Calypso exécute l’ordre de Zeus. Ulysse bâtit ingénieusement un radeau, Calypso le remplit de vivres et regarde, inconsolable, son bien-aimé quitter l’île d’Ogygie.
Au bout de 20 jours, Ulysse aperçoit sa destination, l’île des Phéaciens. Mais Poséidon, revenu de chez les Visages-Noirs, l’aperçoit et déchaîne contre lui une tempête épouvantable. Heureusement la nymphe Leucothée le prend en pitié et lui offre un voile magique qui le sauve d’une mort certaine. Toujours les nymphes sauvent les héros contre les dieux : souvenez-vous, c’est la nymphe Idothée qui avait permis à Ménélas d’attraper son père Protée, le vieillard de la mer. La tempête redouble, le radeau est démembré. Ulysse dérive trois jours sur une poutre. Il manque d’être déchiqueté sur les écueils, finit par aborder à l’embouchure d’un fleuve. Anéanti de fatigue, Ulysse passe la nuit sur un tas de feuilles, protégé par les branches basses et touffues d’oliviers entremêlés.
Dans la même nuit, Athéna apparaît en songe à la fille du roi des Phéaciens, la jeune Nausicaa, princesse d’une grande beauté. Pallas incite Nausicaa à se rendre dès l’aube à la rivière pour y laver son linge en prévision de son mariage. Nausicaa se réveille, obtient de son père un char et des mules, et se rend aux lavoirs avec ses suivantes.
Les femmes lavent le linge, l’étendent au soleil, mangent puis jouent à la balle. Avec Nausicaa, elles sont aussi belles qu’Artémis la déesse chasseresse, encore appelée la Sagittaire, avec ses nymphes. Athéna égare la balle dans la rivière et, aux cris des jeunes filles, Ulysse s’éveille. Couvrant ses parties intimes de feuillage, il va au-devant des jeunes filles qui s’enfuient devant cet homme hirsute, sale, effrayant.
Seule Nausicaa reste face à lui. Face-à-face d’une sensualité explosive. Ulysse adresse à la princesse un doux astucieux discours, en la priant de lui prêter quelque vêtement et de le conduire à la ville. Que va faire la princesse ?

Episode 5—Chez les Phéaciens chers aux dieux : des jeux et des pleurs

Lundi 12 août à 17h30

Ulysse, naufragé en Phéacie, vêtu de feuillage, demande vêtement et aide à Nausicaa. La princesse phéacienne lui répond avec grâce.
Lavé et restauré, Ulysse resplendit de beauté. Nausicaa est sous le charme : si seulement les dieux lui avaient accordé cet étranger si beau et si beau parleur pour mari !
Nausicaa explique à Ulysse comment il peut obtenir l’aide des Phéaciens. Il doit se rendre au palais et implorer la reine Arété, sa mère. Chez les Phéaciens, la reine détient le vrai pouvoir. Elle prie Ulysse de les suivre à distance, pour ne pas susciter les médisances des Phéaciens qui n’aiment pas les étrangers. Ulysse les suit, s’arrête dans un bois sacré qui domine la ville et implore Athéna. Sous les traits d’une petite fille, elle vient et le guide au palais. Puis elle cache Ulysse dans une nuée magique, qui lui permet de traverser et d’admirer la ville, ses splendeurs, ses richesses et le palais d’Alcinoos, sans être vu. Ulysse arrive ainsi aux pieds mêmes d’Arété, et, ô stupeur, le nuage se défait sur l’image d’Ulysse embrassant les pieds de la reine qu’il implore. Alcinoos le nourrit, l’invite à participer à la libation et l’assure qu’il sera reconduit dans sa patrie. Vient l’aube aux doigts de rose, les Phéaciens rameutés par Athéna se réunissent à l’agora pour voir l’étranger. Alcinoos ordonne de préparer le navire qui le reconduira à Ithaque, et invite les anciens à son palais pour le fêter.
Démodocos, l’aède, chante la querelle d’Ulysse et d’Achille ; l’hôte trahit son émotion, Alcinoos met fin au chant et ouvre les jeux sportifs. Euryale, un jeune Phéacien, provoque Ulysse, étalant le sentiment de supériorité des Phéaciens. Piqué au vif, Ulysse s’empare d’un disque et le lance bien plus loin que tous les jeunes gens. Puis il les provoque à son tour. La tension monte, Alcinoos apaise Ulysse, et vante aussi les qualités des Phéaciens, notamment celles de leurs danseurs inégalables. De jeunes Phéaciens dansent, Ulysse est émerveillé.
L’honneur phéacien est sauf. L’aède revient et chante les Amours d’Arès et d’Aphrodite, vaudeville chez les dieux de l’Olympe. Les hommes rient des dieux volages. Revenus au palais, les Phéaciens entassent dans des coffres des cadeaux pour Ulysse. Au repas du soir, Ulysse demande à Démodocos de lui chanter l’histoire du cheval de bois à Troie. Pris d’émotion, il pleure comme une femme qui a perdu son mari à la guerre. Ulysse le héros pleure les horreurs de la guerre. Seul Alcinoos s’en aperçoit.

