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  • Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © Julie Cohen, Mucem
    Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © Julie Cohen, Mucem
  • Exposition Giono au Mucem, scénographie de Pascal Rodriguez © Francois Deladerriere, Mucem—Installation de Jean-Jacques Lebel, La révolte contre l'ignoble, 2019
    Exposition Giono au Mucem, scénographie de Pascal Rodriguez © Francois Deladerriere, Mucem—Installation de Jean-Jacques Lebel, La révolte contre l'ignoble, 2019
  • Giono, Jean-Jacques Lebel, La révolte contre l’ignoble, 2019 ,Scénographie Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © Julie Cohen, Mucem
    Giono, Jean-Jacques Lebel, La révolte contre l’ignoble, 2019 ,Scénographie Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © Julie Cohen, Mucem
  • Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © François Deladerrière, Mucem
    Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © François Deladerrière, Mucem
  • Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © Julie Cohen, Mucem
    Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © Julie Cohen, Mucem
  • Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © Julie Cohen, Mucem
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  • Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © François Deladerrière, Mucem
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  • Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © Julie Cohen, Mucem
    Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © Julie Cohen, Mucem
  • Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © François Deladerrière, Mucem
    Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © François Deladerrière, Mucem
  • Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © François Deladerrière, Mucem
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  • Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © Julie Cohen, Mucem
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  • Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © François Deladerrière, Mucem
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  • Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © Julie Cohen, Mucem
    Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © Julie Cohen, Mucem
  • Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © François Deladerrière, Mucem
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  • Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © Julie Cohen, Mucem
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  • Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © François Deladerrière, Mucem
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  • Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © Julie Cohen, Mucem
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  • Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © François Deladerrière, Mucem
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  • Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © Julie Cohen, Mucem
    Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © Julie Cohen, Mucem
  • Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © François Deladerrière, Mucem
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  • Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © Julie Cohen, Mucem
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  • Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © François Deladerrière, Mucem
    Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © François Deladerrière, Mucem
  • Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © François Deladerrière, Mucem
    Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © François Deladerrière, Mucem
  • Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © François Deladerrière, Mucem
    Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © François Deladerrière, Mucem
  • Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © François Deladerrière, Mucem
    Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © François Deladerrière, Mucem
  • Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © François Deladerrière, Mucem
    Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © François Deladerrière, Mucem
  • Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © François Deladerrière, Mucem
    Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © François Deladerrière, Mucem
  • Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © François Deladerrière, Mucem
    Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © François Deladerrière, Mucem
  • Scénographie GIONO, Angèle, M Pagnol, 1934, Albert Dubout, gouache, affiche film 1951 © Julie Cohen, Mucem
    Scénographie GIONO, Angèle, M Pagnol, 1934, Albert Dubout, gouache, affiche film 1951 © Julie Cohen, Mucem

Giono


Mucem, J4— Niveau 2
| Du mercredi 30 octobre 2019 au lundi 17 février 2020

  • Une rétrospective qui suit le trajet de l'œuvre écrite et filmée de Jean Giono en lui rendant toute sa noirceur, son nerf et son universalité

À la veille des commémorations du cinquantenaire de sa disparition, le Mucem présente une grande rétrospective consacrée à Jean Giono (1895-1970). Loin de l’image simplifiée de l’écrivain provençal, cette exposition suit le trajet de son œuvre écrite et filmée en lui rendant toute sa noirceur, son nerf et son universalité. Poète revenu des charniers de la Première Guerre mondiale, Giono s’est en effet autant attaché à décrire la profondeur du Mal qu’à en trouver les antidotes : création, travail, pacifisme, amitié des peintres, refuge dans la nature, évasion dans l’imaginaire.

Pour donner chair à l’un des artistes les plus prolifiques du XXe siècle, la quasi-totalité de ses manuscrits, exposée pour la première fois, entre en dialogue avec près de 300 œuvres et documents : archives familiales et administratives (dont celles de ses deux emprisonnements), correspondances, reportages photographiques, éditions originales, entretiens filmés, ainsi que tous les carnets de travail de l’écrivain, le manuscrit de son Journal de l’Occupation, les films réalisés par lui ou qu’il a produits et scénarisés, les adaptations cinématographiques de son œuvre par Marcel Pagnol et Jean-Paul Rappeneau, les peintures naïves du mystérieux Charles-Frédéric Brun qui lui inspira Le Déserteur, et les tableaux de ses amis peintres, au premier rang desquels Bernard Buffet.

En écho à ces traces matérielles de la vie et de la création, l’exposition explore la symbolique cachée au plus profond de l’œuvre de l’écrivain à travers quatre installations d’art contemporain, créées spécialement pour ce projet.


—Commissariat : Emmanuelle Lambert, écrivaine, auteure de Giono, furioso (Stock, septembre 2019)
—Conseil scientifique : Jacques Mény, président de l’Association des amis de Giono
—Scénographie : Pascal Rodriguez
—Catalogue en coédition avec les Éditions Gallimard
 

Entretien avec Emmanuelle Lambert, commissaire de l’exposition

 
Mucem (M.)

Comment avez-vous abordé ce projet d’exposition ?

 

Emmanuelle Lambert (E.L.) 

Ma particularité, c’est que je suis écrivaine. C’est-à-dire que mon approche est différente de celle d’un conservateur ou d’un universitaire. Je ne suis pas une spécialiste de Giono, j’en suis une lectrice. Heureusement, j’ai bénéficié de l’aide précieuse de Jacques Mény, le président de l’Association des amis de Jean Giono, qui est le conseiller scientifique de l’exposition.
Pour ce projet, j’ai dû me replonger dans l’intégrale de son œuvre. Ce qui n’est pas de tout repos ! Giono, c’est huit tomes de Pléiade (et encore, tout n’est pas dedans). Il existe peu d’écrivains français aussi prolifiques. C’était donc la première difficulté : effectuer un travail de synthèse afin que les visiteurs de l’exposition ne soient pas noyés dans toute cette production.
 
La deuxième chose qui m’a décontenancée, c’est que, lorsque j’ai commencé à sonder mon entourage, je me suis aperçue que tout le monde « connaissait » Giono, tout le monde avait sa petite idée sur lui… Même si la plupart ne connaissent qu’un aspect de son œuvre. Pour certains, ce sera Le Hussard sur le toit (notamment grâce au film de Rappeneau), pour d’autres, les films de Pagnol, et pour d’autres encore, ce qu’on a appelé « le Contadour », ce moment où Giono, qui rêvait à un retour à une société rurale, organise avec ses amis une réunion annuelle dans les hauts plateaux provençaux (certains y voient d’ailleurs une sorte de retraite proto-écolo). Bref, beaucoup de monde avait un morceau de Giono, mais peu en avaient la totalité. On en revient à ce que je soulignais plus haut : il a tellement produit qu’il devient assez difficile d’avoir une vision globale de l’écrivain.

