Livre - Une histoire populaire de la France

944 NOI

Description

Livre

Agone

Noiriel Gérard 1950 - ...

Presentation materielle : 1 vol. (829 p.)

Dimensions : 21 cm

En 1841, dans son discours de réception à l’Académie française, Victor Hugo avait évoqué la « populace » pour désigner le peuple des quartiers pauvres de Paris. Vinçard ayant vigoureusement protesté dans un article de La Ruche populaire, Hugo fut très embarrassé. Il prit conscience à ce moment-là qu’il avait des lecteurs dans les milieux populaires et que ceux-ci se sentaient humiliés par son vocabulaire dévalorisant. Progressivement le mot « misérable », qu’il utilisait au début de ses romans pour décrire les criminels, changea de sens et désigna le petit peuple des malheureux. Le même glissement de sens se retrouve dans Les Mystères de Paris d’Eugène Sue. Grâce au courrier volumineux que lui adressèrent ses lecteurs des classes populaires, Eugène Sue découvrit les réalités du monde social qu’il évoquait dans son roman. L’ancien légitimiste se transforma ainsi en porte-parole des milieux populaires. Le petit peuple de Paris cessa alors d’être décrit comme une race pour devenir une classe sociale. La France, c’est ici l’ensemble des territoires (colonies comprises) qui ont été placés, à un moment ou un autre, sous la coupe de l’État français. Dans cette somme, l’auteur a voulu éclairer la place et le rôle du peuple dans tous les grands événements et les grandes luttes qui ont scandé son histoire depuis la fin du Moyen Âge : les guerres, l’affirmation de l’État, les révoltes et les révolutions, les mutations économiques et les crises, l’esclavage et la colonisation, les migrations, les questions sociale et nationale. Historien du monde ouvrier, de l’immigration et de la question nationale en France, Gérard Noiriel livre avec cette Histoire populaire de la France la synthèse de toute une vie de recherches et d’engagements.