Episode 6—Des mangeurs de fleurs et des mangeurs d’hommes

Lundi 12 août à 19h

Ayant vu Ulysse pleurer quand l’aède a chanté le cheval de Troie, Alcinoos l’invite à se nommer et à raconter son histoire. Ulysse se nomme enfin, et commence son récit.
Ayant quitté Troie avec ses hommes, ils vont piller et massacrer les Cicones ; mais ceux-ci contre-attaquent et tuent à leur tour nombre de compagnons d’Ulysse qui s’enfuient dans le chaos.
Puis ils arrivent chez les Lotophages, mangeurs de fleurs. Les compagnons d’Ulysse qui goûtent aux fleurs perdent la mémoire et ne veulent plus repartir. Ulysse doit les embarquer de force, pleurant leur paradis artificiel.
Ils arrivent enfin au pays des Cyclopes. Ils abordent dans l’île qui lui fait face, chassent, mangent et se reposent. Le lendemain, Ulysse gagne le continent, emmenant avec lui douze de ses plus braves compagnons. Ils entrent dans la grotte de Polyphème, où le Cyclope ne tarde pas à revenir. Il trait ses brebis, fait cailler le lait puis il aperçoit les Grecs et les interpelle durement. Le Cyclope dévore à deux reprises deux compagnons d’Ulysse. Le lendemain, après lui avoir dit qu’il s’appelait Personne, Ulysse l’endort en lui faisant boire un vin divin. Avec ses compagnons, il l’aveugle dans son sommeil avec un pieu d’olivier aiguisé et rougi au feu. Polyphème hurle, ses amis cyclopes accourent, demandent qui lui a fait du mal, il répond « Personne », ils repartent. Le lendemain matin, les survivants sortent de la grotte, cachés sous le ventre des béliers. Dès qu’ils ont repris la mer, Ulysse ne peut s’empêcher de railler le Cyclope, provoquant une pluie de rochers sur les bateaux, à laquelle ils échappent de justesse. Toujours enragé, Ulysse crie à Polyphème son vrai nom. Polyphème demande alors à son père Poséidon de poursuivre Ulysse de sa malédiction. Poséidon accède à son voeu. Ainsi commencent les malheurs d’Ulysse. Ainsi Ulysse s’est-il rendu responsable de ses malheurs et de ceux de ses compagnons.
Ils pleurent, festoient, s’endorment et reprennent la mer au matin suivant.