 

M.

À la relecture de l’intégrale de son œuvre, votre vision de Giono a-t-elle évolué ?

 

E.L.

Ce fut ma troisième surprise. J’avais le souvenir d’un Giono lumineux, d’un auteur extrêmement solaire, massif, avec une présence forte de la nature, des sentiments, des histoires d’amour et de trahisons… En le relisant, j’ai perçu une chose qui m’avait échappé à la première lecture : Giono pose en réalité un regard extrêmement noir sur le monde.
Je m’attendais donc à retrouver un être de lumière, et je le retrouve carbonisé. Cela s’explique par un fait que l’on oublie parfois : il fut un vétéran de la guerre de 1914-1918. On ne peut pas comprendre ce qui traverse l’œuvre de Giono, ni ses engagements publics, son pacifisme des années trente et son comportement au moment de l’Occupation notamment, si l’on ne tient pas compte de son expérience de la guerre.

 

M.

Comment expose-t-on une œuvre littéraire ?

 

E.L.

Lorsqu’on fait une exposition sur un écrivain, la difficulté, c’est qu’on expose ce qui n’est pas exposable, c’est-à-dire le style. C’est le style qui constitue l’écrivain. Le recours aux citations ou aux panneaux de textes, ça ne suffit pas ; il faut aller au-delà, vers l’art par exemple.
 
L’exposition marche toujours sur deux jambes : avec, d’un côté, le fil de la chronologie qui va fidèlement dérouler le cheminement de son œuvre, et puis de l’autre, des choses de l’ordre de l’évocation, de l’interprétation, du surgissement. Au lieu de commencer l’exposition par l’enfance du petit Giono, celle-ci s’ouvre donc avec une installation sur la guerre de 1914-1918. Il en va ainsi pour les trois sections de l’exposition qui non seulement sont toutes ouvertes par une salle dédiée à des œuvres d’art, mais accueillent également des commandes d’artistes évoquant ce qu’on ne peut montrer littéralement, la symbolique cachée derrière l’œuvre.
 
Tout au long du parcours, nous présentons les manuscrits de Giono. L’un des principes de l’exposition est de « fétichiser » le manuscrit, le présenter comme un petit objet merveilleux. Giono lui-même en prenait d’ailleurs grand soin, et appréciait la beauté graphique de son écriture.
Nous avons pu réunir presque la totalité de ses manuscrits, ce qui est assez rare dans ce type d’exposition sur un écrivain. Nous allons aussi présenter un grand nombre de documents, soit tout ce qui permet de contextualiser l’écriture : carnets, photos de famille, entretiens filmés, photos de tournage, presse, tracts, correspondances, etc. Sylvie Giono, la fille cadette de Jean Giono, nous a ouvert l’ensemble des archives familiales, qui constitue un corpus extraordinairement fourni.

 

M.

La première section s’intéresse au parcours de Jean Giono de la Première à la Seconde Guerre mondiale, en passant par Pagnol et le Contadour…

 

E.L.

Comme je le disais, l’exposition s’ouvre avec une installation sur la guerre de 1914-1918 commandée à l’artiste Jean-Jacques Le Bel, qui collectionne l’art des tranchées depuis fort longtemps. Les poilus vivaient dans la boue, les maladies, les poux, les excréments. Pour se sortir de cette horreur, ils faisaient de l’art. Une démarche semblable à celle de Giono qui, pour « sortir » de cette abomination que fut la guerre de 14, avait, de la même manière, eu recours à l’art.
 
Dans cette première partie, nous verrons aussi des extraits des adaptations par Pagnol. Giono n’a pas aimé la manière dont Pagnol a adapté ses livres. Je crois d’ailleurs que le malentendu que j’évoquais plus haut – le Giono solaire – est en grande partie dû à Pagnol. Quand on relit Giono, on se rend compte que les films sont bien différents des livres : Pagnol choisit d’aller vers le théâtre, dans une dramaturgie provençale, alors que Giono se référait plutôt à l’universel, à la tragédie. Il y a là un décalage évident, malgré la grande beauté des films de Pagnol.
 
Après la salle Pagnol, on entre dans la salle consacrée au pacifisme et à l’expérience du Contadour, qui accueille, en réponse à ce que nous évoquions plus haut, une installation de l’artiste Thu Van Tran consacrée à la couleur de la Provence. C’est une manière d’évoquer la Provence abstraitement, en s’élevant au-dessus de la représentation littérale, de même que Giono élevait la Provence qui l’entourait à la Grèce ancienne.
 
Cette salle est donc consacrée au Giono militant dans les années trente. Après 1914-1918, qui fut la première guerre industrielle, Giono a identifié son ennemi : le progrès, l’industrialisation, l’abandon de la vie rurale et des traditions. Il prône donc un retour aux économies locales, un rejet de l’argent – il dit que « la poésie c’est la gratuité » –, mais aussi le pacifisme. Giono fut un grand pacifiste. Nous sommes ici à la fin des années trente, et on sent bien que la guerre pourrait revenir. Il s’engage, milite, publie des essais… Et la guerre éclate. Pour Giono, la rupture sera très brutale. Non seulement, c’est le retour du « cauchemar », mais en plus, il va aller en prison (au fort Saint-Nicolas, juste en face du Mucem !) pour diffusion de tracts pacifistes, ce qui en temps de guerre est absolument interdit. On finira par le libérer rapidement, mais c’est le moment où tout s’effondre pour lui. Comme si la réalité lui retombait dessus.

 

M.

Pour illustrer ce « cauchemar », la seconde section s’ouvre par une série de tableaux de Bernard Buffet…

 

E.L.

Une série de tableaux proprement terrifiants, présentés sur une salle entière. Bernard Buffet a rencontré Giono alors qu’il était le compagnon de Pierre Berger. Il fut très impressionné – et formé – par le pacifisme de Giono. Les œuvres exposées sont assez tardives, mais elles illustrent parfaitement la thématique de cette deuxième section, « le poète aux Enfers ». De la même manière qu’Orphée, dans les tableaux de Buffet, descend aux Enfers, dans cette salle, c’est Giono qui retombe en enfer.

 

M.

Il a caché des Juifs, tout en écrivant dans des journaux collaborationnistes… Comment juger du « cas » Giono durant l’Occupation ?

 

E.L.