AVANT-PROPOS, p. 7 I. POURQUOI JEANNE D’ARC MALGRÉ TOUT ?, p. 13 Nos ancêtres furent des migrants, p. 16 L’esclavage fut pendant près de mille ans la forme dominante d’exploitation des classes populaires en Europe, p. 21 La féodalité s’imposa à partir du xie siècle comme un nouveau mode de domination de l’homme par l’homme, p. 24 Les seigneurs de l’Île-de-France imposèrent progressivement leur domination sur un vaste territoire qui devint le royaume capétien, p. 29 La guerre de Cent Ans mit en péril la construction de l’État capétien, p. 34 La crise transforma les représentations dominantes de la pauvreté, p. 37 C’est la naissance de l’impôt royal qui fabriqua le peuple français en tant que communauté d’individus assujettis à l’État, p. 40 L’épopée de Jeanne d’Arc montra ce qui arrive au peuple quand il se porte au secours des puissants, p. 45 II. DIRE SA SOUFFRANCE AU NOM DE DIEU, p. 59 La redécouverte de l’imprimerie par les Européens fut le point de départ d’une révolution de la communication à distance dont profita la Réforme, p. 61 En Alsace, les paysans et les artisans s’approprièrent la critique luthérienne pour combattre l’exploitation dont ils étaient victimes, p. 65 En France, le pouvoir royal réussit, dans un premier temps, à réprimer efficacement les dissidences religieuses, p. 71 La politisation de la question religieuse et ses effets sur les classes populaires, p. 79 Le peuple français accepta finalement de se soumettre au pouvoir souverain de l’État royal pour mettre fin aux atrocités de la guerre civile, p. 88 III. DANS L’OMBRE DE JUPITER, p. 101 Le cardinal de Richelieu imposa la « raison d’État » à tous les Français, p. 103 Les classes populaires se révoltèrent massivement contre le tour de vis fiscal, p. 109 La Fronde fut la dernière tentative des aristocrates pour échapper à la souveraineté de l’État royal, p. 113 La monarchie administrative s’imposa grâce à Colbert, p. 116 L’invention de la « société de cour » permit à Louis XIV d’imposer son pouvoir sur la noblesse et la grande bourgeoisie, p. 126 C’est la surexploitation des classes populaires qui permit à Louis XIV de se prendre pour le « Roi Soleil », p. 133 IV. CODES NOIRS, p. 145 Le pouvoir colonial tenta d’abord d’imposer une condition servile à des travailleurs pauvres recrutés en métropole, p. 147 Avec le développement de la traite atlantique, l’esclavage devint la forme extrême de l’exploitation des classes populaires, p. 154 La domination coloniale donna progressivement naissance à une nouvelle classe de travailleurs, p. 161 La catégorisation de la couleur de peau fut un moyen de renforcer la domination de l’élite coloniale, p. 167 Les résistances collectives des « nègres marrons » obligèrent le pouvoir colonial à perfectionner l’art de gouverner les esclaves, p. 173 Dès le XVIIIe siècle, plusieurs milliers d’esclaves émigrèrent en métropole et se fondirent dans la population française, p. 180 V. LIBERTÉ, QUAND TU NOUS TIENS…, p. 187 Les « fils invisibles » du capitalisme, p. 189 L’identification des personnes s’imposa peu à peu comme une nouvelle relation de pouvoir, p. 195 La sociabilité populaire fut un obstacle qui entrava le développement de la domination à distance, p. 205 Dans les années 1750–1760, l’émergence d’un nouvel « espace public » bouleversa la position du peuple sur la scène politique, p. 216 L’émancipation des classes populaires : un processus contradictoire, p. 223 La « guerre des farines » fut le premier grand combat collectif contre le libéralisme, p. 230 VI. L’INVENTION DE LA CITOYENNETÉ, p. 235 Doléances populaires, p. 236 L’apprentissage de la démocratie par le bas, p. 245 Vers la République, p. 251 Robespierre et la sacralisation du peuple souverain, p. 258 Mourir pour la patrie, p. 263 VII. CHAPEAU BAS DEVANT LA CASQUETTE, p. 281 « Vivre en travaillant, mourir en combattant », p. 282 La découverte du prolétariat, p. 292 Un monde sans protection, p. 303 En France, la classe cultivée ne s’intéressa que tardivement au principe des nationalités, p. 311 Le printemps des travailleurs, p. 316 VIII. LES USINES À LA CAMPAGNE !, p. 327 Les paysans sont-ils des hommes comme les autres ?, p. 328 La pluri-activité : un compromis de classe 336 Des relations de pouvoir fondées sur le modèle domestique, p. 348 Le tournant libéral des années 1860, p. 356 Le retour de la classe ouvrière, p. 361 IX. LA NATIONALISATION DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE, p. 367 La Commune de Paris ou l’ultime sursaut de la citoyenneté par les armes, p. 368 L’intégration des classes populaires au sein de l’État républicain, p. 372 La fait-diversion de l’actualité, p. 382 Une crise de civilisation, p. 390 La protection nationale comme solution de la « question sociale », p. 397 X. « LE DEVOIR DE LA RACE », p. 411 La conquête de l’Algérie, p. 412 Le tournant de 1885, p. 420 La fabrication des « indigènes », p. 426 Les voies diverses de la résistance, p. 438 XI. LA GUERRE PLUTÔT QUE LA RÉVOLUTION, p. 447 Genèse d’une nouvelle identité ouvrière, p. 448 Genèse et enjeux de l’affaire Dreyfus, p. 461 La bipolarisation de la vie politique française : la droite nationale-sécuritaire contre la gauche sociale-humanitaire, p. 470 Le premier tournant sécuritaire de la IIIe République, p. 480 Le fatal engrenage, p. 492 XII. CLASSE CONTRE CLASSE, p. 495 « Bleu horizon », p. 497 La fabrication silencieuse d’un nouveau prolétariat, p. 502 La crise des années 1930, p. 516 La radicalisation des droites, p. 521 La crise des années 1930 contribua aussi à exacerber les contradictions de l’empire colonial, p. 529 La parenthèse du Front populaire, p. 534 La politisation des origines comme réponse à la lutte des classes, p. 540 XIII. LE PEUPLE « INDÉSIRABLE », p. 547 La conception républicaine de l’assimilation des étrangers, p. 549 « La revanche des patrons », p. 559 Traquer les « indésirables », p. 567 La Charte du travail, p. 577 Le basculement de 1942, p. 580 Les voies multiples de la Résistance, p. 584 XIV. LE DROIT D’AVOIR DES DROITS, p. 593 La mise en place du compromis keynésien, p. 594 Les séquelles de Vichy, p. 604 L’intensification de la lutte des classes pendant la guerre froide, p. 609 La génération singulière, p. 615 La décolonisation de gré ou de force, p. 622 La parenthèse (vite refermée) d’une France multinationale, p. 634 XV. « ON A RAISON DE SE RÉVOLTER », p. 639 Une société bouleversée, p. 640 Balance ton corps, p. 646 Les événements de mai-juin 1968, p. 654 L’émergence des « nouveaux mouvements sociaux », p. 663 Comment reprendre d’une main ce qu’on a concédé de l’autre ?, p. 671 XVI. LA DERNIÈRE NUIT DES PROLÉTAIRES, p. 687 La mondialisation des échanges et l’extension des chaînes d’interdépendance, p. 688 Le travail en crise, p. 695 Quand la gauche se replie sur la politisation des origines, p. 706 Naissance d’une démocratie sécuritaire, p. 721 Changer le nom du peuple à défaut de le dissoudre, p. 728 CONCLUSION : DE QUEL AVENIR MACRON EST-IL LE NOM ?, p. 733 Un usage public de l’histoire au service du libéralisme, p. 734 Premier bilan, p. 739 « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous » ?, p. 745 BIBLIOGRAPHIE, p. 751 DU MÊME AUTEUR, p. 781 INDEX GÉNÉRAL, p. 783

Bibliogr. p. [751]-779. Index