Episode 7—Qui sème le vent récolte la tempête… et Circé

Mardi 13 août à 16h

Ulysse et ses compagnons arrivent chez Eole, gardien des vents, dont l’énergie nous sauvera peut-être du changement climatique. Les six filles d’Eole ont épousé ses six fils et festoient sans interruption.
Pour permettre le retour d’Ulysse à Ithaque, Eole enferme les vents hululants dans une outre, la noue d’un fil d’argent, et la donne à Ulysse.
Un zéphyr les accompagne jusqu’à ce qu’ils aperçoivent Ithaque. Mais Ulysse dort, ses compagnons, curieux et jaloux de cette
belle outre qu’il a reçue, l’ouvrent, déchaînant une tempête qui les ramène chez Eole. Cette fois, Eole les rejette : Loin de moi, Ulysse, maudit des dieux !
Ils repartent et arrivent chez des géants, les Lestrygons. Les bateaux entrent dans un port profond entouré de falaises. Seul Ulysse, prudent, laisse son bateau dehors. Il envoie des compagnons en éclaireurs. Les Lestrygons les aperçoivent et fracassent à coups de rochers tous les bateaux amarrés dans le port. Seul le bateau d’Ulysse peut s’échapper, abandonnant les autres compagnons au massacre.
Les survivants arrivent enfin en Aiaié, séjour de la magicienne Circé. Ulysse envoie encore des éclaireurs. Circé leur fait avaler un philtre magique qui les transforme en porcs. Euryloque, réchappé, informe Ulysse qui va à leur secours. En chemin, il rencontre Hermès qui le pourvoit d’un antidote au philtre magique. Circé est vaincue, et reconnaît Ulysse à cet échec. Elle rend à ses compagnons leur forme humaine.
Commence alors un an de plaisir, et d’abondance chez Circé. Ulysse s’oublie dans le lit de la magicienne. Ses compagnons finissent par lui rappeler son devoir : il doit repartir à Ithaque. Mais Circé révèle à Ulysse qu’il devra d’abord descendre chez les morts pour interroger le devin Tirésias sur son avenir ; elle lui donne les indications pour cette périlleuse aventure.
Ils arrivent chez les morts. Ulysse procède alors au sacrifice d’un bélier. Les âmes des morts affluent, attirées par le sang. Ulysse les repousse de son glaive jusqu’à ce qu’arrive le devin. Tirésias le premier s’abreuve du sang, puis il lui précise les conditions de son retour à Ithaque. Surtout il apprend à Ulysse que son errance se poursuivra après son retour à Ithaque. Ulysse devra encore repartir sur les mers et les routes jusqu’à ce qu’il rencontre un peuple qui ne connaît pas la mer. Il le saura parce qu’un homme de ce peuple d’agriculteurs confondra sa rame avec une pelle à vanner les grains.
Voilà donc le voyage incessant que les dieux t’auront filé, Ulysse !

Episode 8—Heureux qui comme Ulysse verra deux fois la mort

Mardi 13 août à 17h30

Chez Hadès, au séjour des morts, les âmes de ces derniers affluent vers Ulysse, attirées par le sang du bélier sacrifié. D’abord c’est sa mère, Anticlée, morte de chagrin pendant son absence, qui lui parle des siens à Ithaque. En vain, à trois reprises, Ulysse veut la serrer dans ses bras, mais l’ombre fugace lui échappe. Puis viennent en cortège des princesses d’autrefois, contant leurs malheurs.
Ulysse veut alors interrompre son récit, car la nuit est venue. Mais Alcinoos lui demande de retarder d’un jour son départ et de continuer son récit, ce qu’il fait.
Chez les morts, ce sont cette fois les héros qui viennent à lui. D’abord Agamemnon, qui lui raconte sa mort brutale. Puis c’est Achille, qui lui avoue qu’il préfèrerait être le plus misérable des hommes mais vivant que le plus grand des héros mais mort. Ulysse le console en lui donnant des nouvelles de son fils. Ajax, rancunier, refuse de répondre à Ulysse : il n’a toujours pas digéré qu’Ulysse, plutôt que lui, ait hérité des armes d’Achille. Patrocle, Antiloque, puis Tantale, Sisyphe et les âmes des damnés affluent en foule. Ulysse prend peur et repart.
Ils reviennent chez Circé. Malheureux qui, vivants, ont vu la demeure des morts, ils mourront deux fois quand l’homme ne meurt qu’une fois ! Circé prépare Ulysse aux épreuves qui l’attendent : les Sirènes, puis Charybde et Scylla. Ils traversent l’épreuve des Sirènes, Ulysse ayant bouché les oreilles de ses compagnons avec de la cire. Ulysse attaché au mât est le seul à écouter leur chant. Puis ils éviteront Charybde qui engloutit dans son gouffre tout ce qui passe à proximité. Enfin ce sera (Souleymane) Scylla, monstre à six têtes, qui va dévorer six des marins d’Ulysse.