Il s’agit d’une affaire extrêmement sensible et compliquée, que nous allons essayer de présenter dans toute sa complexité. D’abord, Giono ne s’opposait pas à Pétain : la Révolution nationale n’était pas si éloignée de son désir de retour à la terre ! Mais s’il aurait très bien pu devenir l’écrivain officiel du régime, il ne l’a pas fait, il a d’abord gardé une certaine prudence. Cependant, lorsque la France commence à entrer dans une collaboration de plus en plus poussée avec l’occupant, Giono fréquente des gens vraiment peu fréquentables. Il pré-publie son roman Deux cavaliers de l’orage dans La Gerbe, un journal collaborationniste franchement antisémite et pronazi. Et il ne s’agit pas d’une seule fois : Giono va faire plusieurs livraisons à La Gerbe. Était-ce pour des raisons financières ? En effet, il lui fallait travailler.
 
L’autre chose qui joue contre lui, c’est qu’en 1943 est publié un grand reportage sur Giono dans Signal, qui était alors une sorte de Paris Match nazi. Cela lui vaudra une bombe déposée devant chez lui par la Résistance locale – où, d’ailleurs, il avait aussi des amis, car il fréquentait les communistes dans les années trente.
Ajoutez à cela qu’en 1937, il a écrit dans les Cahiers du Contadour : « Je préfère être un Allemand vivant qu’un Français mort. » Une phrase que l’on ne peut comprendre si on la sort de son contexte. Nous étions alors avant la guerre et Giono, pacifiste radical, refusait la guerre, quel que soit le prix de ce refus.
Enfin, dans son Journal de l’Occupation (publié seulement en 1995) on peut le voir exprimer un certain détachement, voire un désintérêt, pour le sort des Juifs. Il écrit pourtant cela en 1943, alors que les premières déportations avaient commencé depuis plusieurs mois.
 
Tout cela constitue des morceaux isolés d’une histoire compliquée. Car au même moment, il cache des gens chez lui. Dont des Juifs et des jeunes voulant échapper au STO. Ce qu’il ne dira pas. Après-guerre, il aurait pu raconter tout cela dans une grande tribune dans la presse, mais il ne le fait pas. Là encore, c’est son pacifisme qui parle. Pour lui, Résistance et Occupation sont sans distinction des forces sanguinaires : une équivalence qui, aujourd’hui, choque énormément.
 
À la fin de la guerre, on le remet donc en prison. Il en ressortira blanchi, notamment grâce aux témoignages des gens qu’il avait cachés. Selon des historiens et des spécialistes de l’œuvre, il semble que ses amis de la Résistance l’aient exfiltré de Manosque pour le mettre dans un centre de détention afin de le protéger des règlements de comptes qui ont suivi la Libération.

 

M.

De quelle façon allez-vous évoquer cela dans l’exposition ?

 

E.L.

Nous allons montrer ce qui s’appelle dans l’exposition « le dossier Giono ». Avec les éléments à charge et les éléments à décharge : enquête, témoignages, documents… L’intégralité de la publication dans La Gerbe est par exemple exposée, ainsi que le fameux reportage dans Signal. Également, les documents relatifs à son arrestation à la Libération, et le dossier des témoignages en sa faveur, le tout en regard d’une installation déployant la dernière année de son Journal de l’Occupation : celle où Giono sent le piège se refermer sur lui, et sait qu’il va être arrêté.
 
Malgré tout cela, pourtant, la vie continue. La deuxième section de l’exposition est conçue en diptyque afin de contrebalancer l’extrême noirceur de la partie sur l’Occupation. Elle présente ainsi les seuls remèdes dont disposait Giono face au désespoir de la guerre : la lecture et l’écriture. Pour la lecture, une installation d’art contemporain de l’artiste Clémentine Mélois, qui travaille sur « l’objet-livre » en articulant la culture savante et la culture populaire. Ce qui correspond bien à Giono, qui avait une culture prodigieuse, mais qui reste un écrivain populaire, ancré dans son territoire. Dans son installation, Clémentine Mélois va proposer une évocation de la bibliothèque de Giono, c’est-à-dire, non pas la vraie bibliothèque, mais ce qu’elle perçoit de l’intimité de la lecture, ainsi que des œuvres d’art que Giono aimait, et qu’il avait connues dans les livres. C’est important car Giono s’est nourri des autres. Il a même traduit Moby Dick d’Herman Melville, avec Lucien Jacques et Joan Smith.
Pour l’écriture, nous allons aussi évoquer Giono retiré chez lui, dans sa place forte : son cabinet de travail. Avec tous ses carnets, ainsi que les tableaux offerts par ses nombreux amis peintres.

 

M.

La dernière partie de l’exposition marque une certaine rupture avec tout ce qui a précédé…

 

E.L.

Giono ne sera plus le même après la guerre. Il délaisse ce qui avait fait son succès – cet engagement presque naïf pour le pacifisme ou pour une « écologie » avant la lettre. Il va complètement abandonner la politique pour réinventer son œuvre. Afin de marquer clairement cette rupture dans l’exposition, nous allons la rendre sensible à travers une scénographie totalement renouvelée par rapport aux deux autres sections.
 
En introduction, nous présentons des tableaux d’un peintre peu connu, assez mystérieux, Charles-Frédéric Brun, à qui Giono a consacré un livre nommé Le Déserteur. Brun peignait des petites icônes dans lesquelles les vies de saints étaient jouées par des paysans. Ce qui n’est pas sans lien avec ce que Giono a pu faire dans la première partie de son œuvre. Et qui illustre bien la fuite qui fut la sienne : à la sortie de la guerre, Giono, lui aussi, déserte le terrain.
 
Nous présentons ensuite ses œuvres les plus célèbres, car les plus proches de nous, à travers trois grands fils : le cycle du Hussard sur le toit, celui des Chroniques (avec notamment Un roi sans divertissement) et le cinéma (avec les films qu’il a réalisés ou dont il a supervisé les adaptations).
Au milieu de tout cela, nous verrons le fruit d’une commande passée au cinéaste italien Alessandro Comodin (sélectionné deux fois au Festival de Cannes, Léopard d’or au festival de Locarno), qui est allé dans les hauts plateaux provençaux voir ce qu’il restait aujourd’hui des paysages évoqués par Giono. L’exposition se termine par un très beau film d’animation, L’Homme qui plantait des arbres, inspiré d’une superbe nouvelle de Giono. Une façon de conclure l’exposition de façon ouverte, en faisant germer une graine de curiosité dans l’esprit du visiteur.
 

