Boris Charmatz artiste invité Mucem © Gabriel Popoff, Mucem

Boris Charmatz artiste invité Mucem © Gabriel Popoff, Mucem

Boris Charmatz, artiste invité

Le Mucem invite le chorégraphe Boris Charmatz pour la saison 2018-19

Le Mucem s’efforce d’associer depuis son ouverture les points de vue sensibles et contemporains des artistes. Il s'agit de proposer des regards singuliers, personnels et engagés, qui contribuent à nourrir les débats sur des questions souvent complexes.

Pour la saison 2018-2019, le Mucem a adressé une invitation au chorégraphe Boris Charmatz (né en 1973), chef de file d'une appréhension de la danse à la fois conceptuelle et accessible : fort de son expérience de 10 ans du Musée de la danse (Centre chorégraphique national de Rennes), qu’il quitte en décembre 2018, il mettra la danse, du geste à la chorégraphie, à l'ordre du jour du Mucem : des collections à l'exploration du fort Saint-Jean et du bâtiment du J4. Le public est ainsi invité à le retrouver tout au long de la saison, au travers de plusieurs rendez-vous, comme spectateurs mais aussi comme acteurs et participants, une constante dans le travail de Boris Charmatz. Le Mucem poursuit, par son invitation, son partenariat avec Marseille Objectif Danse et avec le Festival de Marseille.

Entretien avec Boris Charmatz, danseur et chorégraphe

 

Mucem (M.)

Vous êtes artiste invité au Mucem pour la saison 2018-2019. Quel peut être le rôle d’un danseur au sein d’un musée ?

 

Boris Charmatz (B. C.)

Les danseurs sont de plus en plus présents dans les musées, de mille et une manières. Les musées d’aujourd’hui se posent la question du mouvement, des idées, de la vie des lieux en rapport avec la présence des publics, et l’art de la danse permet de poser les questions de muséologie et de collection autrement. Par exemple, la mémoire dans le champ de la danse fonctionne de manière toute autre que dans l’histoire des objets. Je dois dire aussi que le danseur rend certaines frontières perméables : il peut être à la fois un guide, un artiste, une oeuvre vivante, un anonyme parmi les visiteurs…

M.

Que vous évoque le Mucem plus spécifiquement ? Quel type de projet allez-vous proposer durant cette saison ?

B. C.

Nous interviendrons à plusieurs reprises. D’une certaine manière, cela a déjà commencé avec la présentation en juillet dernier du spectacle 10 000 gestes sur la place du fort Saint-Jean. En novembre, je viendrai pour une première journée publique avec des films, une improvisation avec Mederic Collignon (un extraordinaire musicien sauvage) et une table ronde. On y posera justement la question du musée des gestes, des collections éphémères, de comment regarder le Mucem avec ces lunettes dansantes. Nous participons ensuite à la grande exposition « On danse ? » au début 2019, en organisant un Studio de danse dans lequel tout le monde pourra s’essayer au mouvement, avec des binômes d’artistes marseillais et invités. Nous danserons aussi, en partenariat avec Marseille Objectif Danse, le spectacle danse de nuit. Puis nous terminerons la saison avec un projet « muséal » emblématique : 20 danseurs pour le XXe siècle, au Mucem bien sûr, en partenariat avec le festival de Marseille. J’espère n’avoir rien oublié, car le programme est copieux !

M.

Connaissez-vous Marseille ? En quoi la ville peut-elle constituer pour vous une source d’inspiration ?

B. C.

Je connais mal Marseille. La ville est extrêmement contrastée : les danseurs de 10 000 gestes, quand ils sont arrivés vers la mer et les perspectives saisissantes qu’offre la ville aujourd’hui, n’en sont pas revenus. C’est aussi une ville populaire et vivante, qui fait peur à qui ne sait l’apprivoiser ! Cette invitation du Mucem est très stimulante : cela me fait extrêmement plaisir de regarder pendant une saison ce que nous pourrons faire ici ensemble.