Episode 9— Tu m’as raconté ton errance, je t’offrirai un retour

Mardi 13 août à 19h

Après les Sirènes, puis Charybde et Scylla, les survivants approchent de l’île du Soleil. Ulysse veut l’éviter, mais ses compagnons épuisés le contraignent à s’y arrêter. Ulysse leur transmet la mise en garde de Circé : ils ne doivent pas toucher aux vaches du dieu Soleil. Mais des vents contraires prolongent l’escale, les vivres s’épuisent. Pendant qu’Ulysse dort, Euryloque convainc ses compagnons de s’emparer des vaches sacrées : Mieux vaut mourir, punis par les dieux et rassasiés, que mourir de faim sur une île. Ils dévorent la viande sacrée. La colère du dieu est terrible. Ulysse et ses hommes s’enfuient. Zeus déchaîne la tempête, détruit le navire et l’équipage. Ils flottent comme des corneilles autour de l’épave noire, ballotés par les flots. Seul Ulysse en réchappe. Dix jours plus tard, il arrive chez Calypso, chez qui il restera sept ans. La boucle est bouclée. Les récits chez Alcinoos sont achevés.
Emerveillé par les récits d’Ulysse, Alcinoos lui fait offrir de nouveaux présents par les seigneurs phéaciens. Puis il les informe qu’il lèvera un impôt payé par le peuple pour les rembourser de leur générosité…
Les somptueux cadeaux sont embarqués dans le bateau. Les plus beaux, offerts par la reine Arété, sont mis dans un coffre fermé par une ficelle avec un noeud magique que Circé a appris à Ulysse. La nuit venue, le merveilleux navire phéacien emporte Ulysse endormi.
Guidé par la pensée, il fend les flots plus vite qu’un épervier fend l’air. Aux premières lueurs du jour, il aborde au port de Phorcys, en Ithaque. Ulysse est déposé, toujours endormi, sur la grève, avec ses cadeaux. Poséidon, irrité contre les Phéaciens, obtient de Zeus de les punir. Il transforme leur navire en rocher au moment où il allait revenir au port, et va recouvrir leur ville d’une montagne. Ainsi les Phéaciens sont punis d’avoir été hospitaliers et trop habiles navigateurs. Ah, la justice divine !
Ulysse s’éveille. Il ne reconnaît pas sa patrie embrumée par Athéna, jusqu’à ce que la déesse, sous les traits d’un jeune berger, lui révèle le nom de l’île. Toujours prudent, Ulysse se fait alors passer pour un Crétois, jusqu’à ce que la déesse se dévoile à lui : Rusé Ulysse, mon semblable humain, je serai toujours à tes côtés ! Elle dissipe la brume qui le trompait. Enfin Ulysse peut baiser la terre natale et invoquer les nymphes du lieu. Puis il parle avec la déesse du massacre des prétendants. Athéna le transforme en mendiant et l’envoie chez Eumée, son fidèle porcher. Elle se rend à Sparte préparer le retour de Télémaque.