 

 

   

 

 

Publications

Catalogue d'exposition Giono

Catalogue d'exposition

Directrice d’ouvrage : Emmanuelle Lambert
Avec les contributions de JMG Le Clézio, Sylvie Germain, Sylvain Prudhomme, Emmanuelle Pagano, Alice Ferney, Patrick Autréaux, Philippe Claudel, Jakuta Alikavazovic, David Bosc, René Frégni, Emmanuelle Lambert et Jean François Chougnet.
Coédition Mucem / Gallimard
Format : 19,2 × 25,6 cm
Nombre de pages: 320
Images : environ 250
Prix : 39 euros
Parution : octobre 2019
ISBN : 9782072852633

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Extrait du catalogue


Sylvain Prudhomme « Tu croyais peut-être que la terre est une boule de joie ? », Giono, Mucem / Gallimard, 2019

Lire l'extrait

 


« Cher Jean Giono »

Catalogue d'exposition Giono

Atelier d'écriture en écho à Jean Giono 

Autour des expositions, le Mucem propose des activités pédagogiques pour les élèves accompagnés de leurs enseignants.
Pour l'exposition « Giono », plusieurs extraits de livres de l'écrivain ont été lus et débattus avec les élèves lors d'une visite guidée. À la fin de celle-ci, ils ont été invités à écrire une lettre à Jean Giono pour exprimer leur ressenti.
Une centaine de lettres touchantes et personnelles ont été reçues, puis transmises à Sylvie Giono, la fille de l’auteur, qui a volontiers répondu aux élèves.
Projet réalisé en partenariat avec Le Labo des histoires et les collèges Coin Joli Sévigné, Alexandre Dumas, Jean Giono à Marseille, Les Hauts de l'Arc (Trets) le lycée Montgrand (Marseille), Victor Hugo (Marseille) et l'école Mélina Mercouri (Cadenet)

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Médinathèque

La Médinathèque du Mucem

Regards croisés

Prolongez votre visite au sein de la Médinathèque (niveau 1 du Mucem, bâtiment J4) en visionnant des sujets d’archives en écho à l'exposition « Giono ».
Une proposition conçue par un comité éditorial réunissant des équipes du Mucem et de l’Institut national de l'audiovisuel (Ina).

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Exposition au musée Regards de Provence

« Lucien Jacques, le sourcier de Giono »
Du 30 octobre 2019 au 16 février 2020

—Commissaire de l’exposition : Jean François Chougnet
—Avec le concours de Jacky Michel, président de l’association des Amis de Lucien Jacques

Catalogue d'exposition Giono

On a souvent lu et vu Lucien Jacques (1891-1961) à travers son amitié singulière avec Jean Giono. Cette exposition – qui se déroule en parallèle de l’exposition « Giono » du Mucem – ne peut échapper totalement à ce regard, elle entend pourtant montrer une autonomie de l’oeuvre de Lucien Jacques.
Il s’agit ici de proposer des thèmes permettant de rendre justice à la force et au talent de Lucien Jacques.

 

L’exposition est coproduite par le musée Regards de Provence et le Mucem, avec le concours de l’Association des amis de Lucien Jacques et le soutien de Durance Lubéron Verdon Agglomération (DLVA).

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Informations pratiques


Un billet couplé pour visiter les expositions « Giono » et « Lucien Jacques » est proposé au prix de 11 euros.

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Catalogue d'exposition Lucien Jacques

Catalogue d'exposition


Directeur d’ouvrage : Jean François Chougnet
Avec les textes de Jean Giono et Jacques Prévert, ainsi que les contributions de Jean François Chougnet, Jacky Michel, Jacques Mény, Roger Sailles et Claude Teston.
Coédition Mucem / Actes Sud
Format : 19,6 × 25,5 cm
Nombre de pages: 120
Images : environ 80
Prix : 28 euros
Parution : octobre 2019
ISBN : 9782330128142

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La presse en parle


France info5 janvier 2020
Marseille : une exposition dédiée à Jean Giono au Mucem
« Une belle exposition est consacrée à l'écrivain Jean Giono au Mucem à Marseille (Bouches-du-Rhône). L'occasion de découvrir l'écrivain de Manosque (Alpes-de-Haute-Provence). »

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France culture23 octobre 2019
Giono, le midi en partage
« Jean Giono : quelle force de vie derrière cet écrivain ? Quelles couleurs et quelle noirceur? Emmanuelle Lambert, auteure de "Giono, furioso" (Stock, 2019), et commissaire de l'exposition "Giono" au Mucem, nous parle de l'écrivain au delà de l'image d'Epinal. »

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France 2 8 janvier 2020
Emission Télématin 
Début du reportage : 1h55


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TV5Monde10 décembre 2019
Jean Giono redécouvert grâce à une exposition au Mucem de Marseille
« À Marseille, le Mucem nous fait redécouvrir l’écrivain né à Manosque Jean Giono. Une exposition très fouillée conçue par Emmanuelle Lambert, qui nous dévoile
des aspects parfois sombres de cet auteur.
 »

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26 décembre 2019
Au Mucem, Jean Giono au-delà des clichés
La croix« Cette rétrospective de l’œuvre écrite et filmée de Giono peint le portrait d’un auteur complexe, trop souvent réduit aux clichés provençaux. »


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3 décembre 2019
Jean Giono, au-delà du « malentendu provençal »
L'Humanité« Montrer la complexité, les zones d’ombre et le pessimisme d’un écrivain mal connu, telle est l’ambition de l’exposition qui se tient au Mucem, à Marseille. »


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5 janvier 2020Marianne
Emmanuelle Lambert : « Ramener Jean Giono de l'ombre à la lumière »
« C'est un très beau tir à deux coups déclenché par Emmanuelle Lambert, écrivaine et commissaire d'exposition. Un livre, “Giono, furioso”, et une exposition au Mucem, à Marseille, offrent un retour à l'œuvre d'un géant de la littérature française.
Piégé jeune au milieu de la boue et des morts de la Première Guerre, il aura dévoré la vie. »


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28 novembre 2019Zibeline
Jean Giono, les pieds sur terre et la tête dans les étoiles
« Marseille et le Mucem inaugurent l’année Giono pour le cinquantenaire de sa disparition et célèbrent celui qui a toujours choisi la vie après avoir subi les
atrocités de la guerre 14-18.
 »


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30 octobre 2019la Marseillaise
Au Mucem : Jean Giono, couleurs et noirceurs, violences et beauté
« Le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée à Marseille, restitue les contradictions de l’écrivain Giono, décédé voici cinquante ans. »


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France 3 PACA2 novembre 2019
Exposition au Mucem : Jean Giono, un poète pacifiste né dans le fracas de la guerre
« Giono tente de "s'extirper de cette noirceur par la poésie, la création et la nature", raconte l'auteure de Giono furioso. »


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27 novembre 2019
Giono au Mucem : Laisse parler le Jean
ventilo« Des archives, correspondances, reportages photographiques ou encore des carnets de travail permettent une immersion complète jusque dans les entrailles mêmes de l’écrivain. » 


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Artistes à l'oeuvre


Dans sa nouvelle série Artistes à l'œuvre, le Mucem part à la rencontre d'artistes contemporains qui nous font découvrir leur univers, leur esthétique et le travail qu'ils mènent pour les expositions du Mucem.

 



Parcours de l'exposition

Prologue

Exposition Giono au Mucem, scénographie de Pascal Rodriguez © Francois Deladerriere, Mucem—Installation de Clémentine Mélois, Un cabinet d'amateur (2019)
Exposition Giono au Mucem, scénographie de Pascal Rodriguez © Francois Deladerriere, Mucem—Installation de Clémentine Mélois, Un cabinet d'amateur (2019)
Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © François Deladerrière, Mucem
Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © François Deladerrière, Mucem
Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © François Deladerrière, Mucem
Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © François Deladerrière, Mucem

« Je crois qu’il n’y a rien d’objectif, que tout est subjectif, aussi bien le lecteur que l’auteur, par conséquent, il faut que les deux subjectifs coïncident. À ce moment-là, vous avez créé la vérité. » 

(Jean Giono, Entretiens avec Jean Amrouche et Taos Amrouche)


Conçue par Emmanuelle Lambert, écrivaine et commissaire d’exposition, l’exposition proposée par le Mucem est réalisée avec le concours de l’association des Amis de Jean Giono. Cette dernière est présidée par Jacques Mény, cinéaste, éditeur de Giono, qui assure le conseil scientifique de l’exposition. Programmée du 30 octobre 2019 au 17 février 2020, elle ouvre la série de célébrations du cinquantenaire de la disparition de Jean Giono qui rythmera l’année 2020. Jean Giono est une incarnation de la figure de l’écrivain au XXe siècle. Ses romans et récits, leurs adaptations au cinéma, ses collaborations avec peintres et illustrateurs, ses nombreux entretiens télévisés ou encore son appartenance à l’Académie Goncourt ont fait de lui l’auteur patrimonial par excellence. Souvent portraituré en patriarche de la littérature française, lu et admiré, édité en Pléiade à peine un an après sa mort et enseigné du collège à l’Université, il est aujourd’hui assigné à une postérité sans heurts, précipité de grandeur stylistique et de douceur provençale. Entre cette image d’Épinal et l’œuvre de Giono, il y a pourtant un fossé gigantesque. Tout, depuis ses premiers récits et ses engagements politiques, est traversé chez lui par l’obsession de la violence et des batailles, tout, à commencer par la célébration de la nature et de la simplicité de la vie rurale née du traumatisme de la Première Guerre mondiale, pour laquelle il fut mobilisé à vingt ans. L’échec de la tentative pacifiste, les périodes d’emprisonnement et les suspicions de collaborationnisme lors de la Seconde Guerre mondiale contribueront à leur tour à nourrir une noirceur que l’on retrouve dans les deux périodes nouvelles de son œuvre à partir de l’après-guerre, les Chroniques romanesques et le Cycle du Hussard. 

L’image persistante de Giono en écrivain provençal ou, pour les plus prudents, en « écrivain de la Provence » illustre l’un des attendus vraisemblablement immédiats d’une telle exposition dans un tel lieu – auquel on adjoindra la figure de l’écrivain assis à son bureau manosquin, enveloppé de son plaid, la pipe à la bouche et le parler chantant. Rendre à Giono ce qui lui revient impose la nécessité de se débarrasser de cette idée : le provençalisme, qu’il soit celui de Marcel Pagnol ou de celui de Frédéric Mistral, non seulement est l’une de ses détestations explicitement formulées, mais va également à contresens de ses livres. La Provence de Giono n’existe pas plus que le Sud de Faulkner. Là où ce contresens et son élucidation rejoignent idéalement l’objectif d’une exposition, c’est que Giono rend à la pratique littéraire son dû : rarement un auteur aura démontré de façon si ostentatoire (« le voyageur immobile ») que la littérature est avant tout une pratique double, de lecture et d’écriture, et que la Provence de Giono, graphomane et lecteur boulimique, est ce qui s’articule entre le dehors qui l’entoure et sa bibliothèque – ce qui se voit, se dit et s’écrit.

L’exposition jouera de ces différents a priori et attendus. Ils doivent être pris à contrepied pour qu’elle puisse délivrer ce qu’on est en droit d’attendre d’une proposition littéraire, une lecture : lecture du trajet de l’œuvre, lecture de la figure d’auteur construite par Giono  au fil des années, lecture du processus de création sont autant de pistes que les lectures faites à leur tour par les visiteurs de l’exposition viendront enrichir, nuancer ou déjouer, dans un parcours dont la structure est chronologique, mais à l’intérieur duquel des décrochages pourront intervenir, notamment pour donner toute sa place à la part de l’imaginaire littéraire.

Ce dernier peut difficilement être montré de manière directe ou littérale. Elle est ici prise en charge par quatre artistes qui réalisent une œuvre spécialement conçue pour l’exposition : Jean-Jacques Lebel, dans une installation inaugurale, évoque l’expérience de terreur que fut la guerre de 1914-1918 ; Thu Van Tran, sur la Provence ; Clémentine Mélois, à propos de la bibliothèque intime de Giono ; et le cinéaste Alessandro Comodin, sur ce qui reste, aujourd’hui, des lieux, des plantes et des visages de Giono.

Redonner au conteur virgilien des merveilles provençales, au romancier du retour à Stendhal, la part de chair et d’obscurité sans laquelle sa lumière ne saurait briller : tel est l’objectif de cette exposition, à l’articulation de l’histoire littéraire et de l’expérience créative.

Se retirer du mal (1895-1939)

Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © François Deladerrière, Mucem
Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © François Deladerrière, Mucem
Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © Julie Cohen, Mucem
Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © Julie Cohen, Mucem

« Je ne peux pas oublier la guerre. Je le voudrais. Je passe des fois deux jours ou trois sans y penser, et brusquement, je la revois, je la sens, je l’entends, je la subis encore. Et j’ai peur. »
(Je ne peux pas oublier, 1934)

Jean-Jacques Lebel, La révolte contre l’ignoble, 2019 (installation)

La guerre de 1914-1918 est la matrice d’où sort l’œuvre de Giono, et la tranchée, le lieu d’où un petit jeune homme anonyme s’est extirpé pour devenir l’un des plus grands écrivains du XXe siècle. Faite de terreur et de réparation par l’art, cette expérience est évoquée, dès l’ouverture de l’exposition, par une installation de l’artiste Jean-Jacques Lebel.


« L’intelligence est de se retirer du mal. »
(Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix, 1938)

Lorsqu’il est mobilisé en 1915, Jean Giono a vingt ans. Employé de banque, il a quitté l’école à seize ans pour aider financièrement sa famille, en difficulté, car la santé de son père cordonnier s’affaiblissait. Il lit beaucoup, a une passion pour la poésie et compose de petits textes. Il aime déjà Élise Maurin, qui habitait en face de chez lui à Manosque.