Episode 10—Le père retrouvé

Mercredi 14 août à 15h30

Ulysse se rend chez Eumée sous l’aspect d’un mendiant. Le divin Eumée, capitaine des porchers, ne le reconnaît pas mais il l’accueille avec bonté, et lui prépare aussitôt à manger. Eumée parle avec affection de son maître ; il est sûr de sa mort. Ulysse l’assure vainement du contraire. Répondant à Eumée, Ulysse s’invente une fausse identité de Crétois, et une longue histoire sur ses aventures et malheurs.
Eumée est touché par l’histoire du mendiant, sauf quand celui-ci lui donne des nouvelles d’Ulysse. Il a trop vu des étrangers le faire pour bien se faire traiter. La nuit venue, Eumée prépare à manger un pourceau, laisse à Ulysse sa couche et sa cape pour le protéger du froid, et va dormir près de ses porcs.
Au matin, Télémaque revenu de Sparte arrive chez Eumée qui l’accueille comme son propre fils. Télémaque s’entretient avec le mendiant qu’il voit dans la cabane, puis il envoie Eumée annoncer son retour à Pénélope. Athéna en profite pour faire sortir Ulysse, lui rendre sa véritable figure et le faire reconnaître par Télémaque. Père et fils pleurent avec émotion leurs retrouvailles.
Puis ils méditent leur vengeance. Télémaque retournera au palais ; Ulysse s’y rendra en mendiant et subira stoïquement les offenses dues à son apparence. Pendant ce temps, le navire de Télémaque arrive au port. Eumée annonce à Pénélope le retour de son fils.
Les prétendants sont consternés par la nouvelle ; Antinoos, revenu de son embuscade, voudrait trouver un autre moyen d’assassiner Télémaque, mais il est retenu par Amphinomos, qui veut d’abord consulter les dieux.

Episode 11—Ulysse tisse sa toile

Mercredi 14 août à 16h30

Pénélope, ayant appris le retour de Télémaque et le complot des prétendants, s’en prend à eux. Mais Eurymaque hypocritement la
rassure. Comme Eumée regagne sa ferme, Athéna rend à Ulysse son aspect de mendiant. Le lendemain matin, Télémaque quitte la ferme et se rend au palais. Ulysse et le porcher se mettent à leur tour en route. En chemin, Ulysse subit les insultes de Mélanthée, un chevrier serviteur au palais, dévoué aux prétendants. Ils arrivent au palais. Le vieux chien d’Ulysse, Argos, meurt en reconnaissant son maître.
Comme attendu, Antinoos maltraite le mendiant. Ulysse et Télémaque réussissent à se contenir. La nuit venue, Ulysse et Télémaque cachent toutes les armes du palais. Pénélope veut éprouver le mendiant qui prétend avoir rencontré Ulysse. Elle lui demande des détails vestimentaires d’Ulysse. Le mendiant lui en donne, il décrit avec précision une broche que Pénélope a donnée à son mari. Emue, Pénélope promet de bien traiter cet étranger.
Mais le mendiant refuse le lit qu’elle lui offre. Il accepte un bain de pieds s’il est donné par une servante aussi vieille que lui. C’est donc Euryclée qui le fera. La nourrice est d’abord frappée de la ressemblance entre le mendiant et Ulysse. Puis elle reconnaît en s’approchant une cicatrice à son mollet, trace d’une blessure faite à Ulysse par un sanglier à la chasse. C’est Ulysse ! Elle exulte, il la fait taire, lui demande de n’en rien dire.
Pénélope reprend son entretien avec le mendiant et lui demande l’explication d’un rêve. Dans son songe, à sa grande tristesse, un aigle massacre des oies. Le mendiant l’interprète comme le retour d’Ulysse massacrant les prétendants.
Pénélope décide alors de proposer aux prétendants, pour en finir, l’épreuve de l’arc d’Ulysse : celui qui arrivera à le tendre et à traverser d’une flèche les trous de douze haches, elle l’épousera. Le mendiant l’approuve.
La nuit venue, Ulysse rumine sa colère en voyant des servantes rejoindre les prétendants. Athéna apparaît, l’apaise et l’endort.
Enfin l’aube survient, c’est le jour de la fête d’Apollon. Les prétendants, avertis par un présage défavorable, renoncent au meurtre de Télémaque, et le repas commence. Ulysse subit de nouveaux affronts, cette fois de Ctésippe. Soudain, les prétendants sont saisis d’un trouble étrange, Théoclymène prophétise leur fin, puis quitte le palais sous les huées et les rires.
Pénélope présente aux prétendants l’arc et les haches qui décideront de son sort. Télémaque tente le premier l’épreuve ; il réussirait peut- être, si le mendiant ne lui faisait signe de renoncer. Les prétendants essaient et échouent les uns après les autres ; il ne reste plus maintenant qu’Antinoos et Eurymaque.