Démobilisé en 1919, il reprend le cours de sa vie à laquelle s’ajoute, de plus en plus, l’écriture. Si Giono minimisait les horreurs de la guerre dans les lettres adressées à sa famille (par ailleurs visées par la censure militaire), son œuvre est parcourue de visions sombres, de catastrophes naturelles et de mises à mort qui en sont la métaphore, et ce dès ses débuts en 1929, avec Colline : Giono écrivain est né dans la tranchée, et il cherche à « se retirer du mal ».

En 1931, il livre enfin son grand roman de la guerre : Le Grand Troupeau, un an avant Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline, lui aussi vétéran de la guerre de 1914-1918. Alors, il est devenu célèbre. Engagé corps et âme dans le militantisme pacifiste, il prône également un retour à des formes de vie rurales s’opposant à la mécanisation et au goût du profit qui ont mené les hommes à leur perte dans ce qu’on appelait « la Grande Guerre ». Son engagement le conduit en prison en 1939, juste après la déclaration de guerre de la France à l’Allemagne.

Jean le Bleu 

« Ce que j’ai à dire je l’écris, le reste c’est zéro. » 
(Journal, 16 janvier 1936)

Cette salle présente une chronologie de la vie de Jean Giono, plusieurs manuscrits originaux ainsi que de très nombreux documents historiques et biographiques.

Né à Manosque, fils de cordonnier et de repasseuse, Giono a décrit son enfance de manière largement romancée dans Jean le Bleu en 1932. Son premier texte connu, Vallorbe, date de ses seize ans. Il l’a écrit au cours d’un séjour chez la sœur de son père. Après l’expérience de la guerre de 1914-1918, Giono suit son désir d’écrire, parallèlement à son emploi à la banque qui lui permet de constituer une première bibliothèque personnelle, nourrie des classiques dont on retrouve l’influence dans tous ses livres. Il quitte son emploi au début des années trente, après le succès de son premier livre.

Les trois premiers romans de Giono – Colline, Un de Baumugnes et Regain – sont connus sous le nom de « Trilogie de Pan ». Il s’agit d’une référence au dieu de la nature chez les Grecs. Pour son entrée en littérature, Giono occupe la place du chantre de l’harmonie entre l’homme et la nature, qui, si on la maltraite, se venge avec fracas. Et qui, si on reprend le cours d’une vie en accord avec l’environnement rural, récompense les hommes par l’abondance, la fertilité et la joie.

Dans les années 1930, Giono poursuit et étend sa veine romanesque, toujours fermement ancrée dans une Provence transformée, loin des clichés régionalistes. La place de l’homme au cœur du monde demeure l’un de ses thèmes de prédilection, ses héros affrontant des épreuves initiatiques face aux éléments déchaînés, et à des hommes dévitalisés qui apprennent à renaître à leur contact, en acceptant la fusion avec la nature.

Louis David fut le grand ami de Giono adolescent. Également d’origine modeste, il nourrissait le même amour que Giono pour l’art et la littérature. Il fut tué pendant la guerre d’une balle dans le ventre. Toute sa vie, Giono a conservé le petit carnet que son ami lui avait offert avant la mobilisation.

Née en 1897 à Manosque, fille d’un artisan coiffeur et d’une couturière, Élise Maurin se fiance avec Jean Giono, son voisin, lors de l’une de ses permissions pendant la guerre de 19141918. Ils se marient en 1920, peu de temps après la mort du père de Giono. Un temps institutrice, Élise, qui a eu deux filles avec Giono (Aline et Sylvie), fut, tout au long de sa vie, son plus grand soutien, que ce soit pour la gestion quotidienne de son œuvre, qu’elle a largement dactylographiée, les aléas de sa vie amoureuse et familiale (elle a recueilli la mère et l’oncle de Giono dans leur vieillesse) ou encore ses deux emprisonnements. Elle est morte au Paraïs à l’âge de cent un ans, en 1998.

Peintre, dessinateur, écrivain et poète, Lucien Jacques a découvert Jean Giono à travers ses poèmes publiés dans la revue La Criée dans les années vingt. C’est par son entremise que Giono est édité par Grasset. Leur amitié durera jusqu’à la mort de Lucien en 1961. Elle est nourrie de collaborations artistiques, d’une abondante correspondance et de liens quasi familiaux.

Giono / Pagnol

Dans cette salle sont projetés plusieurs extraits de films de Marcel Pagnol, adaptés de livres de Jean Giono : Jofroi, Angèle, La Femme du boulanger et Regain. Si Giono n’a pas apprécié les adaptations de Pagnol, au point de lui intenter un procès, ces films qui connurent un grand succès ont contribué à son renom. 

 La paix et la vie 

« Défendre éperdument la paix et la vie. »
(Lettre à Louis Brun, 1935)

Cette salle présente plusieurs manuscrits originaux exposés dans une vitrine centrale. Aux murs, un ensemble de documents historiques et biographiques, dont de nombreux tracts, journaux et documents administratifs, permettent de contextualiser la création et l’engagement des années 1930, où Giono, depuis Manosque, joue un rôle de « professeur d’espérance » pour la jeunesse française et européenne.

Dans les années trente, Giono est célèbre. Ses romans connaissent un écho considérable. À la suite naturelle de l’utopie portée par ses grands livres de fiction, Giono s’engage dans les « rencontres du Contadour » réunissant à neuf reprises une cinquantaine de participants, entre 1935 et 1939, en Haute-Provence. Parallèlement, la situation politique de l’Europe, de plus en plus préoccupante, le pousse dans la voie de l’essai et des écrits pamphlétaires. Pacifiste intégral, Giono s’élève contre le patriotisme et s’explique en 1937 dans une formule polémique : « Pour ma part, j’aime mieux être Allemand vivant que Français mort. » Horrifié par un probable retour de la guerre, il déploie une énergie désespérée pour alerter le public et les dirigeants politiques à travers tracts, pétitions et déclarations dans la presse militante. Lorsque la France déclare la guerre à l’Allemagne, l’échec de Giono, qui voulait « défendre éperdument la paix et la vie », est total. Quelques jours plus tard, son pacifisme lui vaut d’être expédié au fort Saint-Nicolas, la prison militaire de Marseille, où il est détenu deux mois.


 

Retour en enfer (1940-1945)

Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © François Deladerrière, Mucem
Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © François Deladerrière, Mucem
Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © François Deladerrière, Mucem
Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © François Deladerrière, Mucem

« Sans le secours du poète, on ne peut pas connaître le chemin qui délivre des enlacements de l’enfer. »
(Triomphe de la vie, 1941)

Bernard Buffet, L’Enfer de Dante, 1976

Le peintre Bernard Buffet a connu Giono au début des années 1950 grâce à son compagnon Pierre Bergé. Les deux jeunes gens étant devenus très proches de l’écrivain, ils s’installèrent un temps non loin de Manosque, et furent très influencés par son pacifisme radical (Buffet a notamment illustré Recherche de la pureté pour une édition d’art dans les années cinquante). Dans cette série des années 1970, Bernard Buffet livre des variations sur L’Enfer de Dante, l’un des poètes de prédilection de Giono, que ce dernier relit avidement dans les années 1940.


Au début de la Seconde Guerre mondiale, Giono, comme tous ceux qui avaient combattu pendant la guerre de 1914-1918, retourne en enfer. Le militantisme pacifiste, l’utopie du Contadour et les essais qui ouvraient une voie nouvelle sont balayés par le retour de la guerre. Les années d’occupation de la France par l’Allemagne marquent l’une des périodes les plus controversées de sa vie. Il reste une figure en vue, participant à quelques mondanités du Paris occupé, publie des textes littéraires dans la presse collaborationniste et antisémite, se prête au jeu des photographies et des interviews. Parallèlement, il vient en aide à des personnes en danger, Juifs, communistes ou réfractaires au Service du travail obligatoire (STO).

Plus que jamais, et comme ce sera le cas jusqu’à la fin, les recours de Giono sont la lecture, l’amitié et l’évasion dans l’imaginaire, que ce soit à travers la peinture, le travail acharné, notamment sur son théâtre, et le retour à des auteurs comme le poète latin Virgile ou le romancier américain Herman Melville. Mais la réalité politique est sans appel : à la Libération, Giono est à nouveau placé en détention, suspecté d’avoir été collaborateur. La commission de triage des Basses-Alpes mentionne qu’« aucune charge ne pèse » contre lui. Il est néanmoins inscrit sur la liste noire du Conseil national des écrivains en septembre 1944, et ne peut pas publier. L’interdit sera rompu par Jean Paulhan, qui publiera le début d’Un roi sans divertissement en 1947. Mais la suspicion de collaborationnisme a poursuivi Giono jusqu’à aujourd’hui.

Le dossier Giono 

« On n’a plus besoin d’océans terrestres et de monstres valables pour tous ; on a ses propres océans et ses monstres personnels. »
(Pour saluer Melville, 1941)

Sous l’Occupation, Giono continue de publier des textes littéraires dans La Nouvelle Revue française désormais dirigée par Pierre Drieu la Rochelle, accorde des interviews à la presse collaborationniste, et sa pièce de théâtre Le Bout de la route triomphe pendant quatre ans à Paris. Mais c’est sans doute la prépublication du roman Deux cavaliers de l’orage en feuilleton dans La Gerbe, hebdomadaire collaborationniste, antisémite et pronazi, ainsi que le reportage photo pour le magazine de la Wehrmacht Signal qui lui vaudront d’être arrêté à la Libération. L’image d’un Giono collaborateur est pourtant inexacte. Il n’a jamais produit de texte idéologique en faveur du régime, et surtout, il a caché et aidé de nombreuses personnes, qui ont fourni des témoignages écrits en sa faveur. Le « dossier Giono » est donc à l’image de son Journal de l’Occupation : problématique et complexe, constitué d’actes contradictoires. L’amertume dans laquelle le plonge son arrestation de septembre 1944 nourrit la transformation profonde de son œuvre après-guerre, qui prend la forme d’une recherche du bonheur individuel opposé à l’engagement collectif passé.

Au moment de son incarcération au centre de Saint-Vincentles-Forts, Giono rédige à l’intention de la commission chargée d’examiner son cas un document où il liste l’ensemble des soutiens qu’il a apportés aux personnes en danger pendant l’Occupation. Il adresse parallèlement ce même document à quelques-uns de ses amis écrivains résistants. Ces actions sont corroborées par des témoignages écrits, comme celui de Jan Meyerowitz, musicien juif qu’il a caché et aidé à Manosque, ou de Félix Bernard, le père de Roger Bernard, membre du maquis de René Char.

 Espaces intérieurs 

« Les plus pures émotions de ma vie. »
(Virgile, 1943)

Cette salle évoque le rapport de Giono à la lecture et à la redécouverte des classiques, en parallèle avec les quelques œuvres écrites pendant les années 1940. La part de l’intimité et du plaisir de la lecture est évoquée par une installation de l’artiste Clémentine Mélois, entourée de vitrines présentant manuscrits originaux et livres de référence. Un montage photographique recouvre par ailleurs les murs de la salle avec les ouvrages importants issus de la bibliothèque du Paraïs.

Écrivain autodidacte, Giono a quitté l’école jeune et s’est forgé une culture personnelle et intime. Toute sa vie il a acheté des livres, et une grande partie de sa maison du Paraïs, à Manosque, est recouverte de meubles de bibliothèque et d’étagères. Sa passion pour les poètes et les écrivains se traduit dans les influences perceptibles à la lecture de ses propres livres, où l’on trouvera des souvenirs de Don Quichotte aussi bien que de William Faulkner, de La Chartreuse de Parme de Stendhal, qu’il avait dans sa veste au retour de la guerre de 1914-1918, aussi bien que de Virgile, Dante et Homère. Il s’est également emparé de cette culture pour devenir écrivain des autres : parmi ses plus beaux textes, on compte son Virgile (écrit en 1943) et Pour saluer Melville (1941), en hommage à l’auteur de Moby Dick qu’il avait traduit en 1939 en compagnie de Lucien Jacques et de Joan Smith, une amie anglaise. Il poursuivra l’exercice après-guerre, notamment avec sa préface à la correspondance de Machiavel, « Monsieur Machiavel ou le cœur humain dévoilé ».

Hors du monde

Cette salle présente une plongée dans le rituel d’écriture de Giono : ses nombreux carnets de travail, intégralement exposés, sont entourés d’un accrochage de très nombreuses œuvres offertes par ses amis peintres.

Élise Giono et ses filles, les amis de passage à la maison, les visiteurs occasionnels, les entretiens de Giono ainsi que son journal fournissent tous le même témoignage : la vie quotidienne du Paraïs se déroulait au rythme des séances d’écriture de Giono, qui fit aménager les lieux pour étendre toujours plus le domaine de son bureau et de sa bibliothèque. Ce travailleur acharné a produit une œuvre très vaste. Il consignait ses idées, plans et projections dans des petits carnets à spirale, préalables aux beaux manuscrits rédigés à l’encre, d’une écriture régulière, qu’il a presque tous soigneusement conservés. Entouré des œuvres de ses nombreux amis peintres (Ambrogiani, Buffet, Berger, Fiorio, Jacques, Parsus, Soutter…), le rituel d’écriture de Giono est à la fois ancré dans la vie la plus matérielle, et comme retiré hors du monde, dans les joies et les peines de la vie imaginaire.