Episode 12—Une effroyable vengeance

Mercredi 14 août à 18h30

Alors que les prétendants ont tous échoué à tendre l’arc d’Ulysse, le mendiant emmène dehors Eumée le porcher et le bouvier Philétios. Il se fait reconnaître d’eux et leur donne ses instructions pour la suite ; puis ils regagnent la salle. Antinoos prétexte la fête d’Apollon pour éviter l’épreuve et la honte de l’échec.
Le mendiant demande alors à essayer. Les prétendants s’en irritent vivement : quelle honte si un vieux mendiant faisait mieux qu’eux !
Mais Pénélope intervient en sa faveur. Télémaque la renvoie dans ses appartements. Eumée apporte l’arc au mendiant, puis il ordonne à Euryclée d’enfermer les femmes dans leurs chambres, tandis que Philétios boucle les portes de la cour.
Ulysse manie l’arc en connaisseur ; sans se lever, il tend la corde, et d’une seule flèche traverse les douze haches. Il prie alors Apollon de lui accorder une autre cible, sans préciser laquelle. Télémaque, en armes, vient à son côté.
Ulysse bondit sur le seuil, il se dépouille de ses haillons. Sa première flèche transperce la gorge d’Antinoos, qui s’apprêtait à boire une coupe de vin, il s’écroule. Ulysse enfin se nomme aux prétendants verts de peur. Eurymaque essaie en vain de l’apaiser, puis se jette sur lui. Une flèche lui transperce le foie, il s’écroule. Le combat commence.
Télémaque court au trésor chercher des armes ; Eumée et Philétios s’arment à leur tour.
Mélanthée le chevrier réussit à sortir lui aussi de la salle et court dérober des armes pour les prétendants. Il est fait prisonnier par Eumée à son second voyage, et suspendu au plafond, solidement ligoté. Les prétendants ayant récupéré des armes, le combat se déchaîne.
Athéna apparaît sous les traits de Mentor ; puis, changée en hirondelle, elle va se poser sur les poutres du plafond, d’où elle influe sur la bataille. Elle annule les traits des prétendants qui manquent leurs cibles tandis qu’Ulysse et ses compagnons font mouche. La panique s’empare des prétendants, tués les uns après les autres.
Léiôdès fait appel à la clémence d’Ulysse, en vain. Ulysse épargne seulement l’aède Phémios et le héraut Médon, parce que Télémaque a intercédé pour eux.
Le massacre se termine. Comme des poissons sortis de l’eau dans un filet et jetés sur la plage, les prétendants gisent dans le sang et la poussière.
L’aube et le glorieux Tithon [Tithon, frère aîné de Priam, était l’homme le plus beau qu’on pût trouver sur terre. Aurore le vit. Elle l’aima. Elle l’enleva. Elle supplia Zeus d’accorder l’immortalité à son amant, ce qu’il fit. Mais dans sa hâte, l’Aurore omit de lui demander la jeunesse. Ainsi, tandis qu’Aurore l’immortelle demeurait identique à elle-même, Tithon vieillissait et se ratatinait. Aurore dut le mettre, comme un enfant, dans une corbeille d’osier. Puis elle le transforma en cigale et regardait son mari chanter sans finir. Le matin, la déesse pleurait. Les larmes d’Aurore formaient les gouttes de la rosée. ]

Episode 13—Guerre et paix à Ithaque

Mercredi 14 août à 19h30

Ulysse fait venir la nourrice Euryclée dans la grande salle. Elle exulte à la vue des prétendants massacrés. Puis elle lui désigne les
servantes qui se sont compromises avec les prétendants. D’abord Télémaque, aidé du bouvier et du porcher, les force à emporter les corps des prétendants puis à tout laver. Puis, pour leur donner une « mort impure », il les pend à un câble de navire. Mélanthée, le chevrier qui a aidé les prétendants, est affreusement mutilé.
Euryclée court avertir Pénélope du retour et de l’exploit d’Ulysse. D’abord incrédule, Pénélope descend dans la grande salle, elle observe longuement son mari sous les traits d’un mendiant, sans arriver à décider s’il s’agit de lui ou pas. Ulysse est lavé et restauré sous ses traits par Athéna. Dans une ruse digne de son mari, Pénélope le teste à son tour en lui faisant croire que leur lit conjugal, bâti à même le tronc d’un olivier, a été déplacé. Ulysse laisse éclater son chagrin, et décrit comment il a bâti ce lit. Pénélope est alors certaine qu’il s’agit bien de lui. Les époux peuvent s’embrasser ; Athéna suspend la nuit pour que les époux retrouvés puissent s’adonner aux joies de l’amour et de la parole. Ulysse apprend immédiatement à Pénélope la prédiction de Tirésias selon laquelle il devra repartir en voyage jusqu’à ce qu’il rencontre un peuple qui ne connaît pas la mer ni le sel.
Hermès escorte les âmes des prétendants morts piaulant, jusqu’au pré de l’Asphodèle.
Au petit matin, Ulysse, Télémaque, le bouvier et le porcher s’arment et vont au domaine de Laërte. Ulysse retrouve son vieux père et se fait reconnaître de lui.
Pendant ce temps, les familles des prétendants apprennent le massacre des leurs. Ils se réunissent à l’agora où Eupithée, père d’Antinoos, les harangue pour qu’ils se vengent d’Ulysse. Mentor puis Halithersés interviennent pour les en dissuader.
Une bonne moitié de l’assemblée s’arme et se rend au domaine de Laërte. Ulysse et les siens s’arment et sortent à leur rencontre. D’un coup de lance, Laërte tue Eupithée. Le combat s’engage, aussitôt interrompu par Zeus puis Athéna qui intervient et instaure un traité de paix entre les deux parties. Une paix durable peut-elle se bâtir sur un tel massacre ?

Crédits
Avec Aline Belibi, Elan Ben Ali, Paul Fougère, Neil Adam
Mohammedi, Flavien Gaudon, Julie Pilod, Jordan Rezgui
Conception : Blandine Savetier
Texte : Homère
Traduction : Philippe Jaccottet
Montage et dramaturgie : Blandine Savetier, Waddah Saab
Composition, percussions : Yuko Oshima
Assistanat à la mise en scène : Julie Pilod
Production : Festival d’Avignon, compagnie Longtemps je me suis couché de bonne heure, Théâtre national de Strasbourg.
Coproduction : Festival Musica (Strasbourg).
Avec le soutien de la Fondation SNCF, la SACD, la Région Grand Est.
Avec la participation artistique du Jeune Théâtre national.
Avec l’aide de Odéon-Théâtre de l’Europe, les Plateaux sauvages (Paris).
Textes de la feuille de salle : Waddah Saab
Tarifs

Entrée libre dans la limite des places disponibles

Lieu Mucem, fort Saint-Jean— fort Saint-Jean, cour de la Commande
Renseignements / Réservation

Les 11, 12, 13 août (9 épisodes) : 16h (1h) / 17h30 (1h) / 19h (1h)
Le 14 août (4 épisodes) : 15h30 (1h) / 16h30 (1h) / 18h30 (1h) / 19h30 (1h)

Horaires