Giono lit comme il respire. Écrivain populaire et styliste hors pair, auteur d’une œuvre à l’articulation de la culture commune et de la culture savante, il a fait siennes les grandes références de l’histoire des arts, littérature et peinture en premier lieu. Pour aborder ce rapport intime, fait de plaisir et de ressassement, l’artiste Clémentine Mélois propose une évocation ludique et poétique de sa bibliothèque et des œuvres qui structurent son imaginaire.

 

« Des objets d'art dans les musées »

Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © François Deladerrière, Mucem
Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © François Deladerrière, Mucem
Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © François Deladerrière, Mucem
Giono, Scénographie, Pascal Rodriguez, Octobre 2019 © François Deladerrière, Mucem

« Il ne s’arrêtera plus que pour mourir. »
(Le Déserteur, 1966)

Six ans avant sa mort, Giono est sollicité par l’éditeur suisse René Creux qui vient de découvrir l’œuvre d’un peintre mystérieux ayant vécu au XIXe siècle, dans le canton du Valais où il était surnommé « le Déserteur ». Auteur de centaines de modestes portraits ressemblant à des ex-voto, Charles-Frédéric Brun offre à Giono la figure d’un de ses derniers livres, en retrait des luttes et de la vie.

Après l’échec cuisant de son engagement politique, ses deux emprisonnements, et l’interdiction de publication qui le frappe à la Libération, Giono déserte le terrain qui était celui de son œuvre avant-guerre et réinvente tout, pour revenir en pleine lumière et ne plus en partir. Désormais, il regarde les hommes comme de loin, depuis un surplomb dans le temps et dans l’espace (« Il ne s’intéressait plus aux hommes que comme à des objets d’art dans les musées », écrit-il dans Le Bonheur fou en 1957). Ce renouvellement de son œuvre passe par trois grande voies : celle des Chroniques romanesques, une suite de romans et récits durs, marqués par le fait-divers, et dont le livre le plus emblématique est Un roi sans divertissement ; celle du Cycle du Hussard, projetée dans le passé, entrecroisant les péripéties entre l’Italie et la France. Et enfin, celle du cinéma, qui occupe un Giono à la fois producteur, scénariste et réalisateur. Lorsqu’il meurt chez lui, dans la nuit du 8 au 9 octobre 1970, Giono est redevenu ce qu’il était à ses débuts : un écrivain prolifique et acclamé.

Ce changement de manière dans la création est signifié par un changement radical dans la scénographie de l’exposition. Il n’y a plus à proprement parler de « salle », mais plutôt des moments à l’intérieur d’un colimaçon où tout s’entremêle ; la troisième et dernière partie de l’exposition est un cercle qui tresse les trois fils de la création de Giono après-guerre : cinéma, Chroniques romanesques et Cycle du Hussard. 

Images

Les murs sont tapissés d’un montage graphique évoquant la prolifération créative autour du cinéma, et les films de Giono, projetés sur grand écran, guident la progression du visiteur dans le couloir central. 

C’est à la faveur d’une commande d’Électricité de France que Giono, qui sort d’un travail littéraire intense, se tourne vers le cinéma. L’Eau vive devait être à l’origine un documentaire sur la construction du barrage de Serre-Ponçon, dans le sud des Alpes françaises. Il est transformé en un film réalisé par François Villiers, projeté au Festival de Cannes en 1958. Giono crée quelque temps plus tard sa société de production, et réalise lui-même Crésus (1960), avec Fernandel. Il confiera l’adaptation d’Un roi sans divertissement, qui lui a demandé un travail considérable de reprise de son roman, au réalisateur François Leterrier. De même que le livre est l’un de ses chefs-d’œuvre incontestés, le film, sorti en 1963, est l’une des plus belles réalisations du cinéma de Giono, nourri d’un travail d’écriture colossal, et d’un imaginaire ancré dans la peinture, particulièrement celle de Bruegel, l’un des peintres qui l’ont le plus influencé.

Chroniques

Sombres et impitoyables, les romans du cycle des Chroniques romanesques sont une lecture au scalpel de l’âme humaine. Nourri de ses lectures de Machiavel et de Faulkner en premier lieu, Giono offre un tableau sans pitié des rapports humains. Ils sont articulés autour des notions de crime, d’avidité et d’ennui (ainsi le titre de son chef-d’œuvre est-il emprunté à Pascal : « Un roi sans divertissement est un homme plein de misère »). Son goût pour la noirceur et le fait-divers trouve un autre lieu d’expression lorsque le magazine Arts lui demande, en 1954, de couvrir le procès de Gaston Dominici à Digne, qui passionne alors la France entière : dans le vieil homme accusé de meurtre, Giono retrouve « ses » paysans. Deux ans plus tôt, Orson Welles se trouvait également à Digne pour réaliser un documentaire sur l’affaire, demeuré inachevé. Des extraits en sont projetés en regard du manuscrit des Notes sur l’affaire Dominici de Giono.

Légendes

La figure d’Angelo Pardi, qui donne naissance aux romans du Cycle du Hussard, est apparue à Giono dès 1945. Il lui offre le prétexte d’une saga, d’abord conçue comme un long cycle de dix livres jouant entre les époques et les pays, du XIXe siècle du grand-père au XXe siècle de son petit-fils, en suivant les aventures de ses héros entre la France et l’Italie. D’abord explorée dans Mort d’un personnage, cette veine romanesque héritée de Stendhal vaut à Giono de reconquérir ses lecteurs avec la publication du Hussard sur le toit en 1951, puis Le Bonheur fou. L’intérêt constant de Giono pour l’histoire se traduit également avec la publication de son seul livre dans une collection historique, Le Désastre de Pavie – et là encore il retrouve l’Italie, cette fois-ci à la Renaissance, avec la grande bataille qui opposa François 1er et Charles Quint. Il s’en explique dans un entretien de 1963 avec Pierre Dumayet.

Ces deux vitrines enserrent une salle de projection où sera diffusée la commande d’artiste passée au cinéaste Alessandro Comodin. Après un salut à l’adaptation du Hussard sur le toit de Jean-Paul Rappeneau (1995), dont un extrait est diffusé sur grand écran à la fin du couloir central, la visite se clôt par une ouverture : celle sur le film d’animation de Frédéric Back, L’Homme qui plantait des arbres, adapté du conte de Giono en 1987 et projeté dans son intégralité.


 


 


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